Jésus et ses amis reviennent à
Jérusalem. Un retour risqué sans doute fatal, mais la mission de Jésus,
l’annonce
du Salut, n’attend pas ! Depuis des mois Jésus donne à ses apôtres tout
pour qu’ils
soient suffisamment armés à son départ pour continuer la mission, sans
Lui :
enseignement, prières, paraboles, interprétations. Les apôtres entendent
et
apprennent mais Jésus sait qu’il leur manque quelque chose :
l’expérimentation. Regardez, les enfants, et les plus grands aussi,
quand vos
parents ou vos amis, vous disent qu’ils vous aiment, vous les croyez,
évidemment, mais quand votre papa vous couvre de baisers, quand votre
maman
vous serre fort dans ses bras, alors là, oui, à ce moment-là, vous le
ressentez
cet amour. Et Jésus veut la même chose pour ses disciples : vivre
l’expérience
charnelle de l’amour donné et de l’amour reçu.
Et Jésus se souvient de ce qu’il a vécu
3 jours plus tôt chez ses amis Marthe, Marie et Lazare. Au cours du
repas,
Marie prend un flacon de parfum et le verse sur les pieds de Jésus. Elle
les
essuie avec ses cheveux. Sa façon à elle de lui dire l’importance
qu’elle lui
porte, l’amour si pur qu’elle lui témoigne, son attachement. Et jésus la
laisse
faire. Jésus se laisse faire, se laisse toucher, se laisse aimer par
elle.
De sa relation à son Père, Jésus sait
que pour aimer en vérité, il faut d’abord se laisser aimer… Il va donc
reprendre
le geste de Marie pour que ces amis, au-delà de ce qu’ils savent,
ressentent la
dimension de l’amour : se laisser aimer pour mieux aimer et que ça
s’inscrive
physiquement dans leur corps. Se laisser laver les pieds, se laisser
toucher,
c’est déjà se laisser aimer. Et se laisser aimer, c’est se rendre
vulnérable dans
un chemin de confiance qui dit une dépendance : accepter de recevoir pour apprendre à donner…
accepter de recevoir pour apprendre à
donner
Vous les enfants qui êtes au 1er
rang, vous avez bien vu ces gestes simples pendant la lecture de
l’évangile…simples et humbles…l’humilité d’un regard, d’une main
soutenant un
pied lavé délicatement pour une relation intense, entre eux deux. Il
faut de l’humilité
pour vivre cette dépendance. À genoux, les yeux levés vers ses apôtres,
ceux
qui ont accepté de le suivre, de se mettre au service … comme
aujourd’hui, nos
sœurs et nos frères qui, ce soir, se sont laissés laver les pieds,
choisis
parce qu’ils sont au service de notre communauté fraternelle ou bien qui
se
préparent à un sacrement.
Quant à Pierre…il voit son
raisonnement, son autorité, son assurance s’évaporer ! Désarçonné,
ses
réticences deviennent refus : «
Toi, me laver les pieds ?
Jamais !» «
Pierre, tu comprendras plus tard, mais si
tu ne le veux pas, tu n’auras plus part avec moi. »
sous-entendu…
Pierre laisse-toi aimer, tel que tu es, pour entrer, avec moi, dans
cette
passion d’amour pour tous les hommes. Accepte de recevoir pour mieux
donner.
Laisse-toi toucher pour entrer en relation, vivre la rencontre et
apprendre de
ceux que tu rejoints.
La fraternité ouverte par Jésus ne se
vit en plénitude que si l’on accepte d’abord d’être aimé tels que l’on
est :
fragile et imparfait, par notre Dieu plein de miséricorde pour chacun de
ses
enfants. Aimé et être aimé, en toute simplicité, à l’image de Jésus
choisissant
de venir pour servir et non être servi, l’exemple qu’il nous donne,
maintenant,
c’est à nous de le porter au milieu du monde ! D’inventer si
besoin, le
geste qui dira au monde notre amour fraternel de l’humanité.
L’humilité de Dieu : Jésus se fait
humble au milieu des hommes. D’ailleurs, ce même soir, quelque temps
plus tard,
il leur dira, en prenant un morceau de pain qu’il aura béni, ceci est
mon corps
et en prenant la coupe, ceci est mon sang. La grandeur, la puissance et
tout
l’amour de notre Dieu dans ce petit bout de pain et cette coupe de vin.
Vous qui allez bientôt faire votre
première communion souvenez-vous que c’est ce pain consacré qui fait
notre
communion. Par son hostie et par sa vie, Jésus nous offre d’être en
union les
uns avec les autres, fraternellement unis à Lui, notre guide, notre
exemple ! La
simplicité d’un tout petit bout de pain consacré par l’Esprit d’amour de
Dieu
donne à chacune et chacun d’être unis au Christ pour ne former qu’un
seul corps
vivant de l’amour donné et reçu de Dieu, notre Père.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
6 avril 2023