Année B
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24° dimanche du Temps Ordinaire
                 
 
Il y a quelques semaines, les disciples de Jésus, après son enseignement dans la synagogue de Nazareth, sont choqués par les paroles de Jésus : « que cette parole est rude, qui peut l’entendre ? » Aujourd’hui, Jésus s’adresse en particulier à ses apôtres, ceux qu’il a choisis, ne pourrait-il pas, eux aussi, reprendre cette phrase à leur compte ?
Tout commence par la question de Jésus : « pour les hommes qui suis-je ? » vient la réponse de ce que les apôtres ont entendu… ressentant une certaine distance Jésus les interpelle : « Et pour vous ? Qui suis-je ? » Pierre prenant la parole au nom de tous à cette fulgurance « tu es le Christ ! » Par cette parole de croyant, les apôtres reconnaissent leur maître comme le fils de Dieu, l’envoyé, le SAUVEUR ! Annoncé depuis des siècles il vient délivrer le peuple. Si Jésus confirme cette vérité, il annonce aussi, ce qu’il va vivre : sa Passion, sa mort et sa résurrection. Pierre, ardent et incisif, reprend Jésus : «ça ne se peut pas...tuer le Sauveur, l’Envoyé ! Comment le Fils de Dieu, pourrait-il mourir ? Comment nous libérer si tu meures ? » «Passe derrière moi Satan ! » S’entend-il répondre.
Pourquoi ? Mais parce que comme beaucoup d’entre nous Pierre réagit spontanément. Si Jésus est notre modèle, Pierre est une image de nous. Comme lui, pris par l’immédiateté, nous réagissons précipitamment en humain, nous appuyant sur notre force, notre volonté, notre réflexion oubliant la foi qui nous habite, oubliant que nous sommes d’abord un enfant de Dieu empli de son Esprit. Mais aujourd’hui cette parole est tellement difficile à entendre ! Impossible d’imaginer un futur libre, radieux, joyeux, avec un sauveur mort ! Où donc est-ce Dieu vainqueur de la mort si lui-même est le sacrifié ? Et nous, comme Pierre, aveuglés par notre détresse, n’oublions-nous pas d’appeler cet Esprit pour nous guider? N’oublions-nous pas de lui rendre la confiance qu’il nous fait.
Non seulement Jésus affirme qu’il doit mourir mais il ajoute : « celui qui veut marcher à ma suite qu’il prenne sa croix. Qui perd sa vie à cause de moi et de l’évangile la sauvera. » Si ses apôtres ont répondu oui à l’appel de Jésus à le suivre, ils doivent, maintenant, faire le deuil d’un Dieu tout-puissant, d’une espérance, d’un Messie qui rétablirait une royauté divine qu’ils pensaient à l’image d’une royauté humaine impérieuse, contraignante, dominatrice … à l’opposé de celle que promet Jésus, venu non pour être servi mais pour servir. Servir non par obligation ou devoir mais par amour. Un amour fraternel et filial qui se tourne sans arrêt vers celui qui l’a envoyé nous dire, nous montrer, que nous sommes aimés, toujours aimés, infiniment aimés et sauvés par amour. Fils de Dieu et entièrement homme, Jésus le Christ, notre modèle dans l’amour gratuit et total, offre sa vie comme du bon pain, son sang comme le vin de la fête. Par sa vie et par la vie de ceux et celles qui le suivent sur le chemin du don ultime, le monde est transfiguré. Ils font avancer ce monde morose, souvent violent vers la paix, la rédemption et la joie infinie.
Offrir sa vie… il ne s’agit pas de ne vivre que le martyre, de mourir par le sang pour témoigner de notre foi, de notre appartenance à la famille de Dieu. Comme Jésus, certains le font et ce sont des modèles. Maximilien Kolbe offrant sa vie aux SS pour épargner un père de famille, Mgr Romero criblé de balles pour son engagement envers les plus pauvres, Martin Luther King qui a rêvé d’un pays fraternel, des chrétiens d’Irak et de tous ces pays en guerre assassinés pour leur foi… des modèles. Il y a aussi tous ces inconnus, humbles qui restent anonymes et discrets mais qui témoignent avec force et conviction d’un amour infiniment créateur :
−    Le père ou la mère de famille migrant portant à bout de force leurs enfants fragilisés
−    ces enfants adultes s’occupant chaque jour de leurs parents vieillissants
−    Le responsable d’une association de réinsertion sociale dans un quartier difficile
−    Le président d’une association sportive accueillant gratuitement des enfants et des adultes en précarité
Tous, au service par amour de l’humanité, répondent à la lettre de Jacques et montrent leur foi en l’homme, leur foi en Dieu pour les croyants par leurs actes et leurs engagements. Ils font grandir la vie par leur propre vie qu’ils offrent. Ces croyants qui s’inscrivent à la suite de Jésus, peuvent reconnaitre, comme Isaïe, que le Seigneur est notre secours, notre Salut et que, si nous le prions il nous accompagne sur nos chemins d’humanité et dans tous nos chemins de foi.
Il est vrai qu’elle est rude cette parole : que ce soit à Nazareth, à Césarée, ici aujourd’hui ou au milieu de notre monde, elle est rude à entendre… il faut que certains d’entre nous, nos frères, perde leur vie en l’offrant pour que l’on se souvienne de la dimension universelle et destructrice du mal mais aussi, et surtout, que l’on prenne conscience de la puissance infinie intemporelle et créatrice de l’amour offert à chaque personne quel qu’elle soit !
Jésus, le fils du Dieu créateur, venu comme un frère, offre sa vie pour notre salut. Pas celui que j’imagine avec mes limites mais celui de l’infini de l’amour gratuit donné pour la Vie éternelle tournée vers l’autre et le Tout Autre, Notre Père et Notre Dieu créateur… par amour.


Patrick DOUEZ, diacre permanent
16 Septembre 2018


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