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Nuit de Noël


Depuis de nombreuses semaines nous sommes submergés sans arrêt par des messages publicitaires ou des annonces du style : « marché de Noël », « pas de belles fêtes sans…nouvelles technologies », « gagnez plus », « pouvoir d’achat », « achetez maintenant, payez l’année prochaine ». Vous les avez entendus comme moi.
On pourrait penser que nous vivons dans un monde ou les biens matériels sont la source du bonheur. « Plus j’achète, plus je possède, plus je suis heureux ! »
Cette maxime pourrait être un miroir aux alouettes pour beaucoup de nos contemporains. Et pour beaucoup d’autres elle serait le signe du malheur car ils ne réussissent pas à acheter. Ils n’ont pas les moyens d’acquérir ce que la société met devant les yeux.
Et nous, ce soir, nous sommes dans une église pour fêter un enfant né, il y a plus de 2000 ans, et couché dans une mangeoire. Que pensons nous du bonheur ? Est-il possible ?
Regardons le cet enfant, avec ses parents. On n’a pas voulu d’eux dans la salle commune. « Encore du dérangement, nous sommes trop occupés… »

« Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs ». A cette époque les bergers étaient des parias car leur vie ne leur permettait pas d’être fidèles à toutes les obligations de la loi.
Et pourtant « L'ange du Seigneur s'approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière ». Cet enfant est Fils de Dieu. Les anges en témoignent.
Pour notre bonheur, nous voudrions souvent que Dieu soit tout puissant c'est-à-dire que tout lui obéisse : les hommes, les animaux, la nature, les maladies : tout est possible à un tel Dieu.
Ici c’est l’inverse : Dieu se fait petit enfant, vulnérable, fragile, dépendant des ses parents pour tout. Les premières personnes qui le rencontrent ne sont ni puissantes, ni riches mais exclues et mal considérées. C’est incompréhensible !
A cette époque si le Messie était vraiment revenu, il aurait été accueilli d’abord par ceux qui sont fidèles à la prière, au pèlerinage, au Temple, à Jérusalem. Il serait venu tout vêtu d’or, entouré de légions d’anges pour chanter sa gloire ! Au moins le pensait-on.
En fait, si vous avez un petit peu lu la Bible vous le savez: c’est toujours pareil avec Dieu. Il nous attend là ou nous ne le cherchons pas. Les anges chantent « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. » Saint Jean nous dira plus tard que Jésus a été glorifié en mourrant sur une croix comme un malfaiteur.
«La gloire de Dieu c'est l'homme vivant» nous a apprit Saint Irénée un des premiers évêques de Lyon. Et Jésus mourra sur la Croix pour sauver l’homme de la mort éternelle. Pour que nous puissions tous être vivants de la vie de Dieu. Vie éternelle de bonheur et de joie profonde.
Ce bonheur là nous semble un peu difficile à concevoir.
Quand une maman choisit quelque chose pour le bien de son enfant ? L’enfant n’est pas toujours heureux ; mais la maman a souvent raison et elle dit « je te connais comme si je t’avais fait ! »
Eh bien pour Dieu c’est pareil : il nous connaît tous parce qu’il nous a créé ! Mais le bonheur qu’il nous propose n’est pas toujours facile à accepter:
- Il faut d’abord aimer. Mais aimer en vérité. Aimer quelqu’un pour lui-même. C'est-à-dire rechercher le bonheur de l’autre sans  forcément chercher le sien.
- Cela veut dire quelquefois renoncer, même dans des choses simples : renoncer à regarder un match de foot à la télé ou à jouer sur la Playstation pour aller marcher en famille : mais si c’est pour le bonheur de tous alors je serais récompensé par la joie partagée.
- Cela veut dire service. Comme Marie qui n'avait pas prévu de mettre au monde le Fils de Dieu dans une étable, mais qui a dit "oui".
On place souvent la crèche dans une grotte. Je voudrais vous emmener dans une autre grotte que nous connaissons tous : la grotte de Lourdes. Marie y est apparue à une bergère, Bernadette, qui ne savait ni lire ni écrire et dont les parents n’étaient pas bien considérés. Plus tard, en entrant au Carmel de Nevers, Bernadette, a entendu une remarque d’une religieuse qui voulait voir celle qui avait parlé à la Saint Vierge : « Ce n’est que çà Bernadette !» Et elle de répondre : « vous savez je suis comme un balais : quand on a fini de s’en servir on le range dans le placard » Le service ne lui était pas monter à la tête !
En fait, quand Dieu pense à notre bonheur, il pense à notre sainteté : pour lui, c’est la même chose. Nous pensons qu’être saint, c’est être parfait. Nous pensons que nous devons mériter l'amour de Dieu. Mais Dieu lui, pense que notre bonheur c'est d'aimer et que plus on aime, plus on est saint.

