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22° dimanche du Temps Ordinaire
                 

        Vous ne trouvez pas qu'il y va fort Jésus ? Ces pharisiens ne se disent-ils pas « bons pratiquants » : observant fidèlement les rites de purification de leur tradition religieuse ? Que leur reproche-t-il en fait ? de vivre leur religion de manière hypocrite ; dans le paraître, la frime, la poudre aux yeux, pour être conforme, et bien vu de leurs fidèles… et d’en oublier l’essentiel.
Pour Jésus ce qui se voit doit correspondre à ce qui est caché, « l’attitude religieuse » se situe au niveau du cœur et non au niveau des lèvres.
« ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi…».
Qu’en est-il aujourd’hui ? notre christianisme pourrait-il être une religion d’apparence avec légalisme, ritualisme, cléricalisme, qui laisserait le cœur sec. ?

        Les rites de purification des scribes et des Pharisiens n’étaient pas qu’une simple question d’hygiène au moment des repas, c’était pour se garder de tout contact avec l’impur… Pour eux Dieu était totalement séparé de l’homme, alors pour être saint il fallait être séparé des païens, des autres, de tout ce qui « souille » …
Ce Dieu-là n’est pas celui que révèle Jésus : lui, touche le lépreux, fréquente les pécheurs …
Il explique que l’impur n’est pas ce qui vient du monde, des coutumes différentes, mais ce qui habite le cœur de chacun « …c’est du dedans du cœur que sortent les pensées perverses » :
L’impur ne se voit pas (envie, jalousie, orgueil…) mais il ressort à l’extérieur en jugements, violence, méchanceté, mensonge, racisme…

        Jésus explique aussi que les pharisiens ne font que suivre la tradition héritée de générations d’hommes alors que Lui écoute la voix de Dieu.
Et ce Dieu qu’il écoute ne fait pas de différences entre les hommes, il ne regarde pas les apparences « ce sont les hommes qui regardent les apparences, Dieu, lui, regarde le cœur ».
        Nous-mêmes, ne pensons-nous pas que le mal vient toujours de l’autre qui est différent, mauvais, intolérant, bruyant et que j’ai du mal à supporter ?
La tentation est grande alors de rester avec ceux qui me ressemblent, partagent mes idées, m’écoutent et me comprennent, avec qui je « m’entends » ainsi je reste pur et je ne vois pas le mal qui est en moi : mon œil mauvais et ma parole injuste.
Aujourd’hui, aussi, si je n’y prend garde, le danger me guette de réduire ma foi à un ensemble de rites, de dogmes et de doctrines qui m’empêchent d’entendre Dieu : (ainsi en Église, chez nous. Que de querelles de type liturgique ou dogmatique… sans parler du cléricalisme ambiant)
…au lieu de nous lamenter sur la diminution de la pratique religieuse et le manque de prêtre, réjouissons-nous de l’ouverture et du renouveau apporté par Vatican II (même s'il y a encore beaucoup de chemin à faire et les retours arrière, remercions tous ces laïcs missionnés sur notre paroisse et en Église et qui s’investissent dans le dialogue interreligieux, avec les migrants, ou dans l’éveil à la foi, la catéchèse, en association… en politique ou responsabilité publique?
Au début du Christianisme, certains chrétiens avaient tendance à croire que l’écoute de bonnes paroles suffisait St Jacques leur dit « mettez la parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion, et il précise :  la manière irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur et de se garder propre au milieu du monde »
        C’est ce que font ces chrétiens :
•    au Breil, spontanément des amis, paroissiens, ont répondu l'appel du quartier pour réfléchir à son devenir, à une présence chrétienne.
•    ou ces personnes en association qui accueillent des jeunes en insertion, voire clandestins, pour leur faire découvrir les plaisirs de la mer.
•    C’est aussi le respect de l'environnement, acheter équitable quand je fais mes courses pour que les producteurs ici et à l’autre bout de la planète vivent décemment de leur travail...
Être chrétien aujourd’hui c’est aussi vivre en bonne intelligence avec son voisin sans lui causer d’ennuis, en harmonie en famille, avec sa femme, son mari, ses enfants, petits-enfants, ses parents âgés…au travail avec ses collègues ; c’est s’engager en politique pour le bien commun, militer dans une association humanitaire…

    Alors, en ce temps de rentrée, demandons-nous si nos « règles de » vie engendrent la convivialité, la rencontre, le partage avec les autres… :
Nous avons sans cesse à nous demander si nous sommes de
véritables pratiquants, dans le sens que nous mettons en pratique dans notre quotidien les paroles entendues à la messe, et les gestes que nous y avons posés.

    Et je conclurai bien avec les mots de Joseph Moingt, théologien jésuite, décédé il y a 1 an à 104 ans, qui mettait la foi en perpétuel questionnement. Il disait que la réforme radicale du catholicisme ne pouvait se concevoir qu'en revenant à la source Jésus et son Évangile : « il y a urgence à repenser toute la foi chrétienne pour dire Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, dire l'humanité du Christ... dans le langage d'aujourd'hui et à la suite de Jésus, pour restaurer l'humanité tout entière dans le projet de création de Dieu »

   François CORBINEAU, diacre permanent
    9 août 2021


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