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« Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Chers frères et sœurs, le passage
de Saint Jean que nous venons d’entendre est la fin de l’enseignement
de Jésus sur le Pain de Vie. Ce qui pourrait paraître bien curieux est
que cette séquence de Jean 6 que nous lisons depuis bientôt
quatre semaines semble finir plutôt mal. On peut s’étonner, en effet,
que d’une foule de plus de cinq mille personnes bien nourries par
Jésus, et reconnaissant en lui le grand Prophète qui doit venir, que
d’une foule qui tantôt voulait faire de lui son roi, la plupart se
détachent subitement de lui au point de cesser de faire route avec lui.
Et pourtant, tout semblait avoir bien commencé… C’est donc qu’il y a un
problème. Et quel est ce problème ? C’est simplement une crise de foi,
c’est-à-dire que nous pouvons prétendre être avec Jésus alors que notre
cœur est très loin de lui. Nous pouvons entendre son message sans en
comprendre le sens, ou même sans l’accueillir. Telle est l’attitude de
cette foule qui s’étonne et se questionne: « Comment cet homme-là
peut-il nous donner sa chair à manger ? » Puis elle ajoute : « Ce qu’il
dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ». Alors,
les disciples tantôt rassasiés de Pain récriminent contre Jésus dans la
synagogue, comme leurs ancêtres jadis rassasiés de manne récriminèrent
contre Moïse au désert. Ce trouble général semble avoir été suscité par
la parole de Jésus Lui-même : « Celui qui mange ma chair et boit mon
sang a la vie éternelle ». Et pourtant, cette parole demeure vraie. Cet
enseignement sur l’Eucharistie nous a été suffisamment expliqué les
trois dimanches précédents. Et nous l’avons bien compris. Observons à
présent quelle peut être l’attitude du disciple, ou plutôt la situation
dans laquelle sont jetés les disciples. Nous parlions tantôt d’une
crise. Nous voulions dire plutôt un embarras, ou simplement une
épreuve. Découvrir Jésus est une bonne chose, le suivre en est une
meilleure. Et le choix de le suivre nous est laissé, afin que nous
choisissions en toute liberté.
« Voulez-vous partir, vous aussi
? » Telle est la question que le Christ adresse à tout croyant. Cette
question avait déjà été adressée autrement par Josué aux fils d’Israël
: « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ». La réponse du
peuple est radicale : « Plutôt mourir que d’abandonner le
Seigneur ». Remarquez en cette profession que la vraie vie, c’est le
Seigneur, puisque s’éloigner de lui, c’est pire que mourir. Quant à
Pierre, éclairé par l’Esprit Saint, il nous indique la meilleure
réponse possible : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as
les paroles de la vie éternelle… » Et pierre ajoute tout de suite,
professant sa foi au Christ : « …Quant à nous, nous croyons, et nous
savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ». Essayons à présent de
comprendre Pierre : celui qui croit vraiment en Jésus Christ doit le
suivre jusqu’au bout. Venir vraiment à Jésus, c’est aussi le suivre, en
effet. Car Jésus est toujours en marche. C’est justement pour cette
raison que ceux qui ont voulu le quitter ont dû simplement cesser de
marcher avec lui. Or, marcher avec le Fils de l’homme, c’est assurément
le suivre pour aller avec lui là où il était auparavant, c’est-à-dire
au ciel, puisqu’il est « le Pain vivant descendu du ciel ». A ce
propos, comme le mentionne Jean, Jésus parlait à la foule alors que la
Pâque juive était proche (v.4). C’est-à-dire que l’on était à la veille
de la Pâques nouvelle. Or, qu’est-ce que la Pâques de Jésus, si ce
n’est sa victoire définitive sur le mal, la victoire sur la mort ? Et
dire que les croyants partagent cette victoire du Seigneur sur la mort,
c’est supposer que les croyants le suivent à travers le grand sacrifice
de sa passion. Autrement dit, ceux qui ont choisi de se séparer de lui,
puisqu’ils ne croient pas en Lui, ne partagent pas cette victoire.
L’Evangile mentionne bien que « Jésus lui-même savait depuis le
commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le
livrerait », si bien qu’il dit ouvertement aux disciples : « Les
paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il y en a parmi
vous qui ne croient pas ». Effectivement, ceux-là n’ont pas tardé à se
révéler en cessant, de faire route avec Lui.
L’on peut alors conclure à juste
titre que le chrétien qui se détourne de Dieu à la faveur de la moindre
difficulté n’était en réalité qu’un faux chrétien, pour dire simplement
qu’il ne croyait pas en Dieu, parce qu’il a cessé de marcher, alors que
croire c’est marcher. Et nous aujourd’hui ? Voulons-nous marcher
jusqu’au bout ? Ou voulons-nous partir nous aussi ? Puissions-nous
répondre à cette question fondamentale, non pas du bout de nos lèvres,
mais par le concret de notre vie. Car notre vie tout entière doit
porter les marques de notre foi. C’est précisément à cet effet que
Paul, dans la deuxième lecture, exhorte les époux à l’entente mutuelle.
L’époux étant comme le Christ, et l’épouse comme l’Eglise. Cette image
est expressive. Car entre le Christ et l’Eglise, il n’y a ni mésentente
ni division, mais plutôt une communion parfaite. L’imitation de cette
union mystique de l’Eglise au Christ par l’alliance de l’épouse et de
l’époux doit se traduire dans leur famille par un témoignage éloquent
d’amour conjugal. Ceci devra entraîner l’heureuse conséquence d’une
éducation chrétienne authentique. C’est en réalité par cette entente
mutuelle et cette éducation des enfants à la foi chrétienne que les
époux, qui sont à la fois des conjoints et des parents, diront de
manière pratique leur foi, comme jadis Josué à la tête de sa tribu : «
Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur ».
Que le Seigneur nous accorde, au
cœur de cette Eucharistie, de croire en lui en toute vérité, et de le
servir en toute sincérité, sans jamais nous détourner de lui.
Le Seigneur soit avec vous !
Tanguy SOGLO, diacre transitoire du diocèse de Lokossa, Bénin.
26 juin 2012
Paroisse Notre-Dame de l’Immaculée Conception d’Azovè
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