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5° dimanche de carême.                      


Ce 5° dimanche de Carême est un moment charnière dans notre marche vers Pâques, vers la Résurrection, vers la vie ! La semaine prochaine ce sera le dimanche des Rameaux. Allons nous entrer dans Jérusalem et suivre Jésus pour vivre avec lui la semaine sainte ?
« Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » nous dit Thomas !

Au lendemain du mercredi des cendres, la première lecture de la messe était extraite du livre du Deutéronome ou Moïse parle au peuple « Je te propose aujourd'hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. » (Dt 30, 15).
Aujourd’hui Jésus est loin de Jérusalem quand il apprend la mort de son ami Lazare ; et il décide de retourner en Judée. Ses apôtres ne sont pas très enthousiastes : «Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? »
Les disciples n’y voient qu’une occasion de Risquer sa peau. Jésus, obéissant à son Père, y va, lui, pour donner sa vie ! Thomas, lui aussi, a décidé : « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! »
Mais pourquoi mourir alors que Dieu nous invite à la vie et au bonheur ?
C’est Lazare qui nous aide à comprendre : Et je ne prends pas le texte au pied de la lettre mais comme une métaphore : Quel est le plus grand bonheur que veut nous offrir Jésus : c’est la vie éternelle. Et donc le plus grand malheur, c’est de mourir !
Nous avons tous nos petites ou grandes misères, nos pauvretés, nos manques, mais le pire nous entraîne vers la nuit de la mort au sens propre ou au sens figuré : un jeune qui se drogue : ne dit on pas que c’est un mort-vivant? Une personne qui se voit jetée à la rue par une entreprise qui délocalise peut devenir l’ombre d’elle-même à force de désespoir et d’exclusion ? Et quand Dieu semble absent de nos malheurs nous sommes rapides à lui en faire le reproche : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. » C’est avec les mêmes mots exactement, que les deux sœurs de Lazare interpellent Jésus !
Mais Jésus sait bien que pour vivre une vie nouvelle il faut passer par la mort : c’est déjà ce qu’il disait à Nicodème : «  il nous faut renaître » et cela passe par la mort : d’ailleurs ne dit on pas qu’il faut parfois faire le deuil de nos habitudes, de nos rêves, pour découvrir une vie nouvelle.
« Je te propose aujourd'hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. »
Aujourd’hui il faut décider et se jeter à l’eau : nous ne pourrons plus revenir en arrière : nous savons bien que dans nos vies il y a des décisions qui engagent mais qui font vivre : choisir de se marier c’est faire le deuil de son célibat ! Choisir d’accueillir des enfants dans notre couple, c’est faire le deuil d’une vie avec peu de contrainte : je vous choque car ces décisions sont heureuses. Mais en réalité c’est la même chose. Nous sommes tous prêts à laisser derrière nous ce qui nous empêcherait d’avancer plus loin vers le bonheur !
Et pour la vie éternelle ? Que sommes nous prêts à laisser ?
Aujourd’hui c’est le dimanche où le CCFD-Terre Solidaire nous interpelle et fête ses 50 ans. Comment pourrions nous faire pour que tous les habitants de notre planète aient accès au bonheur et à la vie ?
Vous avez certainement pensé que la lecture de cet Evangile était un peu longue et vous avez raison ! Mais j’aurais aimé quand même pouvoir entendre aussi le paragraphe qui suit la résurrection de Lazare :
« Les chefs des prêtres et les pharisiens convoquèrent donc le grand conseil ; ils disaient : « Qu'allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes.
 Si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. »
 
Ils reconnaissent que Jésus accomplit de grands signes : qui donc sinon un envoyé de Dieu pourrait ressusciter un cadavre ? Et pourtant ils choisissent de le faire mourir pour ne pas perdre leur lieu saint !
Leur Lieu saint : c'est-à-dire le lieu où ils ont mis leur cœur : « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur» (Math 6, 21) Ils pensent qu’il vaut mieux que Jésus meure malgré tout ce qu’ils ont vu (les aveugles qui voient, les muets qui parlent et les morts qui ressuscitent) plutôt que de risquer de perdre les sécurités qu’ils croient avoir construites. Plutôt que de se remettre en question. Et leur mode de vie : gardons nos sécurités humaines visibles, plutôt que de s’en remettre à Dieu.
Et pour nous ? Où est notre trésor ? Dans notre société de consommation ? Dans nos richesses ? Notre mode de vie ? St Laurent, diacre à Rome et martyrisé en 258 pour avoir refusé de livrer les richesses de l’Eglise à l’empereur lui répond ainsi: « J'avoue que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer ». Il fit venir les orphelins, puis dit: « Voilà les trésors de l'Église, que je vous avais promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu; l'Église n'a point d'autres richesses. »
Pour vivre et trouver le bonheur il faut peut être accepter aussi, de mourir un peu à notre confort pour qu’ainsi tous les peuples de la terre puissent aussi accéder à la vie et au bonheur.
La génération de nos gouvernants en France est déjà fort égoïste de sacrifier les générations futures pour protéger ses acquis. Mais c’est la même chose pour chacun de nos pays dits développés, vis-à-vis des pays émergeants. Pourquoi L’Egypte ou le Kenya sont ils les plus gros exportateurs de haricots verts vers la France alors que ce légume ne fait pas partie de leur alimentation et que les Egyptiens meurent de faim ?
Si nous voulons vivre de la vie éternelle de Jésus il faut être plongé dans sa mort. Peut être que pour vivre dans un monde plus solidaire, il faut mourir à un certain mode de vie pour renaître à une fraternité nouvelle.
Il y a 1 mois il y a eu un tremblement de terre au Japon, une catastrophe nucléaire l’a suivi. Il y a la guerre en Libye, en Cote d’Ivoire, et l’on oublierait presque l’Afghanistan et l’Irak ! Croyez vous que cela a changé quelque chose dans notre vie ?
« Vous saurez que je suis le Seigneur, quand j'ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai sortir, ô mon peuple ! » Notre Dieu nous fait vivre mais pour le suivre le chemin passe par la mort de la Croix : il est passé par là, et il nous attend ressuscité dans le pain et le vin. Alors « Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! » Et vivre avec Lui !

Philippe ARRIVE, diacre permanent
VERTOU  9-10 Avril 2011    


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