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18° dimanche ordinaire

Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire Année B
02/08/09

Le Père Bernard Civel nous le rappelait dimanche dernier, nous avons quitté l’Evangile de Marc pour entrer dans le long discours du pain de vie écrit par Jean.
Comme dans bon nombre de situations, Jésus prend pour point de départ un besoin matériel. C’est aujourd’hui la faim qui est au centre de ce passage d’évangile. La faim de cette foule qui le suit et qui a bénéficié de la multiplication des pains. Elle attend que le miracle se renouvelle.
Cette faim est celle de plus d’un milliard de nos contemporains (17% de la population mondiale). Et on estime aujourd’hui à près de 150 Millions le nombre d’enfants de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition.
Cette situation trouve ses origines dans plusieurs causes : les conditions climatiques, des politiques agricoles défaillantes qui ont défavorisé les petites exploitations agricoles vivrières au profit de grandes exploitations exportatrices.
 A cela, il faut ajouter l’urbanisation croissante qui a poussé les ruraux à quitter leurs champs pour grossir les banlieues des grandes agglomérations. Il faut aussi y ajouter les conflits ethniques, religieux qui entrainent des déplacements de populations. Enfin, les pays riches dont la France, qui s’étaient engagés à fournir de l’aide, n’ont pas tenu leurs promesses et la crise économique risque d’accentuer ce repli sur les intérêts nationaux.
Devant cette réalité alarmante, il n’est pas étonnant que le Pape Benoit XVI dans sa dernière encyclique sociale « Caritas in Veritate » (l’Amour dans la vérité) ait écrit : « Donner à manger aux affamés (réf à Mt 25) est un impératif éthique pour l’Eglise universelle qui répond aux enseignements de solidarité et de partage de son fondateur, le Seigneur Jésus. Eliminer la faim dans le monde est devenu par ailleurs, à l’ère de la mondialisation, une exigence à poursuivre pour sauvegarder la paix et la stabilité de la planète ».
Le Pape Benoit XVI nous invite donc à agir chacun en fonction de nos moyens pour faire reculer ce qui constitue un des plus grands scandales actuels, la faim dans la monde.
Pour autant, cette préoccupation ne doit pas nous faire oublier ces paroles du Christ : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu ».
Tout dans ce passage d’évangile que nous venons d’entendre nous invite à élargir nos aspirations. A cette foule qui reste au niveau des attentes matérielles, Jésus parle d’un Pain qui enlève toute faim et toute soif. Il veut nous faire comprendre que c’est en lui et lui seulement que nous trouverons vraiment le repos, la paix, la plénitude de vie. St Augustin disait : « Tu nous as ainsi faits que notre cœur n’a de repos qu’en toi ».
Les textes de ce dimanche nous invitent à creuser dans 3 directions :
La 1ère : Aujourd’hui, de quoi avons-nous faim ? Si on nous sondait à la sortie de cette messe, que répondrions-nous ?
Sommes-nous poussés par les faims et soifs développées par nos sociétés : l’argent, le pouvoir, la domination sur les autres, les plaisirs ? Ou au contraire, sommes-nous avides de bonheur, de liberté, de vérité, de joie, d’amitié, d’amour, de reconnaissance…
Et dans toute notre vie, quelle place accordons-nous à celui qui est pour nous le chemin, la vérité et la vie ?
La 2ème direction à creuser, c’est celle de la place de l’Eucharistie dans nos vies.
Ets-ce que nous nous nourrissons régulièrement et avec appétit de ce Pain de Vie ? La messe dominicale à laquelle nous participons, est bien plus qu’une obligation morale. C’est une obligation de vie au même titre que l’obligation de manger.
Ce pain qui apaise nos faims, nous réconforte, nous renforce et il fait grandir en nous le Christ lui-même.
Enfin, la 3ème direction à creuser découle de la précédente. Il s’agit pour nous de vivre de ce que nous recevons de l’Eucharistie.
A nous qui avons à manger à la fois du pain naturel et celui de la parole de Dieu, Jésus nous rappelle que nous devons nous aussi donner à ceux qui n’ont pas suffisamment ou rien à manger. Nous devons partager le pain eucharistique et celui de la Parole de Dieu à travers nos vies. C’est à dire faire passer dans nos vies tout ce que nous recevons au cours de chaque célébration eucharistique. Mais aussi donner de nos biens matériels à ceux qui n’en ont pas, à l’exemple du Christ qui s’est dépouillé de tout pour se donner lui-même à nous. Son appel résonne avec une force particulière dans un monde comme le nôtre où une part de l’humanité souffre de la faim ou de la malnutrition.
Il nous reste donc à ne pas vivre comme les hébreux dans le désert, attendant que tout nous tombe du ciel comme la manne. Vivons plutôt en nous donnant généreusement les uns aux autres, comme Jésus s’est donné à nous et pour nous.


Jean-Pierre BIRAUD, diacre permanent.
2 août 2009

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