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Is 35, 4-7a ; Ps145, 7, 8, 9ab.10b ; Jc 2, 1-5 ; Mc 7, 31-37

          Ça y est, c’est reparti. C’est la rentrée ! Pour les enfants bien sûr, et pour leurs parents ; pour les enseignants, mais aussi finalement pour la plupart d’entre-nous, dont les activités de toutes sortes reprennent après cette parenthèse de l’été. Ce temps de rentrée revient chaque année pour nous rappeler que nous ne sommes pas faits pour rester en dilettante, entre-soi, dans notre petit cocon familial, les doigts de pied en éventail… Nous ne vivons pas hors du monde, mais bien dans le monde. Et le monde a besoin de nous. Les activités que nous allons reprendre, dans le monde du travail, dans le milieu associatif, dans les paroisses, que ce soit avec appréhension ou avec enthousiasme, vont à nouveau nous pousser à nous impliquer dans les réalités de l’humanité qui nous interpelle. La vraie vie, quoi !
Ce temps de reprise est aussi, justement, celui où la liturgie nous propose d’interroger nos activités, avant de les redémarrer. Interroger nos habitudes, nos engagements, nos certitudes, avec un regard renouvelé, un regard neuf. Un regard qui prend en compte la présence du Christ dans notre quotidien ; le regard de Dieu qui considère chacun comme son enfant, quelle que soit sa condition et sa place dans la société.
Car il est question, dans les textes d’aujourd’hui, d’accueillir la nouveauté qui nous est annoncée, cette nouveauté bouleversante qu’est la venue de Dieu, c’est-à-dire notre salut.
Par la bouche d’Isaïe, d’abord. C’est la première lecture.
        Le salut que Dieu nous offre se manifeste par des inversions radicales : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes. » Toutes ces inversions de valeurs nous parlent des conséquences de la venue de Dieu dans notre monde. Et elles sont toutes positives ! Comme si d’un seul coup le mal se changeait en bien. Avec la venue de Dieu dans notre vie, rien ne sera plus comme avant. Ce qui était négatif sera remplacé par du positif. Tout ce qui était souffrance, difficulté, tristesse, deviendra consolation et joie. Vivement ce moment ! Quand donc arrivera-t-il enfin ? L’espérance à laquelle nous sommes ainsi appelés pourrait laisser place à l’impatience, puis à l’incrédulité, puis, parfois, à la résignation…
        On retrouve la même annonce, mais cette fois-ci au présent, dans le psaume 145 : « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés… »
Le message nous est ici délivré au présent. Du coup, on ne le reçoit pas du tout de la même manière ! En effet, cette action salvatrice de Dieu, il ne faut pas la comprendre comme un événement qui arriverait à la fin des temps (« Vivement ce moment ! Quand donc arrivera-t-il enfin ? »). Sinon dans ce cas, nous serions simplement en attente, passivement, impuissants, à subir les événements douloureux du présent, incapables d’avoir prise sur eux. Inutile même d’essayer… Il nous serait seulement possible de garder l’espoir d’un jour qui arrivera, peut-être, mais dans très longtemps, où Dieu viendra remettre un peu d’ordre dans notre monde… un jour, peut-être…
Mais au contraire, cet emploi du présent nous stimule, nous encourage. Même si l’acteur, c’est le Seigneur : « le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, redresse les accablés, donne le pain aux affamés, … » cette annonce nous dit que ce temps du salut n’est pas inaccessible, lointain, incertain, et que nous avons notre rôle à jouer. C’est ici et maintenant ! Et donc, soyons prêts dès à présent à accueillir ce salut. Le Seigneur agit, ici et maintenant. C’est ça, avoir la foi ! être chrétien, ce n’est pas adhérer à des « valeurs » aussi belles soient-elles ; être chrétien, croire en Jésus-Christ, c’est savoir que Dieu agit ici et maintenant.
Mais comment agit-il, ici, maintenant ? Dieu agit, ne peut agir que, par nous, à travers nous, par nos mains. Il envoie son Esprit Saint, comme Jésus l’a promis, Esprit Saint qui nous pousse à agir dans le monde là où nous sommes, auprès des personnes vers qui nous sommes envoyés. A condition bien-sûr que nous soyons ouverts à son Esprit Saint, que nous soyons prêts à prendre sa Parole au sérieux au point de rendre visible sa présence en nous et parmi nous. Dieu a besoin de nous pour agir, il compte sur nous pour témoigner de son salut, de son amour pour chacun, concrètement. Il a besoin de nos mains, mais il ne nous force pas la main. Parce qu’on ne force jamais la main de ceux qu’on aime.
Alors, pour être la main agissante de Dieu, que devons-nous faire ? La lettre de Saint Jacques nous donne un exemple tout simple pour que nous comprenions bien ce qu’il faudrait revoir dans nos habitudes. Il s’agit « tout simplement » de ne faire aucune différence entre les personnes. Placer le « pauvre au vêtement sale » au même rang que « l’homme au vêtement rutilant, portant une bague en or ».
C’est facile à dire, mais beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre, en réalité ! Car ça nécessite un véritable changement de regard. Un regard renouvelé, ce regard de Dieu dont je parlais tout à l’heure. St Jacques nous dit : « Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi et des héritiers du royaume […] ? » Et comme pour en apporter la preuve, Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, guérit un sourd-muet, un « pauvre aux yeux du monde », dans une région païenne, « en plein territoire de la Décapole ».

Nous allons reprendre nos activités, ou nous les avons déjà  reprises depuis peu. Comment le changement de regard qui nous est demandé peut-il s’intégrer dans notre travail, nos actions, nos façons de faire ? A ceux qui cherchent encore une bonne résolution pour cette rentrée, la voici toute trouvée ! Efforçons-nous d’imiter ce regard de Dieu, qui renverse les valeurs établies, les conventions sociales, qui replace toute personne, quelle qu’elle soit, dans sa dignité d’enfant de Dieu.

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
9 septembre 2018,
Clisson

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