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2° dimanche de carême


Jésus invite Pierre, Jacques et Jean à faire une halte, à se retirer à l’écart sur une montagne pour se reposer et prier. C’est là que se révèle aux apôtres un visage du Christ, qu’ils ne connaissaient pas,  dans la lumière divine de la transfiguration. Les apôtres voudraient bien que le temps s’arrête. Faire durer ce moment sublime, de béatitude où un Jésus différent leur est révélé.  « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes… » : la tente que veut dresser Pierre, c’est la tente du rendez-vous, de la rencontre, offrant un espace d’intimité entre Dieu et les hommes.

 

Pour les croyants, la montagne a toujours été un lieu privilégié pour la rencontre avec Dieu. C’est sur la montagne sainte, le mont Horeb, dans le buisson ardent que Dieu se révèle à Moïse. C’est là encore que Dieu se manifeste au prophète Elie du milieu d’une brise légère. Pour la transfiguration, la tradition chrétienne laisse à penser qu’il s’agit probablement du mont Tabor.

 

Dans le passage de la genèse, Dieu demande à Abraham de quitter Ur, ancienne ville de Mésopotamie, ce pays qui lui est familier, de quitter sa parenté et la maison de son père pour aller vers le pays que Dieu lui montrera. Abraham répond positivement à cette demande. Ce départ vers un pays inconnu, ce n’est pas une mutation disciplinaire ni professionnelle. Car Dieu tiendra sa promesse : « je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom… ». Dieu donne à Abraham un vaste pays, les terres de Canaan où pourra paître son bétail. Avec la promesse d’une grande descendance, aussi nombreuse que les grains de poussière. Il le bénit, le comble de toutes sortes de biens. Et Abraham rendra grâce à Dieu pour ces bienfaits en élevant un autel au chêne de Mambré.

 

            Pour nous aussi, sœurs et frères, il est important de quitter pour un temps nos occupations quotidiennes, d’aller sur la montagne ou un autre lieu sacré, nous recueillir, faire silence, entrer dans la contemplation des œuvres de Dieu. Essentiel de quitter la routine quotidienne, le monde des apparences, de laisser tomber nos préjugés ou nos masques pour nous laisser habiter par la Vérité de Dieu. De créer les conditions pour rencontrer notre Dieu dans l’écoute, la prière, les sacrements, le service du prochain. D’entrer dans un espace où cesse le tumulte de nos vies, pour y rencontrer ce Dieu de tendresse qui nous aime sans mesure.

 

Comme pour les trois apôtres, il y a, pour nous aussi ces instants de grâce, de plénitude où nos êtres sont baignés dans la lumière divine de Jésus glorifié par son père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : «écoutez-le ! ». Instants rares et merveilleux. Mais il va falloir redescendre dans la vallée de notre quotidien. Rejoindre ce monde souvent si cruel, si injuste, si violent, si rempli de guerres et de haine qui a tant besoin de paix et de fraternité. Jésus, lui aussi connaîtra le temps des ténèbres et des supplices sur la colline du Golgotha où il sera mis en croix. Avec un visage alors défiguré !

   

            Paul nous invite à prendre notre « part des souffrances liées à l’annonce de l’évangile ». En ce temps de carême, nous sommes invités, sœurs et frères, à la conversion ; rappelez-vous les paroles lors de l’imposition des cendres : « convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Le carême, temps propice pour prendre du recul. Nous débarrasser de tout ce qui encombre nos cœurs et nos esprits. « Se désencombrer » c’est ce que nous rappelle notre curé Olivier dans le dernier bulletin. Se désencombrer Pour déverrouiller nos égoïsmes. Jeter ce qui alourdit nos vies. Faire cesser l’accumulation maladive de biens superflus. Etre moins préoccupés de nous-mêmes, nous tourner d’avantage vers Dieu et vers nos prochains. Prendre du temps pour visiter quelqu’un qui est seul. Nous laisser importuner par celle ou celui qui a besoin qu’on l’écoute. Jeûner, mais sans prendre « un air abattu » et une mine défaite. Partager, mais sans « faire sonner la trompette »…

  

            Sœurs et frères, accueillons notre Seigneur, ce Dieu « lent à la colère et plein d’amour ». C’est lui qui vient à notre rencontre : à nous de lui ouvrir notre coeur, à nous de le recevoir, de nous laisser habiter par son Esprit, de le laisser bousculer nos pesanteurs. Laissons-le transfigurer nos visages pour qu’émane de nous la lumière de son Amour. A nous de diffuser cette lumière à nos sœurs et frères en humanité. A chacune et chacun Dieu dit : quitte un peu ton ego.  Va !  Ouvre un espace de bonté dans ton cœur. Va ! Accueille tes sœurs et frères désemparés. Va ! Ouvre tes mains pour le partage. Va ! Pose un regard bienveillant sur ceux que tu n'aimes pas assez. Va vers les contrées proches ou lointaines, là où Dieu pourra manifester son Amour car Il te guidera pour que tu puisses donner le meilleur de toi-même.

Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur !

            Amen


Arsène BUCHHOLZER, diacre permanent

Oberhaslach, 5 mars 2023


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