2° dimanche de carême.
Nous
sommes en route vers Pâques sur note chemin de Carême… Souvent, nous
avons tendance à associer ce temps qui nous mène à Pâques comme un
moment, une pratique qui revient tous les ans et qui paraît difficile à
appréhender et même à vivre. On parle facilement, fréquemment même, de
privations, de pénitence, de jeûne, d'efforts mais est-ce cela que nous
avons à vivre en vérité pour nous préparer à la joie de Pâques ?
Cette joie de Pâques ne doit pas être vécue comme une délivrance de nos
propres choix, de nos décisions personnelles, l'aboutissement
orgueilleux d'un chemin pénible et laborieux fait de contraintes et
d'interdits. Cette joie s'inscrit dans la réalisation du projet de Dieu
et de sa grâce, comme le dit St Paul, "qui s'est manifestée aux hommes
en détruisant la mort" et en offrant la Vie près de notre Père. Alors
comme le disait Jésus dans l'évangile du mercredi des cendres,
parfumons-nous la tête, lavons nous le visage, rayonnons car nous
savons que le Christ est ressuscité, qu'il nous a offert sa Vie et que
nous avançons humblement mais surement vers Lui par le chemin qu'il
emprunte.
D'ailleurs, que nous offre l'Église en ce dimanche ? :
Tout
d'abord, cet extrait de la Genèse où Dieu s'adresse à Abram l'invitant
à tout quitter pour, s'il met sa confiance en son Seigneur, être, lui
et sa descendance, protégés et bénis par Dieu, pour être le père d'une
grande nation, lui qui a pourtant épousé une femme stérile... Voilà un
chemin possible de Carême, il ne s'agit plus de privations ou
d'interdits mais, comme Abram, d'écouter la Parole de Dieu, de se
convertir, d'oser la confiance, puis, de découvrir, reconnaître et
abandonner tout ce qui peut nous détourner du dessein de Dieu pour
l'humanité, de choisir, librement, ce qui s'inscrit dans son projet
d'amour pour les hommes et qui donne Paix et Vie. Bien sur, c'est ce
mouvement là qui est parfois ardu : abandonner mes routines, mes
habitudes, mes rituels et même ce petit cocon si douillet qui m'isole
si facilement pour mettre mes pas dans ceux du Christ et vivre en frère
attentionné et aimant. Changer, quitter, être fragilisé, dépossédé,
s'ouvrir à l'inconnu, c'est dérageant, angoissant parfois, "notre part
de souffrance" dira st Paul, mais si c'est pour vivre de la Bonne
Nouvelle dévoilée par Jésus "Dieu nous le revaudra". Comme Abram qui
découvre petit à petit tout la bénédiction de Dieu, c'est en
s'enfonçant un peu plus chaque jour sur notre chemin de Carême,
confiant dans la Parole de notre Père que Pâques resplendira sans
artifice au cœur de chacun.
Et puis, nous avons aussi entendu, cet
évangile de la Transfiguration de Jésus. Ce moment important du retour
de Jésus et de ses disciples vers Jérusalem, la cité Sainte, là où la
bonne nouvelle de la résurrection se révèle au monde. Sur ce chemin
risqué, Jésus prend 3 de ses plus fidèles amis; Ils gravissent une
haute montagne. On pressent déjà que dans ce haut lieu quelque chose
hors du commun va se passer. Et là, devant leurs yeux, ébahis, Jésus
est transfiguré. Son image est totalement modifiée, sont être profond
déborde, passe à travers son image corporelle, sa vraie dimension se
révèle à ces 3 humbles pécheurs. Un court instant, le voile se lève et
ses amis voient rayonner, à travers lui, toute la lumière de Dieu, sa
divinité. Jésus s'entretient avec Moïse et Élie qui, eux aussi, on
rencontré Dieu sur une montagne jusqu'au moment où, Dieu lui-même,
vient rappeler ce qu'il avait déjà annoncé lors du baptême : «Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ; écoutez-le !
».
Le Christ irradié de la lumière divine d'une blancheur
incomparable ! N'est-ce pas là, pour nous baptisés, et futurs baptisés,
le signe même de ce baptême et de la vie qui nous habite, l'image de
cette part divine qui, par son souffle et dès le début du monde, dit sa
paternité et notre filiation. En enfilant le vêtement blanc, chaque
baptisé s'entend dire : "Tu es une créature nouvelle, tu as revêtu le
Christ". Ça peut aussi être cela un chemin de Carême, redécouvrir la
grâce divine d'être fille ou fils de Dieu, prendre le temps de
cheminer, avec lui et mes frères, sur notre chemin d'humanité et
d'éternité, l'écouter, comme à Emmaüs, me parler des écritures en le
découvrant si proche dans tous ceux qui sont si fragiles et si
vulnérables. Pour l'entendre me dire, comme à Pierre, Jacques et Jean,
en frère aîné :"Relève-toi, n'aies pas peur". Quelque soit mon
chemin, il est à mes côtés et me rend cette confiance qui me relève et
me fait tenir debout. Cheminer avec Lui pour l'écouter me dire comme à
Abram, "pars de ton pays de certitudes et d'habitudes, pour me
rejoindre sur ce chemin prodigieux et singulier où mon amour se partage
fraternellement. Quitte ton pays intérieur de tristesse pour que je te
donne ma Joie, pour me revenir vraiment et vivre ce passage d'une vie
d'humain à celle de fille et fils de Dieu tout illuminé de la promesse
de Pâques."
Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !
Patrick DOUEZ, Diacre permanent
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