Année B
Sommaire année B
retour vers l'accueil12ème dimanche du Temps Ordinaire
Jb 38, 1.8-11
Ps 106
2 Cor 5, 14-17
Mc 4, 35-41
Les textes du jour nous entraînent dans le gros
temps. Job, homme riche, pieux et juste se trouve pris dans un
tourbillon de malheurs : pauvreté, misères, souffrances. Critiqué par
ses amis, assailli par le doute, il en vient à s’interroger sur Dieu.
Il est en pleine tempête physique, psychique et spirituelle. Les
disciples eux aussi sont aux prises avec les éléments qui se déchaînent
: le vent et la mer.
Leur barque est submergée par les vagues.
Nous aussi nous avons bien des tempêtes à affronter,
que ce soit ce virus qui impacte toute la planète et nos manières de
vivre, que ce soient les violences de toutes sortes, les ruptures
familiales, le chômage, la maladie…
Pris au milieu des catastrophes naturelles que nous
subissons, affrontés aux désordres planétaires provoqués par l’homme,
confrontés à nos épreuves personnelles, ne sommes-nous pas tentés,
parfois, de crier comme les disciples : « Maître, nous sommes perdus,
cela ne te fait rien ? »
La vie n’est décidément pas « un long fleuve
tranquille ». Il y a des passages difficiles, et il nous faut vaincre
les obstacles pour passer sur l’autre rive. Mais pour nous aider dans
ces moments éprouvants, nous avons la promesse que Dieu ne nous
abandonne pas…
Envers et contre tout, la vie est un chemin sur
lequel il nous faut avancer. Si nous ne bougeons pas, nous nous
laissons submerger par les évènements, nous subissons, nous ne
conduisons plus notre vie. Il y a bien des périodes de notre existence
où il nous faut passer sur l’autre rive, et le passage ultime c’est la
mort.
Mais tant que nous sommes vivants, il nous faut
choisir la vie et rejeter ce qui nous entraîne vers le bas et met en
péril notre vie humaine et spirituelle. Passer sur l’autre rive, peut
réserver bien des surprises. Dans les tempêtes qui surgissent
actuellement, nous pouvons être submergés par l’émotion et par la peur
de ce qui arrive. Comme Job nous pouvons avoir le sentiment d’être
abandonné par nos proches et nos amis, et même par Dieu. Les apôtres,
eux dans la barque voient Jésus dormir, apparemment absent à leur
détresse. Ils expérimentent le silence de Dieu ; ils crient leur
désespoir : « Nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Epreuve
redoutable vécue par bien des saints… Le silence de Dieu.
Ce serait tellement plus simple que Dieu assure
notre tranquillité et une vie sans à-coups… mais le chemin du Christ
sur terre a été rude, fait d’épreuves, de contradictions, et s’est
terminé par la croix. Au bout de la route, sur la croix, Lui aussi a
rencontré le doute et l’absence « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? » (Mc 15,34). Le chemin du disciple n’est pas très
différent ; nous n’échappons pas, par miracle, aux souffrances et aux
évènements dramatiques liés à notre nature humaine.
Le passage des disciples sur l’autre rive avec Jésus
a été périlleux, mais la tempête n’empêche pas l’arrivée de la barque à
bon port. Et même si la barque avait coulé, Jésus n’aurait pas cessé
d’être avec eux, il les aurait accompagnés dans le naufrage… Quant à
nous, le Christ nous a promis de nous accompagner tous les jours, dans
les bons comme dans les mauvais moments.
Le livre de Job nous donne une double image de Dieu
: le Dieu toutpuissant, créateur du ciel et de la terre et le Dieu qui
se fait proche, désireux de dialoguer avec les hommes. Dans les
évangiles, les actes de toute-puissance de Jésus, comme la maîtrise de
la mer et des flots en furie, comme les guérisons spectaculaires des
corps et des esprits, révèlent la divinité de Jésus et n’ont pour but
que d’apaiser, de relever l’homme en souffrance et de faire grandir la
foi des disciples.
Stupéfaction des apôtres quand le grand calme se
fit. Et Jésus de leur dire : « Pourquoi êtes-vous si craintifs,
n’avez-vous pas encore la Foi ? Cette question s’adresse aujourd’hui
aux disciples du Christ que nous sommes. Elle nous interpelle. Comme
les apôtres, nous sommes dans la barque de l’Eglise, parfois chahutée
par des vents contraires. Il ne s’agit pas pour l’Eglise, de ronronner
entre soi, mais d’aller au large, en plein vent pour témoigner de notre
foi, de notre espérance et de la tendresse de Dieu pour l’humanité et
pour chaque homme ou chaque femme en particulier.
Saint Paul nous le rappelle souvent : « de Dieu
vient tout réconfort. Dans nos détresses, il nous réconforte ; ainsi
nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au
réconfort que nous recevons nous-même de Dieu. »1 Cor 1, 4.
En définitive, ce qui nous est demandé c’est la
confiance en Dieu. Le disciple est appelé à dépasser sa peur, à se
décentrer pour regarder le Christ : nous voyons bien qu’au sommeil de
Jésus succède le réveil et la domination sur les forces contraires ;
comme plus tard, à sa mort, succède la résurrection avec la victoire
promise sur les forces du mal et sur la mort. A la fin des temps, le
royaume du Christ s’établira définitivement, royaume de justice et de
paix.
Nous n’en sommes pas là ! Nous avons à assumer notre
condition humaine, personnellement et socialement. Notre vie est un
combat contre les forces du mal. Dans ce combat, nous ne sommes pas
seuls. Jésus est dans la barque avec nous, car en quittant notre terre,
il nous a laissé son Esprit, esprit de force et de discernement qui
nous conduit à bon port si nous nous mettons à son écoute.
Malgré et avec nos limites, gardons la Foi et
l’Espérance. Jésus nous a précédé sur la terre, il nous a montré le
chemin. Il est mort et ressuscité pour nous. C’est ce que nous vivons,
en peuple de Dieu, pendant cette messe.
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
20 juin 2021
Paroisse St Léger- Ste Bernadette d’Orvault (44)
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