Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Fête des premières communions.
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Il
n’y a pas que ceux qui écoutaient Jésus, qui peuvent se poser une telle
question. Nous aussi, tant les paroles de Jésus que nous venons
d’entendre paraissent ahurissantes ! Les enfants, nous ne sommes
pourtant pas devant une histoire de vampire, de magicien ou
d’anthropophage ! Bien au contraire ! Il est alors vraiment nécessaire
de comprendre ces paroles de Jésus, a priori difficiles, mais dont le
sens est très fort.
Alors interrogeons-nous un peu plus : pourquoi un repas ? Pourquoi du
pain et du vin ? Et pourquoi ce pain est-il la chair, et ce vin le sang
de Jésus ? Quel en est le sens ? Qu’est-ce que cela peut-il nous
apporter ? Essayons de comprendre … Commençons par le repas, avant de
parler de la nourriture.
Réunir une famille, des amis, autour d’un repas est un moment de joie
partagée. Vous le vivrez en particulier après cette messe. Il en est de
même pour Dieu. Le Dieu des chrétiens nous invite à un repas,
l’eucharistie. Quelle manière originale et inattendue, pour Dieu, de
nous rencontrer !
Lorsque Jésus prononce ces paroles devant ses amis, il vient
d’accomplir un grand geste. C’est juste avant le passage que nous avons
entendu ce jour. La multiplication des pains. La foule avait faim et il
n’y avait pas assez à manger. A ce propos, la première lecture fait
mémoire d’un événement encore plus ancien, que Jésus connaissait bien
lorsqu’il multiplia les pains. Lorsque le peuple hébreu était nomade,
dans le désert, il éprouva la faim. Pour aider ce peuple à poursuivre
sa route, Dieu envoya une sorte de pain, appelé la manne. A présent,
c’est Jésus qui donne le pain. En ce sens, Jésus n’invente pas quelque
chose de nouveau. Il fait mémoire de ce cadeau de Dieu, en nourrissant
la foule avec du pain. Jésus agit bien au nom de Dieu. Beaucoup de ceux
qui suivaient Jésus ont compris que, par ce miracle, Dieu était avec
Jésus.
Mais Jésus veut nous faire comprendre une autre réalité que celle du
pain qui nourrit quand on a faim : manger du pain fait de farine et
d’eau est déjà quelque chose pour nourrir notre corps, mais Jésus nous
révèle ici qu’en chacune, chacun de nous, il y a une faim plus forte,
dont nous n’avons pas forcément toujours conscience : une faim d’aimer,
de partager, de construire ensemble, d’aider ceux qui sont en
difficulté, d’aspirer à vivre dans le bonheur. Et en Dieu aussi, il y a
un désir permanent de se communiquer à chaque homme pour répondre à
cette faim. Et face à cette faim, il faut une autre nourriture, qui ne
néglige pas pour autant le pain. Cette nourriture, c’est Dieu lui-même,
donné dans l’Eucharistie. Les enfants, beaucoup parmi vous avez
communié pour la première fois le soir du jeudi saint, ce jour où l’on
fait mémoire du dernier repas de Jésus avec ses amis. Or, au cours de
ce repas, Jésus dit sur le pain : « ceci est mon corps ». Il dit sur le
vin : « ceci est mon sang. Mangez et buvez. Faites ceci en mémoire de
moi ». Aujourd’hui, tous ensemble, nous renouvelons ce repas, comme
lors de chaque messe, grâce aux paroles du prêtre qui permet ce don,
parce que Dieu et nous-mêmes le désirons ensemble.
Dans la communion, Dieu lui-même, en la personne de Jésus le Christ
présent dans l’hostie consacrée, vient en chacun de nous. Dieu
vient demeurer en nous. Demeurer, cela veut dire rester, comme un ami
que l’on n’a pas envie de voir partir. Quand tu communies, Dieu demeure
en toi et toi tu demeures en lui. Vous avez compris, les enfants,
qu’avec la tradition juive de la manne dans le désert, reprise par
Jésus avec la multiplication des pains, Dieu a choisi le pain pour
demeurer en nous. Il n’a pas choisi une substance totalement naturelle,
comme un fruit ou un légume. Et pourquoi donc ? Tout simplement parce
que Dieu, quand il vient jusqu’à nous, cherche à nous associer à sa
venue. Comme si, pour retrouver un ami, toi et ton ami faites une
partie du chemin, une partie de la préparation à la rencontre. Comme si
toi et ton ami prévoyez chacun un petit cadeau. Nous fabriquons
l’hostie, fruit de la terre qui produit le blé, fruit du travail des
hommes qui récoltent le blé, préparent la farine, la mélange à l’eau
avant de cuire la pâte, afin de l’offrir à Dieu pour l’accueillir. Et
Dieu accepte de se rendre présent dans ton petit morceau de pain,
appelée l’hostie. Aussi, quand tu accueilles l’hostie, soit au creux de
ta main, soit sur ta langue, accueille-la comme un cadeau d’une grande
valeur.
Quant au vin, il devient le sang du Christ. De tout temps, dans toute
culture, le sang est le signe de la vie. La coupe de vin, sang du
Christ, témoigne que Jésus est toujours vivant et parmi nous. Le plus
souvent, on ne communie qu’au corps du Christ avec le pain, mais le vin
ajoute comme un plus, le plus qui symbolise la joie des retrouvailles,
de la fête.
Alors, comme dit Paul, « la multitude que nous sommes aujourd’hui est
un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ». Communier, ce
n’est donc pas seulement accueillir Dieu en nous, c’est aussi nous
relier les uns aux autres, d’une manière invisible, pour nous aider et
nous soutenir mutuellement. C’est très important, de ne pas être seul.
Aussi, après la communion, chacun peut, en fermant les yeux quelques
instants, faire une double expérience : ressentir que Dieu vient
demeurer en toi, au plus profond de toi-même, là où toi-même tu ne peux
pas aller ; et ressentir la proximité de tous ceux qui sont présents
autour de toi dans cette église, dans un cœur à cœur invisible mais
bien réel.
Alors, les enfants, vous pourrez ressentir en vous-même la présence de
Jésus qui vous dit : tu m’accueilles et je t’accueille. Ne m’oublie
pas, reviens vite me voir dans une prochaine communion. Je t’attends
avec joie.
Christophe DONNET, Diacre permanent, Diocèse de St-Etienne
Valbenoîte, 22 juin 2014