Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
Homélie du
Dimanche du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Les textes de ce dimanche nous parlent de vie et de
mort, de pain et de vin, de faim et de soif, de l’eau et de la manne
donnée par Dieu dans le désert au peuple qui crie sa faim et commence à
regretter la situation d’esclave au pays d’Egypte. Deux registres
s’entrecroisent, tous deux nécessaires à la vie :
- Le registre des besoins essentiels de l’homme pour pouvoir simplement
vivre. Ce monde est bien celui d’aujourd’hui, lorsque l’on voit les
gens de la rue tendre la main pour manger ou les habitants du sahel
fuir leur pays de faim et de soif pour survivre…
- Le registre de la faim et de la soif spirituelle, celui du divin ou
l’Eucharistie, avec le pain que nous mangeons et le vin que nous buvons
est nourriture divine.
Faim matérielle et faim spirituelle, vie de l’homme et vie de Dieu se
rencontrent dans le corps du Christ livré en nourriture pour nous et
tous les hommes.
Le texte du Deutéronome fait mémoire de la longue
marche au désert, de la faim ressentie par le peuple de Dieu ; et,
l’évangile commence par : « après avoir nourri la foule, avec cinq
pains et deux poissons… ». Comment l’homme peut-il reconnaître qu’il «
ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du
Seigneur » si sa faim matérielle n’est pas comblée ? Sans un
minimum vital, il est bien difficile d’exprimer et de satisfaire les
besoins spirituels. Dans les premiers siècles de l’Eglise, le
rassemblement dominical est le lieu d’un partage avec les plus démunis,
notamment pour nourrir les pauvres. Charité et Communion au corps
du Christ sont très fortement liés.
La fête du corps et du sang du Christ est
l’expression même de l’amour de Dieu donné à tous les hommes. Dieu nous
donne sa Vie. L’Eucharistie c’est le cadeau que nous a fait Jésus avant
de partir vers son Père : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a
la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour… Le pain
de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au Monde »
nous dit Saint Jean. A chaque Eucharistie, nous revivons le dernier
repas du Seigneur, nous rappelons sa mort et nous proclamons sa
résurrection, et nous communions au Christ ressuscité, vivant. Dans la
Foi, le pain rompu, c’est le corps du Christ donné en partage à tous
les hommes, le sang du Christ c’est le sang versé pour notre salut et
pour la multitude.
L’évangile de Saint Jean ne décrit pas la Cène du Seigneur ; mais dans
la suite de la multiplication des pains, il nous parle longuement du
pain de vie. C’est en fait une longue méditation sur le don du Christ
Jésus. Jésus disait : « Je suis le pain vivant descendu du ciel : si
quelqu’un mange ce pain, il vivra éternellement… Le pain que je vous
donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.». Les
mots sont forts. Le Christ se donne dans l’Eucharistie comme il s’est
donné sur la croix pour le salut du monde.
A chaque messe Dieu renouvelle son alliance avec l’homme… Alliance qui
se vit à la fois sur le plan personnel et sur le plan communautaire.
Saint Jean nous invite chacun à demeurer dans l’amour du Seigneur. Ce
mot ‘’demeurer’’ est repris 35 fois dans son évangile. « Celui
qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure
en lui ». Le but ultime de la vie du chrétien, c’est bien de demeurer
avec Dieu et en Dieu. Ce chemin d’alliance commence dans la vie de tous
les jours, ici et maintenant. Cette « alliance nouvelle et éternelle »
« n’est pas une union juridique, mais une union d’amour. Voilà pourquoi
le symbolisme du mariage est présent d’un bout à l’autre de la bible »
(F. Varillon). Lorsque je prépare avec de jeunes couples leur mariage,
ils ont bien conscience que l’alliance qu’ils vont conclure ensemble se
vit au jour le jour, et se conforte par leur volonté et les choix
qu’ils feront dans la vie, par le dialogue et aussi le pardon… Oui,
demeurer avec quelqu’un que l’on aime et qui nous aime se cultive au
jour le jour. De même, cette alliance avec le Seigneur a ses règles et
ses exigences. L’Eucharistie en est un moment très privilégié : c’est
l’union de chacun au Christ qui se donne en nourriture. Accueillir le
don de Dieu et se donner à lui.
L’Eucharistie symbolise et réalise aussi l’alliance
de Dieu avec l’humanité Le Christ se donne aux hommes pour le salut du
monde. La communion au corps du Christ donne consistance à la
communauté chrétienne ; « la multitude que nous sommes est un seul
corps, car nous avons tous part à un seul pain », nous dit Saint Paul.
L’eucharistie construit la fraternité des croyants qui devient signe de
Dieu pour l’humanité toute entière, car le salut est universel.
Vivons cette Eucharistie comme le don inestimable de
Dieu à l’homme. Recevons le corps du Christ avec respect. Le concile
Vatican II s’inscrit dans la tradition des Pères de l’Eglise et de
Saint Cyrille de Jérusalem qui, au 4ième siècle, invite les chrétiens à
communier de la sorte : « Lorsque tu viens communier, ne t’approche pas
les mains grandes ouvertes, ni les doigts écartés, mais avec la main
gauche, fait un trône pour la droite qui va recevoir le Seigneur.
Reçois le Corps du Christ et répond ‘’Amen’’.
Yves Michonneau, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
2 juin 2014