Baptême du Seigneur
Is 42, 1-4.6-7 ; Ps 28 ; Ac 10, 34-38 ; Mt 3, 13-17
Trente ans se sont écoulés entre la naissance de Jésus à Noël et
l’événement que nous célébrons aujourd’hui. Trente années dont nous ne
savons pas grand-chose. Pourtant cette période de maturation et le
baptême qu’il a reçu de Jean-Baptiste éclairent l’identité de Jésus,
son humanité et sa divinité. Cette célébration est aussi pour nous
l’occasion de nous réinterroger sur la nature de notre propre baptême
et la manière dont nous le vivons aujourd’hui.
L’humanité de Jésus… On peut imaginer que pendant son enfance et son
adolescence, Jésus l’a déjà pleinement vécue au milieu de sa famille et
des gens de son voisinage. Il y a probablement reçu une formation
humaine, professionnelle et religieuse comme tous les jeunes de son
entourage.
Son humanité… On peut aussi la constater en écoutant cet échange amical
entre les deux cousins : Jean et Jésus. Ils ne sont pas d’accord. Ils
sont l’un et l’autre dans la reconnaissance mutuelle de leur mission et
la juste place de chacun. C’est finalement pour accomplir la justice
qu’ils tombent d’accord pour se « laisser faire ». Jésus précise « pour
le moment ». Sous-entendu : mon heure n’est pas encore venue !
La divinité de Jésus… On en avait déjà eu deux indices. Le premier
lorsque l’ange Gabriel avait annoncé à Marie : « Celui qui naîtra sera
appelé Fils de Dieu ». Le second à travers l’encens que les mages venus
d’Orient avaient offert à l’enfant de la crèche. En effet, cet encens
était habituellement utilisé en l’honneur des personnages assimilés à
des êtres divins. La divinité de Jésus… on peut maintenant la constater
en regardant le ciel qui s’ouvre, et en écoutant la voix qui déclare la
filiation directe entre Dieu et Jésus. Il s’agit d’un fils unique, le
Fils bien-aimé, de même nature que Dieu le Père, celui en qui il trouve
sa joie. C’est une seconde épiphanie, la deuxième manifestation de la
présence de Dieu au milieu des hommes.
Jésus n’a pas voulu se soustraire au baptême de Jean dans l’eau du
Jourdain. On peut y voir le rappel que l’eau est indispensable à toute
vie humaine. Mais à l’eau succède l’Esprit qui descend du ciel
sous forme d’une colombe et se pose sur Jésus. Ce signe nouveau nous
rappelle que l’Esprit est indispensable à celui qui accepte de se
recevoir Fils de Dieu. La voix venue du ciel déclare : « Celui-ci est
mon fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »
Depuis, ce jour, en Eglise, le baptême dans l’eau et dans l’Esprit est
un sacrement, c’est-à-dire un signe visible et efficace de l’amour de
Dieu. Recevoir le baptême aujourd’hui, c’est reconnaître que nous
sommes les enfants d’un même Père, les frères de Jésus et les temples
de l’Esprit Saint.
Célébrer le baptême de Jésus en Eglise n’est donc pas seulement pour
nous l’occasion d’exprimer à Dieu notre gratitude et notre joie d’être
aimés sans conditions. C’est aussi le moment de nous rappeler que, par
son baptême, chacun de nous participe à la triple fonction de Jésus
Christ : sacerdotale, prophétique et royale.
• Ce que le concile appelle « le sacerdoce commun des
fidèles » nous invite à entrer dans la communion avec Dieu. Cette
communion s'exprime avant tout dans la célébration communautaire de
l’eucharistie, la prière personnelle et l’offrande de toute notre vie.
• La charge prophétique nous amène à rendre compte de
notre foi par des actes et des paroles de la vie quotidienne. Rien
d’extraordinaire donc, mais une invitation à témoigner en permanence de
l’Esprit qui nous habite et nous fait vivre.
• La mission royale, c’est notre part de
responsabilité dans le service de l’homme, de tout homme, à commencer
par les pauvres et les exclus. Par notre baptême, nous sommes poussés à
participer à la construction du monde nouveau, fait de justice et de
paix, ce monde que Jésus appelle « le Royaume de Dieu ».
A chaque messe, au moment de l’offertoire, le diacre ou le prêtre
exprime le souhait suivant : « Comme cette eau se mêle au vin pour le
sacrement de l’alliance, puissions-nous être unis à la divinité de
celui qui a pris notre humanité. » Par le baptême et l’eucharistie,
nous partageons l’humanité et la divinité du Christ, prêtre, prophète
et roi… Comment cette réalité peut-elle transparaître tout à l’heure
sur notre visage lorsque nous sortirons de l’église ? Comment
cette réalité peut-t-elle donner sens à notre existence et à notre
action ?
Hubert PLOQUIN, diacre permanent
12 janvier 2020
Eglise Saint Léger et Sainte Bernadette d’Orvault
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