C’est une formidable histoire d’amour que nous proposent les textes de ce jour.
L’amour d’un Père pour son fils, l’amour d’un Dieu pour son Peuple,
l’amour d’un Fils pour ses frères, l’amour des frères entre eux, et
l’Esprit d’Amour qui tient tout cela ensemble.
Et en ce dimanche où nous fêtons la Sainte Trinité, ces textes nous
rappellent que nous sommes triplement aimés par notre Dieu qui se met
en 3 pour manifester son amour à son Peuple : Par le Père, par le fils
et par le Saint Esprit. Et même en 4, si nous ajoutons la Sainte vierge
Marie qui prie et intercède pour nous. Avouons que nous sommes gâtés
d’être si bien entourés.
La Trinité, ce tout qui ne fait qu’un, ce un qui se n’envisage autrement qu’en 3 com-posantes, 3 figures du même Dieu.
Le chiffre 3, dans la symbolique des chiffres, est celui de la
perfection, de l’ordre, de l’achèvement. Il est aussi le symbole de la
fécondité en permettant l’union de l’Homme et de la Femme qui permet la
naissance d’un être nouveau. Sur le plan de l’homme et de sa condition
il peut évoquer notamment : La naissance, la vie et la mort ; le corps,
l’âme et l’esprit, la pensée, la parole et l’action. Dans la nature, il
évoque le matin, l’après-midi et la nuit, ou encore la terre, la mer et
le ciel. Dans l’Evangile, il est omniprésent : Les 3 années du
ministère du Christ, les 3 tentations au désert, les 3 disciples qui
accompagnent Jésus sur le Thabor, les 3 reniements de Pierre, les 3
fois où Jésus demande au même Pierre s’il l’aime, les 3 jours de la
pas-sion et la résurrection…
Par le baptême, nous participons à la mission de Jésus, en recevant
l’onction de l’Esprit Saint qui nous institue dans une triple fonction
: celles de prêtre, de prophète et de roi. Notre Foi se bâtit elle-même
sur 3 piliers, indissociable l’un de l’autre : l’écoute de la parole,
la célébration liturgique, le service du frère.
Et nous avons la chance, dans notre paroisse, de vivre la richesse
qu’offre la diver-sité de nos 3 clochers, chacun donnant une part
différente, et complémentaire, de l’unité du Peuple de Dieu.
La trinité est fondamentale car elle nous rappelle que la perfection
est au cœur du projet de Dieu pour sa création. Elle nous donne un
modèle de complétude qu’il nous appartient de bien appréhender.
Le Père, tout d’abord, qui est le créateur. Celui qui a donné vie à
toute chose, par qui tout a été créé. Celui dont nous sommes les
enfants, à qui nous adressons notre prière en disant « Notre Père »,
celui dont nous venons et vers lequel, au jour de la mort, nous
retournons. Celui dont nous avons eu longtemps une image de sévérité et
d’austérité mais qui se révèle, lorsqu’on lit attentivement les textes,
un père aimant et attentionné. Lui-même le révèle à Moïse dans la 1ère
lecture en se décrivant comme Tendre et miséricordieux, lent à la
colère, plein d’amour et de vérité.
Le Fils, ensuite, dont nous disons dans le Crédo : Engendré, non pas
créé, de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait. Pour
nous les hommes, et pour notre sa-lut, il descendit du ciel. Il est le
don d’un Dieu qui, comme le dit Jean dans l’Evangile que nous venons
d’entendre, a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique,
non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit
sauvé. Ce fils qui s’est fait notre frère, en venant à la vie du sein
d’une femme, en grandissant auprès de ses parents, jouant, apprenant et
même parfois en fuguant et rendant ses parents pétris d’inquiétude. Ce
fils qui, obéissant à son Père jusqu’au bout, a enduré l’humaine
douleur et a expiré au terme d’une agonie qui le fait ressembler si
fort aux Hommes et aux Femmes que la vie crucifie et que le destin
écrase.
Et puis l’Esprit Saint, enfin, que le Père, par le souffle du fils,
répand sur ses disciples au soir de la Pentecôte ; qu’il donne aux
Hommes comme la Force qui les aide à cons-truire son Royaume. L’Esprit
Saint, on a souvent du mal à l’appréhender. On ne sait comment le
représenter. Il est décrit parfois comme une colombe (dans le récit du
baptême de Jésus selon St Marc), comme des langues de feu, comme un
souffle puis-sant, un vent impétueux. Mais l’Esprit Saint est avant
tout le souffle de Dieu qui, au plus profond de notre cœur, fait brûler
la flamme de son amour.
Saint Bernard écrivait : "Si l'on représente le Père donnant le baiser,
et le Fils le recevant, l'Esprit Saint sera ce baiser lui-même, comme
étant du Père et du Fils l'indissoluble lien, l'inséparable union,
l'indivisible unité". Cette magnifique phrase nous aide à bien
réaliser que n’avons pas de choix à faire entre ces 3 figures de la
Sainte Trinité. Elles constituent ensemble la complétude ce qu’est Dieu
et de ce qu’il a offert au monde et aux Hommes qu’il a créés. Je trouve
magnifique la phrase de la lettre de St Paul que nous avons entendue
dans la 2ème lecture : « La grâce de Jésus Christ, l’amour de Dieu et
la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » Elle nous
rap-pelle que nous avons la chance d’avoir reçu, en tant que chrétiens,
la promesse d’un Amour parfait, équilibré, fécond, auquel rien ne
manque. Elle nous dit aussi que nous devons être, en tant qu’héritier
de ce formidable cadeau, les signes de la paix que nous avons-nous-même
reçus.
Alors frères et sœurs, laissons-nous guider par l’exhortation de Saint
Paul dans sa lettre aux corinthiens : Soyons dans la joie, cherchons la
perfection, encourageons-nous, soyons d’accord entre nous, vivons en
paix. Alors, nous le savons, le Dieu d’Amour et de Paix sera avec nous.
Il le sera par le Père, par le fils et par le Saint Es-prit.
Amen.
Olivier RABILLOUD
Pont St Martin – le 6 juin 2020