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21° dimanche du Temps Ordinaire

                     
Jos 24, 1-2a.15-17.18b ; Ps 33 (34), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23 ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69

        Avec les lectures entendues aujourd’hui, on pourrait se croire dans une célébration de profession de foi ! Voilà en effet des textes qui seraient bien adaptés à cette belle démarche qu’est la profession de foi. De la première lecture, tiré du livre de Josué, jusqu’à l’évangile, celui de Jean au chapitre 6, en passant par le psaume 33, tous ces passages de la Bible sont liés à une profession de foi.
        Mais d’abord, une profession de foi, c’est quoi ? En-dehors de tout contexte religieux, vous le savez, c’est ainsi qu’on appelle le petit document rédigé par un politique, avant une élection, pour expliquer son programme, présenter ses convictions, ce en quoi il croit. A l’origine, ça permettait à chaque candidat d’exprimer en détails ce qui le motive, quel est le moteur qui l’anime, et en conséquence, ce vers quoi il veut aller. Même si ces documents n’arrivent pas toujours à temps dans les boîtes aux lettres des électeurs, et même si on ne comprend pas toujours très bien vers où le candidat veut nous amener…
        La profession de foi des chrétiens, c’est un peu différent  Il s’agit pour le croyant d’exprimer, solennellement et librement, sa foi ; ses convictions, ce en quoi il croit, ce qui le fait vivre, son moteur à lui. Donc, sa foi en Dieu, Père, Fils, Esprit.
Dans notre Église catholique, la profession de foi, c’est un temps spécial, ritualisé, organisé autour de personnes qui choisissent de proclamer publiquement leur foi. Un rituel qui permet de passer d’une foi transmise, reçue, en une foi personnelle, intériorisée, assumée, afin de la transmettre à son tour. La transmettre, oui, parce que « professer » sa foi, ce n’est pas seulement « déclarer » ou « exprimer » sa foi. Il y a, derrière ce verbe « professer », une notion de transmission, d’enseignement.
La profession de foi, donc, c’est ce moment où le croyant exprime un choix, en toute liberté, et éclairé par une expérience de vie.
C’est justement ce que nous racontent, chacun à sa manière, les textes de la liturgie d’aujourd’hui.

Dans la première lecture, c’est Josué, le successeur de Moïse, qui demande au peuple hébreu de faire un choix : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. » Alors, la réponse du peuple est une profession de foi : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. » La réponse est claire. Le peuple fait un choix, celui de suivre le Dieu unique, plutôt que les divinités locales. Ce choix n’allait pas de soi. A l’époque, mais c’est encore vrai de nos jours, il était plus facile et plus confortable d’adopter les croyances du peuple local. C’était surtout beaucoup plus dangereux de pratiquer ouvertement des rites différents, au risque d’irriter les autochtones et de subir des répressions, des brimades ou même des condamnations comme on peut le constater au fil des pages de l’histoire de l’humanité.
 
Le peuple choisit Dieu non pas par hasard, parce qu’il faut bien choisir, ni pour faire plaisir à Josué qui veut une réponse. Bien que la réponse paraisse rapide dans le récit, elle provient au contraire d’un choix réfléchi, étayé, nourri par l’expérience de ce peuple dans sa fréquentation de Dieu, présent et agissant à ses côtés.  Comme ils le disent : « C’est lui qui, sous nos yeux, a accompli tous ces signes et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru ». Voilà une belle profession de foi !

De même, dans l’évangile, Jésus demande à ses proches : « voulez-vous partir, vous aussi ? » les plaçant lui aussi devant un choix, librement, sans pression. Mais pas sans réflexion. Et là encore, le choix s’exprimera par une profession de foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? tu as les paroles de la vie éternelle » profession de foi qui s’appuie sur l’expérience vécue avec Jésus, dans sa proximité, son compagnonnage, et son enseignement par ses paroles et par ses actes.

Le psalmiste, auteur du psaume 33 que nous avons chanté tout à l’heure, exprime, lui aussi, une profession de foi : « je bénirai le Seigneur en tout temps ». Il affirme son attachement au Seigneur, tout en se réjouissant de son action : le Seigneur regarde le juste, il l’écoute, il le délivre, il veille sur lui…

Ainsi, faire profession de foi, c’est rassembler en un même élan deux mouvements complémentaires : d’abord affirmer son attachement à Dieu, exprimer sa confiance en lui, le choisir comme unique maître, comme guide et comme modèle, et en même temps proclamer tout le bien qu’il accomplit, pour soi-même et pour les autres, aujourd’hui comme hier et comme demain. Faire profession de foi, c’est affirmer publiquement sa foi, en la justifiant par un énoncé des raisons qui motivent la foi, en bénissant Dieu, en le louant pour tous ses bienfaits.

On le voit, tous ces extraits nous montrent que la Bible est peuplée de personnages à travers les siècles qui, en leur temps, à un moment donné, sont appelés à se déterminer : suivre Dieu ou le rejeter. Depuis la Genèse, toute l’histoire du peuple de Dieu est construite autour de cette question. Cette histoire biblique est comme une longue chaîne où chacun des maillons, en affirmant sa foi, permet à l’histoire des croyants de se poursuivre. Et si l’histoire s’est poursuivie jusqu’à nos jours, c’est parce qu’aucun des maillons n’a failli. Tous ont fait le choix de servir Dieu.
Et nous voici, nous, aujourd’hui, au bout de cette chaîne, successeurs, héritiers de tous ces personnages bibliques.
Dans quelques instants, nous allons, à notre tour, faire profession de foi en proclamant le Credo. La récitation de cette longue liste d’affirmations sur notre Dieu, l’unique, Père, Fils, Esprit, nous intègre à cette chaîne de croyants, nous aide à poursuivre l’histoire en actualisant la foi qui nous a été transmise, en nous l’appropriant, chacun pour soi-même. Cette profession de foi nous rappelle notre attachement à Dieu, en écho à la profession de foi de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? tu as les paroles de la vie éternelle »

Amen.

Daniel BICHET, diacre permanent,
Boussay et Clisson
22 août 2021






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