Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil19° dimanche du Temps Ordinaire
1R 19, 4-8 ;
Ep 4, 30-5,2 ;
Jn 6, 41-51.
Lève-toi et mange…
Une fois n’est pas coutume. Aujourd’hui, mon homélie s’appuiera sur le
texte du livre des Rois. C’est l’histoire d’Elie, du moins un épisode
de cette histoire. Quel en est l’intérêt pour nous aujourd’hui, 28
siècles plus tard ?
Tout d’abord la situation.
Le roi d’Israël, Achab, s’est marié avec une princesse étrangère,
Jézabel. Païenne, elle réussit à introduire des cultes païens, au
risque de supplanter le culte de Yahvé, le Dieu d’Israël. Le prophète
Elie est envoyé pour dénoncer les cultes païens. Après bien des
péripéties, il apprend que Jézabel en veut à sa vie. Il a peur. Il fuit.
Le paganisme serait-il en train de l’emporter sur la religion d’Israël
? Ce risque a toujours existé tout au long de l’histoire des hommes et
des religions. Nous avons en mémoire les persécutions des premiers
chrétiens, celles qui se sont succédé au cours de l’histoire et de par
le monde, celles que nos frères chrétiens connaissent encore de nos
jours. Ces persécutions peuvent être violentes ou sournoises,
gangrénant peu à peu la vitalité de la foi chrétienne. Et c’est
peut-être ce que nous ressentons de nos jours, dans notre société
occidentale. D’autres religions ou des courants religieux semblent
s’imposer peu à peu et empiéter sur le christianisme. Un certain
matérialisme ambiant fait que la foi et la pratique religieuse
s’effritent. Bref, vous connaissez et ressentez, sans doute, cette
situation.
Alors, quelles sont nos réactions devant ce qui peut apparaître comme
une menace ? Tandis que certains sont en quête de renouveau, telle une
nouvelle évangélisation comme le demande Benoît XVI, à la suite de
Jean-Paul II, chez d’autres la lassitude, le doute, s’installent
insidieusement. Et nous ?
En serait-il, comme pour Elie, une sorte de fuite dans le désert.
Désert intérieur, désert spirituel, désert culturel. On s’interroge :
L’Eglise ? Sa place dans la société ? Son message traité de
réactionnaire ? « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! » dit Elie. «
Il s’étendit sous le buisson, et s’endormit ».
Peut-être, qu’à certaines heures, nous sommes las, tentés de lâcher,
nous aussi. L’engourdissement se fait sentir, la foi vacille ; on
amorce un départ… sur la pointe des pieds.
« Lève-toi et mange » ! Sursaut pour Elie qui se réveille. « Près de sa
tête, un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau ». Non, il
ne faut pas fuir. Dieu veille sur lui ! Il a préparé la nourriture de
la route. Elie, le prophète n’est pas seul, le messager n’est pas
abandonné ! C’est lui, qui risque d’abandonner.
Lève-toi et mange. Ces mots nous sont adressés, à nous chrétiens du XXIème siècle.
Notre société, en perte de valeurs semble-t-il, a besoin d’hommes et de
femmes debout. Le monde a besoin de chrétiens tels des repères dans une
société sécularisée qui semble perdre ses assises. Ces assisses on les
connaît : la personne humaine respectée dans sa vie, dans son devenir ;
la famille cellule stable d’une société ; la justice pour les plus
faibles ; l’amour qui se libère de tout ce qui l’avilit. Etc.
Mais, Elie s’est rendormi… . Qu’il est difficile de reprendre la route lorsque, fatigué, découragé, on l’a quittée !
Et voilà qu’une seconde fois, l’ange du Seigneur lui dit : « lève-toi,
et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi ».
Sollicitude de Dieu pour son serviteur, pour nous ! Nous ne sommes pas
abandonnés au bord du chemin de la vie. Dieu veille. Son ange nous fait
signe, et celui-là revêt des réalités bien diverses. La nourriture se
présente sous les traits d’une rencontre, d’une amitié, d’une lecture,
d’un événement qui bouscule, d’un passage de l’évangile et bien sûr de
l’eucharistie, ce pain vivant, le pain de la route, de cette route qui
conduit, au-delà de notre existence terrestre, jusqu’au Père. C’est la
promesse de Jésus qui nous a été rappelée dans le texte d’évangile de
ce jour : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si
quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »
« Lève-toi et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi ».
« Elie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il
marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de
Dieu. »
Quarante, rappel des quarante années de la traversée du désert vers la liberté, vers la rencontre avec Dieu.
Le chemin qui mène à la rencontre du Seigneur est long… Oh, il ne se
chiffre pas en jours et en années. C’est un chemin spirituel. Il nous
faut le prendre résolument. Malgré les difficultés. Malgré les
contradictions. Malgré l’emprise du monde matérialiste. Malgré nos
faiblesses.
Le Seigneur est près de nous, il marche avec nous, même s’il est bien silencieux, à certaines heures.
Dans nos épreuves personnelles ou dans celles qui affectent l’Eglise, il est près de nous.
Frères et sœurs, tenons-nous éveillés, prenons la nourriture que le Seigneur nous donne.
Marchons vers la montagne du Seigneur, là où il se révèle. Vivons dans l’espérance.
Sa Parole et son Pain sont la nourriture qui ne nous fera jamais défaut.
Amen.
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