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    En ce début juillet, certains sont déjà partis en vacances. Pour ceux qui restent, le rythme sera peut-être moins stressant… et laissera un peu plus de liberté… d’autres partiront hors de leur cadre habituel ; ce sera l’occasion de découvrir un nouvel environnement, de sortir de son cadre quotidien, de rompre avec ses habitudes, de rencontrer d’autres personnes, de se laisser interroger, de s’émerveiller, de sortir de notre routine…
    Les habitants de Nazareth, eux, avaient leurs habitudes. Ils connaissent Jésus depuis 30 ans, ses parents et sa famille. Ils sont bien intrigués par l’enfant du pays, ce fils de charpentier qui commente les Ecritures dans la synagogue, avec autorité ; mais ils en restent là, et refusent de se poser des questions, et d’aller au-delà…

    Le quotidien est parfois mortifère. La routine nous empêche de voir, de nous émerveiller, de nous poser des questions. C’est souvent le quotidien avec ses contraintes de tous les jours : le travail, les enfants, les courses… ce quotidien qui fait que peu à peu, l’on vit dans un rythme qui ne laisse que peu de place aux autres et à Dieu… « C’est la triste histoire de la foi qui, pour beaucoup, peu à peu cède et se réduit sous le poids du quotidien (S. Antoni).» Plus de temps pour prier, pour nourrir sa foi. Jésus ne questionne plus, ne provoque plus, ne stimule plus ; nous nous sommes habitués à lui, et insensiblement, nous prenons de la distance par rapport à Lui, et sa présence s’efface progressivement de nos vies… C’est une tendance lourde de notre époque, où l’on relativise tout, et où le poids du quotidien dicte sa loi. Le désir est asséché et le sens de Dieu s’émousse.
Je le constate souvent chez certains jeunes couples qui se préparent au mariage. Il leur reste un vague sens religieux, ils désirent se marier à l’Eglise par habitude familiale et pour se mettre sous la protection de Dieu… mais Dieu n’est plus présent au cœur de leur vie… Jésus ne leur dit pas grand-chose, ne les questionne pas. Leur projet de mariage, parfois, ne fait même pas allusion à Dieu… Oui, la pression du quotidien et d’un certain environnement médiatique peut évacuer la présence de Dieu, si l’on n’y prend garde… Se tourner vers Dieu n’a  rien d’évident dans notre monde actuel.
    Jésus a été rejeté par son peuple, qui croyait trop bien le connaître ; mais il a été  rejeté, aussi, parce qu’il dérangeait. En notre temps, sous des formes différentes, le rejet se manifeste… Jésus provoque souvent un réflexe de défense, comme si sa présence dans nos vies avait quelque chose de dérangeant, de déstabilisant. Comme si nous avions peur de sortir de nos habitudes pour nous mettre à sa suite. Comme les compatriotes de Jésus, nous acceptons bien que Dieu reste là haut, loin, inaccessible ; mais qu’Il puisse être présent au cœur de nos vies, au cœur de la vie de ceux que nous rencontrons, de nos proches ou du frère dans la détresse, ça c’est plus difficile à percevoir. Or, c’est dans la vie quotidienne qu’il s’agit de voir et de rencontrer Jésus. « Venez et voyez » dit Jésus aux disciples. Nous avons tous à nous ouvrir à Dieu qui est proche, et qui nous  appelle à le reconnaître dans la vie des gens ordinaires…

    La découverte de Jésus passe souvent par l’expérience de nos faiblesses, à l’image de Saint Paul qui avoue avoir une « écharde dans sa chair, un envoyé de Satan qui est là pour le gifler, pour l’empêcher de se surestimer. » Oui, se reconnaître limité, pécheur, prendre conscience de nos faiblesses, c’est faire preuve d’humilité et se remettre à sa juste place devant Dieu. La découverte de notre fragilité, de notre péché, est souvent un temps privilégié qui nous rend perméable à la grâce divine. Si nous sommes lucides sur notre condition humaine, le Seigneur nous répond, comme à Paul : « Ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans ta faiblesse. » Et Saint Paul de poursuivre : « la puissance du Christ habite en moi. » Oui, la prise de conscience de notre faiblesse peut nous mettre en situation de recevoir la grâce de Dieu, qui ne s’impose pas, mais qui nous habite, si nous savons lui faire une place.
Ceux qui fréquentent des malades sont parfois étonnés du cheminement et du parcours spirituel que peut provoquer une maladie… Un malade atteint d’une grave maladie interrogé pour savoir ce qu’il ferait, s’il avait le choix de revenir en arrière et d’éviter sa maladie, a répondu qu’avec du recul, il ne renoncerait peut-être pas à sa maladie, car elle avait été pour lui source d’une grande avancée humaine et spirituelle… Cas extrême certainement, car la maladie est souvent destructrice… Mais phrase bien révélatrice, que c’est dans nos faiblesses, lorsque nous ne pouvons plus compter seulement sur nos forces, que la puissance du Christ habite en nous. L’homme en difficulté peut faire un bout de chemin avec Jésus. Et c’est bien ces gens-là, les malades, les handicapés, les pécheurs, que Jésus rencontrait en priorité ! Alors, avec Saint Paul nous pouvons dire : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

    A partir des textes de ce jour, nous pouvons mieux comprendre le sens des guérisons de Jésus. Jésus combat le mal, vient au secours de l’homme blessé. Il ne s’impose pas ; il se propose aux hommes et aux femmes qui lui font une place. Les nazaréens, ses compatriotes ne l’ont pas reçu, « et là, nous dit l’Evangile, il ne pouvait accomplir aucun miracle. » Le miracle suppose la confiance, « et il s’étonnait de leur manque de Foi. »
    Par ses guérisons, Jésus remet l’homme debout et fait signe. Il fait toujours le lien entre la guérison du corps et la guérison du cœur. Il remet debout, répare, reconstruit ce qui a été détruit. Par ses miracles, Il anticipe symboliquement, sa résurrection et notre résurrection.  Amen.

Yves MICHONNEAU, diacre permanent.

Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
5 juillet 2009

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