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11ème dimanche du Temps Ordinaire

Ez 17, 22-24 ;
2 Cor 5, 06-10 ;
Mc 4, 26-34



C’est un Jésus pédagogue que l’évangéliste Marc nous présente aujourd’hui.
Il faut dire que son auditoire galiléen est composé de gens simples ; et pourtant, il a des choses importantes à leur dire : leur parler du Royaume de Dieu. Alors, il s’interroge : « par quelle parabole allons-nous le représenter ? » (Mc 4, 30). 
Bonne question qui nous valent ces deux paraboles que nous venons d’entendre.

La liturgie d’aujourd’hui nous les propose: elles sont parlantes pour les auditeurs de Jésus, parlantes pour ceux auxquels Marc s’adresse en premier ; et, bien sûr, parlantes pour nous, aujourd’hui.

Elles étaient parlantes pour les auditeurs de Jésus.
Ils attendaient le règne de Dieu promis, tandis qu’ils vivaient une période tourmentée : l’occupation romaine, des courants politico- religieux créant l’instabilité, une pauvreté généralisée dans le petit peuple.
Ils avaient besoin d’espérance. La Parole de Dieu, en la personne de Jésus, était semée au cœur de son peuple et de son histoire. Rien, ni personne, ne pourra l’étouffée. L’aube de Pâques verra jaillir la vie. La prophétie d’Ezéchiel se réalisait : «je cueillerai un jeune rameau et je le planterai moi-même sur une montagne très élevée. Il portera du fruit et deviendra un cèdre magnifique. » (Ez 17, 22-23).

Paraboles parlantes  aussi pour ceux auxquels Marc s’adressait en premier.
C’est-à-dire, les chrétiens de Rome.
Première Eglise fragile, immergée dans un monde païen, carrefour où se côtoient les courants religieux ; un monde aux mœurs dissolues, aux disparités sociales criantes ; un monde où la vie de l’autre a si peu de prix !
Ajoutons à cela les terribles persécutions qui désorientent les plus fidèles. Et pourtant, c’est un monde dans lequel l’Eglise naissante doit témoigner du Règne de Dieu. Alors, ce que les premiers disciples de Jésus essaient de semer dans ce monde serait-il vouer à la perdition ?
Aux chrétiens, peut-être désorientés, les deux paraboles résonnent et donnent l’espérance. « Nuit et jour, que le semeur dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment » (Mc 4, 27),  dit Jésus.

Oui, sur les collines romaines, « un rameau a été planté et il portera du fruit et il deviendra un cèdre magnifique » (Ez 17, 22-23)

Et, bien sûr, ces paraboles sont parlantes pour nous, aujourd’hui.
Croyez-vous que le Royaume de Dieu est en croissance dans notre monde d’aujourd’hui ?
Le Royaume de Dieu ? …A quoi pensez-vous quand on l’invoque ?
Eh bien, pensez aux béatitudes énoncées par Jésus. Pensez à ce que les grandes paraboles nous en dévoilent :
C’est la compassion du samaritain pour l’étranger aux portes de Jéricho.
C’est l’amour paternel et filial qui triomphe de la transgression du prodigue.
C’est l’accueil de la femme aux sept maris, au puits de Jacob.
C’est la non condamnation de la femme adultère.
C’est le repas chez le publicain Zachée ou chez le Pharisien.
Nous pourrions continuer cette énumération.

C’est ça le Royaume de Dieu, l’amour décliné sous toutes ses formes et vécu dans tous les actes personnels ou collectifs. C’est le triomphe de la vie sur toute mort.

Alors, peut-être pensez-vous : nous en sommes bien loin ! Tant de violences, de mépris de l’être humain, d’égoïsme, et là aussi nous pourrions poursuivre l’énumération. Et puis, la montée de l’indifférence religieuse… .

Mais retenons, pour nous, deux leçons des paraboles d’aujourd’hui.

==>    La première. « Il en est du Règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ » (Mc 4, 26).
Il faut que le grain soit jeté dans le champ !
Il faut que chacun de nous, et nous ensemble, en Eglise, nous jetions le grain de l’amour. C’est notre mission, c’est la mission de l’Eglise au cœur des réalités humaines. C’est ce que vous faites, simplement, peut-être petitement, dans le champ de votre quotidien familial, relationnel, d’engagement associatif, paroissial. Si nous sortons de notre petit moi personnel pour porter plus de paix, de bonheur, de justice autour de nous, alors nous pouvons nous identifier  à cet homme qui jette le grain dans son champ. Mais, si nous ne le faisons pas, alors, le Royaume ne germera pas !

==>    La deuxième leçon. (Je redis la phrase de l’Evangile) « Le Règne de Dieu est comme une graine de moutarde, la plus petite des semences. Elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » (Mc 4, 31-32).
Le Règne de Dieu que nous semons humblement, petitement, dans notre quotidien croît inexorablement, même si nous dormons dit la parabole. C’est ainsi que, peu à peu, le monde est travaillé par l’Esprit de Dieu. La plante semée aux rives du Jourdain, a grandi, a étendu ses rameaux à la surface du monde, a infiltré ses racines dans les couches successives de la société humaine.
Cette deuxième leçon des paraboles est une invitation à l’espérance. Cette espérance n’est pas une potion soporifique qui nous empêcherait de lutter contre les forces du mal. Comme nous le dit Saint Paul : « nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir. Oui, nous avons confiance. » (2 Cor 5, 7-8). Car, nous savons que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre.

Puisons notre force dans la Parole du Seigneur et dans cette eucharistie que nous allons maintenant célébrer.

Amen.

Georges AILLET, prêtre.
16-17 juin 2012
Paroisse Ste Anne - St Clair (Nantes)


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