Dans
les
années 1950, à la question de catéchisme : « Qu’est-ce que
le
mystère de la sainte Trinité ? », il fallait répondre, je
cite :
« Le mystère de la sainte Trinité est le mystère d’un seul
Dieu en
trois personnes distinctes ». L’enfant que j’étais y
perdait son petit
savoir en arithmétique et son peu de latin ! Aujourd’hui
encore, pour
nous, le mystère reste entier si nous ne nous appuyons que sur nos
raisonnements humains. Pour entrer un peu plus dans la compréhension
de ce
mystère, laissons le Seigneur ouvrir notre intelligence et notre
cœur dans
l’accueil et l’écoute de sa Parole. Dans le livre de l’exode, Dieu
lui-même se
présente à Moïse comme « le Seigneur, Dieu tendre et
miséricordieux,
lent à la colère, plein d’amour et de vérité ». On est
loin de l’image
d’un Dieu vengeur, coléreux, moralisateur, punisseur, image qui
subsiste encore
dans notre inconscient chrétien. Nos esprits sont malheureusement
encore
obstrués par l’image d’un Dieu-gendarme à l’affût de chacun de nos
écarts et de
nos faux pas.
Non,
notre
Père céleste est toute tendresse et toute bonté. Il se tient à nos
côtés
et nous comble de sa bénédiction, comme jadis auprès de Moïse sur la
montagne
du Sinaï. Il nous libère de nos peurs, comme il a libéré les Hébreux
de l’esclavage en Egypte pour les accompagner
et les guider vers la terre promise. Même si comme eux nous avons la
« nuque
raide », engoncés dans un corset de préjugés, par-delà
nos faiblesses,
nos addictions, nos fragilités, le Seigneur Dieu nous accueille avec
bienveillance, nous pardonnant nos fautes et nos péchés à l’image du
Père du fils prodigue.
Cet
amour,
Dieu l’a révélé de façon unique par l’incarnation de son Fils Jésus,
« conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie »
comme nous le
proclamons dans le credo. Jésus, qui a épousé notre condition
humaine. Lui, sur
qui l’Esprit Saint est descendu sous la forme d’une colombe
lorsqu’il fut
baptisé dans le Jourdain. Lui, à qui le Père a déclaré tout son
amour :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie ».
A
travers ses paroles et ses actes, Jésus a mis en œuvre cet amour
infini de son
Père pour chacune et chacun de nous. Car l’amour est la nature, la
substance
commune du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint. Il suffit de
parcourir les
évangiles pour voir cet Esprit d’amour à l’œuvre.
Nous
y
découvrons ou re-découvrons Jésus, miséricordieux envers les
prostituées, qui
s’invite dans la maison de Zachée,
le
collecteur d’impôt, qui partage le repas avec les publicains et les
pécheurs.
Qui n’hésite pas à côtoyer les
lépreux
et autres malades, à les guérir. Qui rencontre la femme samaritaine
ou la cananéenne.
Qui dénonce les hypocrisies de toutes sortes. Ce Jésus qui lave les
pieds à ses
Apôtres. Qui pardonne à la femme adultère, à Pierre qui l’a renié,
au bandit
qui est crucifié à côté de Lui. Ce Jésus qui est saisi d’émotion
devant la
douleur des ses amies Marthe et Marie à la mort de leur frère
Lazare. Qui pose
un regard bienveillant sur le jeune homme riche. Ce Jésus qui s’est
pris de
passion pour les humains en prenant le chemin, ô combien tragique,
de la
passion et de la souffrance, par amour pour nous.
A
Nicodème qui le questionne, Jésus donne la vraie mesure de cet amour
inconditionnel de Dieu pour nous : « Dieu a tellement
aimé le
monde, qu’Il a donné son Fils unique…il a envoyé son Fils dans le
monde, non
pas pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit
sauvé ».
La relation entre Dieu et nous est fondée sur l’amour, la
miséricorde : on
est loin de l’image d’un Dieu, juge répressif qui vient punir et
souhaite la
mort du pécheur.
Sœurs
et
frères bien-aimés, laissons l’Esprit
de
Pentecôte, souffler sur le brasier d’amour pour attiser en nous le
feu de la
charité. Laissons-le affermir nos voix pour proclamer la Bonne
Nouvelle du
Salut. Dans notre monde, l’esprit des ténèbres, l’esprit du mal, de
la haine,
de la violence, du mensonge semble prendre le dessus. Dans ce monde
de conflits
et de guerres où la vie humaine est méprisée, répondons positivement
à
l’invitation de saint Paul : « Frères, soyez dans la
joie,…, vivez
en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous… ».
Oui, chaque
vie humaine, quelle qu’elle soit, a du prix aux yeux de Dieu !
Oui, comme
nous l’y invite le prêtre, au début de chaque Eucharistie : que
« la
grâce de Jésus le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père,
et la
communion de l’Esprit-Saint soient toujours avec nous ».
Lors
de
notre baptême, nous avons été marqués du signe de l’amour, le signe
de la
croix. Baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Depuis
ce jour,
sous la tendresse bienveillante du Père, la lumière du Christ et la
force de
l’Esprit-Saint nous ont accompagnés. Nous avons pris racine dans la
tradition
vivante de l’Eglise. Sans nous réfugier dans la nostalgie du passé.
D’un passé
où « notre mère l’Eglise » faisait étalage de sa
puissance et
souvent , hélas, de son arrogance. Dans l’humilité du service,
avançons sur les
chemins de nos vies ordinaires, en témoins audacieux et joyeux de ce
Dieu
d’amour trois fois saint. Agissons, par nos paroles et nos actes, +
au nom du
Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Arsène
BUCHHOLZER,
diacre permanent
Niederhaslach - 4 juin 2023