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13° dimanche ordinaire

« Talitha koum ! Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
Ce passage de l’évangile de St Marc raconte deux guérisons dans un même récit. Les évangélistes synoptiques, St Mathieu, St Marc et St Luc, racontent tous les trois ces deux guérisons, ce qui est courant. Mais ce qui l’est moins, c’est qu’ils le font de la même manière, en imbriquant le récit de la première dans celui de la seconde. Chacun des trois raconte les mêmes faits avec son style propre, mais bien que ces deux guérisons semblent indépendantes l’une de l’autre, les trois auteurs ont conservé la même structure du récit, et dans le même ordre. C’est tout de même assez remarquable, ce n’est donc certainement pas un hasard.

On peut remarquer que dans ces deux guérisons, Jésus ne fait rien de particulier : la femme dans la foule touche son vêtement, et il dit simplement « lève-toi » à la fille de Jaïre. Contrairement aux autres guérisseurs de l’époque, ou même les prophètes de l’ancien testament, qui invoquaient systématiquement Dieu avant toute guérison de malades, Jésus n’a pas besoin d’invoquer Dieu. L’évangéliste veut ainsi montrer la puissance de Jésus, qui n’est pas un simple intermédiaire entre les hommes et Dieu : il est Dieu lui-même.
En effet, Jésus n’a pas besoin de faire un geste pour signifier la guérison : dans les deux cas présentés dans cet épisode, c’est la foi qui sauve. C’est parce que cette femme a cru que Jésus pouvait la guérir, qu’elle est guérie : « si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée » dit-elle. Elle agit dans la discrétion, sans oser prendre la parole en public et parler de ce mal qui la ronge depuis douze ans, car sa maladie lui fait honte et la met à l’écart. Ce n’est que lorsqu’elle sent dans son corps qu’elle est guérie qu’elle va avouer toute la vérité. Elle n’est pas seulement guérie, elle est libérée.
C’est aussi la foi qui sauve la fille de Jaïre. Non pas sa foi à elle, mais celle de son père. Contrairement à cette femme anonyme, Jaïre est quelqu’un d’important. Il n’hésite pourtant pas à s’abaisser, à tomber aux pieds de Jésus, devant toute cette foule qui le connaît. Il ne se soucie pas de protocole ou de code social, il s’humilie parce qu’il croit en Jésus. Il met sa foi à la première place, devant le regard des autres et le « qu’en dira t’on ? ». Et Jésus lui dit : « ne crains pas, crois seulement ». Dès l’instant où Jaïre fait cet acte de foi, alors sa fille est guérie. Et lorsque Jésus arrive un peu plus tard, « elle n’est pas morte, elle dort » et il ne fait que la réveiller. On voit ici la puissance de l’intercession : demander une guérison pour les autres n’est pas inutile, Dieu entend la prière de ceux qui s’adressent à lui dans la confiance.
Ce récit de deux guérisons, ou plutôt d’une guérison et d’une résurrection, est en fait une affirmation de l’universalité du salut. Cette femme n’emploie pas le verbe guérir, mais le verbe sauver : « si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée » et non pas « je serai guérie ». De même, à son tour, Jésus ne lui dira pas « Ma fille, ta foi t’a guérie » mais « ma fille, ta foi t’a sauvée ». Jésus ne se contente pas de nous guérir, il nous sauve, c’est à dire qu’il ne guérit pas seulement nos corps, mais tout notre être, corps et esprit, toute notre personne. Plus que de guérisons corporelles, qui ne sont qu’un signe, il s’agit de guérisons spirituelles. Et le récit va même plus loin, en montrant que même la mort n’est pas un obstacle à notre salut. Jésus est maître de la vie, il est capable de guérir les maladies de nos corps mais aussi de nous réveiller de la mort. Car, comme nous l’avons entendu dans la première lecture, du livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants » et plus loin : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable ». Comme pour cette jeune fille, la mort n’est selon Dieu qu’un sommeil, dont il viendra nous réveiller.
Le salut présenté par ce récit est donc universel, qui s’adresse à tous, mais aussi personnel. Dans cette foule qui le presse de toute part, c’est parce qu’une personne dans la souffrance le touche qu’il se rend compte qu’une force sort de lui. Même sans que la demande soit formulée, Jésus connaît nos attentes, il connaît chacun de nous, il sait nos souffrances, et il apporte son salut presque malgré lui, pourrait-on dire, simplement parce qu’il est Dieu, Dieu d’amour et de miséricorde.
C’est d’un salut personnel dont il s’agit encore, lorsque Jésus prend la jeune fille par la main en lui disant, personnellement, « je te le dis, lève-toi. » Le psaume 29 que nous avons chanté sonne comme une réponse de l’homme à cette attention toute personnelle de Dieu pour chacun de nous : « Quand j’ai crié vers toi, Seigneur, mon Dieu tu m’as guéri ; Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revire quand je descendais à la fosse. » Guérison, résurrection.
Frères et sœurs, nous le voyons, ce récit est très dense et très riche en signes, en signification pour chacun de nous, personnellement, aujourd’hui. Je vous invite vraiment à prendre un peu de temps ce dimanche ou dans la semaine qui vient pour le relire, avec les yeux de la foi, en essayant de décoder comme nous venons de le faire chacun des gestes de Jésus, chacune des expressions utilisées par St Marc pour nous faire comprendre la seule chose qui importe vraiment : Dieu nous a créés par amour, pour que nous vivions éternellement, pour que nous vivions de son amour, de sa vie de sa joie. Et si nous tombons, il vient nous relever : « je te le dis, lève-toi ! »

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent.
St Lumine de Clisson, Gorges et Maisdon sur Sèvre,
le 1er juillet 2012




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