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Dimanche de la Sainte Famille

             
Si 3, 2-6.12-14 ; Ps 127 ; Col 3, 12-21 ; Mt 2, 13-15.19-23

   la Sainte Famille. Voici le nom que la tradition a donné au dimanche suivant le jour de Noël et qui notre dimanche aujourd’hui.
Bien sûr, cette expression nous fait penser immédiatement à la famille de Nazareth composée de Joseph, Marie et Jésus.
Nous allons essayer de penser ce que cette famille avait de saint à partir du passage d’évangile que nous venons d’entendre.
A priori, il nous faut lire entre les lignes puisque ce récit nous parle d’abord d’une histoire de migrants. Le simple récit d’une famille dont la vie de l’enfant est menacée et qui doit fuir et quitter son pays pour un autre pays. Le récit d’une famille qui a plus de chance que bon nombre d’autres familles de notre époque puisqu’ils pourront finalement retourner dans leur pays d’origine.

Pouvons-nous dire alors que c’est déjà par leur simple qualité de migrants que nous pouvons les considérer comme saints ?
« Sans doute », dirait le pape François.
D’ailleurs, le Catéchisme de l’Église catholique (en 1992) rappelle notre devoir de pourvoir aux besoins des hommes notamment dans l’assistance aux migrants et à leurs familles.
Alors oui, cela peut changer notre regard sur les migrants de notre époque, qui sont peut-être chacun à leur manière, des saintes familles.
Rappelons-nous qu’il y a ici-même des familles de migrants, n’est-ce pas ?

Essayons d’aller voir un peu plus loin ce que veut dire le mot « Saint ».
Sans doute vous rappelez-vous vos leçons de catéchisme où nous apprenions « Dieu seul est saint ». Dans ce contexte, il s’agit bien d’une sainte famille puisque Jésus est présent, vrai enfant et vrai Dieu.

Or, pour nous aujourd’hui, que pouvons-nous comprendre de cet exemple qui nous est donné puisque Jésus n’habite pas avec nous ?
S’agit-il d’une douce illusion ? ou d’un idéal inaccessible ?

Si nous reprenons le fil des lectures, nous pouvons trouver une clé.
Elle est cachée dans le psaume que nous venons de chanter.
Il s’agit de la phrase :
« Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies. », et la clé est plus précisément dans le verbe « craindre le Seigneur ».
Que peut signifier cette expression « Craindre le Seigneur » ?
Ordinairement, ce mot nous fait penser à la peur. S’agit-il d’avoir peur du Seigneur ?
Et celui qui aura peur du Seigneur sera heureux ?
Quel terrible idée !
Cherchons ce que veut dire l’auteur du psaume car de la crainte du Seigneur, il en est question dans toute la Bible.

André Chouraqui qui a traduit la Bible en choisissant des termes proches de l’hébreu, nous propose cette phrase : « En marche, toi qui es tout frémissant de Dieu. »
C’est le frémissement de l’émotion et non pas celui de la peur. Nous connaissons cela déjà, parfois devant un grand bonheur : nous nous sentons tout petit.
Imaginons maintenant Joseph qui reçoit en songe l’ordre de quitter Bethléem, et plus tard de quitter l’Égypte avec la mère et l’enfant.
Accepter de se mettre à l’écoute de Dieu et d’agir dans ce qui est prescrit, et découvrir que cette parole peut sauver la vie et permettre à la vie de se développer, est une expérience qui fait grandir en nous un sentiment de gratitude et reconnaître combien nous sommes enfants de Dieu puisqu’il est notre Père.
C’est la relation de Joseph et Marie avec le Père qui en fait des personnes saintes.
Voilà ce que peuvent connaître aussi les migrants de notre époque qui mettent leur espoir en Dieu.
Voici pourquoi nous aussi, nous pouvons être appelés saints comme Dieu est saint dans la mesure où nous acceptons de nous laisser rejoindre par la présence de Dieu dans nos vies.
Oui, c’est tout à fait ce que nous faisons par la prière individuelle et tous ensemble comme aujourd’hui dans cette eucharistie : nous reconnaître enfants du Père et frères et sœurs en Jésus. Nous voici donc bien en présence de Jésus comme dans la Sainte Famille.

Il y a trois semaines, j’étais à Alençon où est née Thérèse de Lisieux et où sa famille a vécu avant d’aller à Lisieux. Ses deux parents, Louis et Zélie Martin, ont été canonisés il y a 4 ans par le pape François, pour leur vie sainte et exemplaire.
Ce que je retiens de leur vie, c’est à la fois le désir d’être proches de Dieu par Jésus, et celui d’agir dans le monde par leur travail, leurs relations quotidiennes et l’éducation de leurs enfants dans la foi.
Il n’y a rien de vraiment extraordinaire puisqu’il s’agit du quotidien de nombreuses familles d’aujourd’hui, et je suis sûr qu’il y en a ici dans cette assemblée, et dans les personnes que nous connaissons.
Ce qui suscite le respect dans le récit de leurs vies, c’est d’avoir tenu bon malgré le grand nombre d’épreuves traversées : sur les neuf enfants, quatre meurent en bas âge, et une de leurs filles va garder un handicap mental toute sa vie.
Je crois que c’est l’ordinaire de leur vie, qui parce qu’elle a été accompagnée de la recherche de la présence de Dieu dans tous les aspects de leur vie, qui rend leur vie extraordinaire.
Nous aurons la chance de vivre un moment de prière autour de cette famille lors de la première semaine du prochain carême.

Pour conclure, je voudrais relever la deuxième partie de notre phrase du psaume :
« Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies. »,
Si nous aspirons au bonheur que Dieu promet, que peut bien signifier l’expression « Marcher selon ses voies » pour nous aujourd’hui ?
Eh bien, prenons le temps de relire le message de St Paul dans la lettre aux Colossiens :

Frères,
puisque vous avez été choisis par Dieu,
que vous êtes sanctifiés, aimés par lui,
revêtez-vous de tendresse et de compassion,
de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.
Supportez-vous les uns les autres,
et pardonnez-vous mutuellement
si vous avez des reproches à vous faire.
Le Seigneur vous a pardonné :
faites de même.
Par-dessus tout cela, ayez l’amour,
qui est le lien le plus parfait.
Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ
à laquelle vous avez été appelés,
vous qui formez un seul corps.
Vivez dans l’action de grâce.
Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse.


Michel BERDAH, diacre permanent
le 29 décembre 2019

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