Regardons l’enfant de la crèche. C’est étonnant, mais sans que rien ne soit dit, cette fête de Noël est un moment ou traditionnellement les familles se rassemblent, on parle souvent de la trêve de Noël, sur les champs de bataille, en politique, partout où il y a des conflits. C’est déjà l’esprit de Jésus qui œuvre en nous. Isaïe nous l’a présenté « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix »
Nous l’avons entendu tout à l’heure dans le conte. Ce qui intéresse Jésus ce ne sont pas nos réussites éclatantes mais ce sont nos loupés, nos ratés, nos colères. Si nous lui offrons Il les portera avec nous et nous montrera le chemin du vrai bonheur. Il attend seulement que nous disions oui à son amour. Il nous attend depuis toujours; Dans la crèche Il nous tend les bras. Et de même Il nous invite à nous porter les uns les autres comme Dieu nous porte. A nous servir les uns les autres comme Dieu nous sert. A nous aimer les uns les autres comme Dieu nous aime.

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune »
 Et Aujourd’hui en 2007, notre société, notre salle commune, laisse-t-elle de la place à Jésus ?
De quel coté se place Jésus ? Du coté des SDF que l’on ne veut pas voir quand il fait  moins 10 dehors, comme la semaine dernière à Paris ? Du coté des travailleurs étrangers qui ne peuvent avoir de visas que s’ils ont du travail, et à qui l’on donne du travail seulement s’ils ont un visa ?
Avez-vous remarqué que Joseph ne dit rien ? Il pourrait récriminer, rouspèter ? Jésus est trop petit pour parler, mais à travers lui, Dieu non plus ne dit rien. Mais il est là ; Il vit avec ceux que la société ne veut pas voir.
Et Aujourd’hui il nous demande de faire de même. Regardons ce qui se vit ici dans notre Eglise : avec la pastorale de la santé pour visiter les malades, à l’hôpital ou seuls chez eux. En visitant les personnes âgées à la maison de retraite. Visiteur de prisonniers. En association pour aider les Roms installés sur le département. Volontaire pour le service avec les personnes ayant un handicap. Ecoutant au téléphone ceux qui sont dans la détresse. Ou comme les Evêques, redisant à temps et à contre temps le message de l’Evangile : dans le domaine de la bioéthique, disant non à l’euthanasie et oui au respect de la vie depuis ses tout premiers instants jusqu’à sa fin naturelle. Pour parler au nom de ceux que l’on n’écoute pas.
Et nous, ce soir, qui sommes dans cette église pour fêter Jésus couché dans une mangeoire, nous sommes comme les bergers. « La gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière, et l'ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui vous est né un Sauveur ».
Au II ème siècle le théologien de Carthage, Tertullien disait des chrétiens:"Voyez comme ils s'aiment !"   «C'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres que l'on reconnaîtra que vous êtes mes amis»  nous a dit Jésus. Que cet enfant couché dans la paille et qui nous tend les bras soit présent dans notre cœur tous ces jours. Que nous entendions son message de paix et d'amour. Ecoutons le nous inviter à aller en son nom dans le monde pour semer cet amour fraternel, pour que germe un monde de partage et de fraternité " Pour tous les hommes de toutes les races, car nous sommes tous enfants d'un même Père". Amen

philippe ARRIVÉ, diacre permanent

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