Année B
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Is 35, 4-7a ; Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10 ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37
Les lectures d’aujourd’hui nous parle de la vie : quotidienne… avec ses
joies et ses peines, nos activités, nos choix, nos regards, nos
jugements…vie de foi avec Jésus et vie en Dieu. Tous ces moments qui
semblent parfois isolés, éloignés mais qui, ensemble, fondent ce qu’est
notre vie, ce qui est pleinement LA vie.
Dans l’évangile Jésus marche entre le Tyr et Sidon, en terre étrangère,
occupée et colonisée par Rome donc en partie païenne. Ce qui m’étonne,
ce qui me touche, c’est la délicatesse de l’accueil de Jésus pour
chaque personne fragile, blessée, handicapée, exclue même en terre
étrangère. Et Il va aller plus loin que ce que les gens lui demandent !
Dans un lieu, à l’écart, dans un face-à-face ajusté, avec les gestes
appropriés, il va donner à cet homme, ce sourd presque muet, par
l’action de Dieu dans l’Esprit de Vie appelé par Jésus, il va donner à
cet homme de retrouver l’ouïe et la parole. Et bien plus que cela !
Retrouver une vie sociale, une vie avec les autres, ensemble. À cette
époque, toute personne porteuse du handicap de naissance, atteinte de
maladies psychique ou physique était écartée de la société parce que
considérée comme impure. Souvenez vous ; lorsque Jésus guérit un
aveugle, ses apôtres, eux-mêmes, lui demandent : « qui a péché ? Est-ce
lui ou ses parents ?» à l’époque, toute imperfection ne peut venir que
d’un acte ou d’une pensée répréhensible et donc puni par Dieu. C’était
il y a bien longtemps… mais ne nous faisons pas d’illusion bien des
personnes, sans se l’avouer, pensent encore comme cela ! Quel dommage
d’imaginer le pur amour punissant le malade !
Cet homme donc, exclu de la vie sociale et en partie religieuse, par
Jésus le Sauveur, va retrouver une vie pleine et entière avec les
autres et tout ce qu’on peut imaginer : cris, joie, rires en partageant
avec tous cette merveille « Jésus fait entendre les sourds et parler
les muets ». C’était annoncé dans la Torah ! Le livre d’Isaïe en donne
une image éclatante : c’est Dieu lui-même qui agit pour qui le lui
demande en vérité, dans une foi profonde. « Les yeux des aveugles, les
oreilles des sourds s’ouvrent, les boiteux bondissent, les muets crient
de joie… » Tout est possible à l’amour de Dieu venu, en Jésus Christ
guérir et sauver les hommes ! Mais si tout est possible c’est aussi
parce que la demande s’accompagne d’une démarche de foi telle que vont
la vivre Jésus et cet homme. Présenté à Jésus, ce sourd va se laisser
faire, se laisser totalement faire par Jésus qui, dans la discrétion de
sa prière, appelle sur lui l’Esprit Saint pour qu’il soit sauvé de sa
maladie, libéré de son carcan et de son exclusion.
La lettre de Jacques nous interpelle aussi sur notre propre vie. Quel
est mon regard face à la différence ? Faut-il que les femmes et les
hommes soient tous tels que je le voudrais ? Tels que la société juge
la normalité, le bien, le beau ? Quelle place laissons-nous dans notre
vie, dans notre cœur, au plus fragile, au plus vulnérable ? à la
personne différente qui va peut-être déranger notre assemblée
dominicale parce qu’elle se déplace sans cesse ou parce qu’elle parle
trop fort ? Comment je laisse à chacune, à chacun, sans juger, la grâce
de découvrir, avec moi, l’amour de Jésus et notre amour fraternel ici,
mais aussi hors de ces murs ? Comment je donne à ceux qui n’ont pas la
même culture, les mêmes pratiques sociales ou religieuses de connaître
ensemble la joie une vraie rencontre ? La joie de vivre en paix dans un
vrai logement ? Pour que chacun, moi y compris, reconnaisse notre
unique et commune et dignité : celle des enfants de Dieu appelés à
s’aimer et à vivre ensemble ?
Une vie de foi ? Parfois, on peut se reconnaître dans ces personnes qui
amènent ce sourd à Jésus. Ils ont confiance et foi en Jésus mais
exigent qu’il lui impose les mains. Dans mes rencontres avec Dieu dans
ma prière, ne suis-je pas, parfois, comme ces hommes ? Conseiller Dieu
dans ce que j’aimerais qu’il fasse, dans ce que j’aimerais qu’il se
passe ?
À l’image de Jésus, ma foi doit être forte, entière mais totalement
gratuite. Laissons l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’amour et de vie, agir
tel qu’il veut, tel qu’il le doit. Ma seule demande c’est son secours !
Secours pour moi, pour mieux accueillir, mieux accompagner, mieux
comprendre, m’aider à repousser mes jugements, mon orgueil... Son
secours pour tout ceux qui en ont tant besoin, blessés dans leur corps,
dans leur coeur, pris dans les engrenages le la violence, de la guerre
ou pressés par le désespoir et la désespérance mais aussi tous ceux
présentés par mon cœur ouvert.
À l’image de Jésus, accueillir mon prochain dans sa différence, me
laisser accueillir par lui et prier avec lui pour que l’Esprit de Vie
vienne ouvrir nos cœurs à la joie de se savoir aimé. EFFATA… Ouvre-toi !
EFFATA… Ouvre-toi à la Parole !
EFFATA… Ouvre-toi à la différence !
EFFATA… Ouvre-toi à l’amour inconditionnel de Dieu !
Patrick DOUEZ, diacre permanent
5 septembre 2021
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