Fête de la Sainte Trinité

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Ex 34, 4b-6.8-9) ; Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18
« Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous ».
Cette salutation trinitaire qui termine la deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens – c’était la deuxième lecture – a été écrite trois cents ans avant même que le mot « trinité » n’ait été forgé. En même temps que ce nouveau mot « Trinité », s’est ancrée chez les chrétiens, au quatrième siècle donc, l’habitude de faire sur eux le signe de la croix, « au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».
Si le mot « Trinité » n’apparaît jamais dans aucun livre de la Bible, ni dans l’ancien testament ni dans le nouveau, l’intuition selon laquelle Dieu est Père, Fils et saint Esprit, apparaît très tôt dans l’histoire du peuple de Dieu, sous des formes diverses. Il y a bien-sûr des épisodes marquants, dans lesquels on voit en même temps le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Certains par exemple reconnaissent la Trinité dans les trois mystérieux visiteurs d’Abraham, dans le livre de la Genèse. Ce texte en hébreu alterne le pluriel et le singulier, laissant le lecteur avec cette impression d’une seule personne en trois visiteurs. Mais le passage le plus connu est certainement le baptême de Jésus, où Dieu se manifeste en trois personnes : la voix du Père se fait entendre : « celui-ci est mon Fils bien-aimé » ; on est donc en présence du Père et du Fils, et l’Esprit se rend alors visible en se faisant colombe planant au-dessus de la tête de Jésus.
La Trinité que nous fêtons aujourd’hui est un mot bien pratique inventé lors du Concile de Nicée en 325, qui permet de désigner Dieu comme étant constitué de trois personnes distinctes, mais unies : tri-unité, trinité. Le père, le Fils et l’Esprit étant de la même substance. Ce n’est pas très facile à comprendre, il faut l’avouer. Le terme grec d’origine employé au Concile de Nicée est constitué de 2 mots  qui se traduisent exactement par « de même substance ».
À l’occasion de l’ouverture de l’année liturgique 2021, on a repris les traductions françaises de tous les textes de la messe. On a réintroduit – enfin ! – dans le credo de Nicée-Constantinople le terme « consubstanciel au Père ». Que n’a-t-on pas entendu alors ! « l’Église complique encore les choses avec un terme incompréhensible ! Encore du jargon d’Église ! » Pourtant, au milieu des années 60, après Vatican II, lorsque la messe a été traduite du latin en français, que n’a-t-on pas entendu non-plus sur la traduction « de même nature que le Père » ! « On trahit le Concile de Nicée ! la substance, ce n’est pas la nature ! ». A l’époque, l’argument des traducteurs francophones était que la notion de substance « ne dit plus rien à nos contemporains ». Cela dit, le terme « nature » ne leur parle pas davantage, et de plus, il traduit mal la réalité de la Trinité.
Des personnes distinctes, comme vous et moi, sommes de même nature, la nature humaine. Nous avons les mêmes caractéristiques propres à notre espèce : nous avons un cerveau, deux mains, deux bras, nous marchons sur nos deux jambes, etc. Nous sommes de même nature mais nous sommes de substances distinctes, parce je ne suis aucun de vous et vous n’êtes pas moi. Nous ne sommes pas le même être. Le Père, le Fils et le Saint Esprit, eux, sont tous les trois de la même substance, du même être. Ils sont Dieu, non pas trois dieux, mais le même Dieu, la même substance divine, en trois personnes. Ils sont consubstanciels.
Bon, je le disais, ce n’est pas simple… mais quand un terme de la foi est difficile, ne vaut-il pas mieux essayer de le comprendre, plutôt que de le rejeter ? Notre foi a besoin de s’appuyer sur la raison, sur la connaissance des réalités de Dieu. Quand il s’agit d’en rendre compte, quand il s’agit de la définir – et c’est le rôle du Credo – on ne peut pas se contenter d’approximations. Surtout si elles sont erronées.
Il est donc important de comprendre ce que l’on croit. C’est même un devoir, puisque se former à l’intelligence de la foi est un des Cinq Essentiels de la vie chrétienne. Sans doute celui qui est le plus négligé. La prière, la fraternité, le service, ça va presque de soi. L’évangélisation, c’est logique, même si ça nécessite d’importants efforts. Mais la formation… ? pourtant, comme pour les quatre autres, il n’y a pas d’âge pour décider de le mettre en pratique. Seul ou à plusieurs, en couple ou en petits groupes, de nombreuses formations existent, en ligne avec les MOOC proposés par divers organismes catholiques, ou « à l’ancienne » en consultant simplement le Service Diocésain de Formation. On peut même se contenter de lire des livres ! Ils ne manquent pas, sur les thèmes les plus divers.
Pour autant, la foi n’est pas réservée à une élite, bien évidemment. Les croyants ne constituent pas une société savante qui utiliserait un jargon spécifique. Jésus lui-même s’en réjouit, au chapitre 11 de l’Évangile de Matthieu : « Je te bénis, Père ! Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » Et si on ne comprend pas vraiment l’entière réalité de Dieu Trinité, c’est bien normal. La Trinité reste un « mystère ». Personne ici-bas ne peut prétendre connaître totalement Dieu. Même pas les sages et les savants. Et les tout-petits, quant à eux, les simples, n’ont pas besoin de mots pour comprendre que Dieu est amour, que l’amour est universel, qu’il apporte la joie et qu’il mène à Dieu, le Père, en imitant le Fils, avec la force de l’Esprit Saint.
D’ailleurs, dans l’évangile d’aujourd’hui, Saint Jean nous rassure sur ce point : « Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Et Saint Jean ajoute : « celui qui croit en lui échappe au jugement ». Non pas celui qui sait, celui qui comprend tout ; non pas le plus savant ou le plus érudit, mais simplement « celui qui croit ». Celui qui croit en Dieu, Père Fils et Esprit Saint, est déjà sauvé.
Alors, puisque nous croyons, réjouissons-nous ensemble ! Nous échappons au jugement, c’est le Christ lui-même qui nous l’a dit ! Le jugement qui nous est promis n’est rien moins que notre salut ! Rendons grâce à Dieu pour cette merveille ! et proclamons ensemble, comme chaque dimanche, notre foi en ce Dieu Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit !
 
Amen.

Daniel BICHET, diacre permanent
Clisson et Gétigné, le 7 juin 2020



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