3° dimanche de l'Avent.
Dans
ce temps de l'Avent, nous sommes arrivés au 3° dimanche qui
traditionnellement porte le nom de « Gaudete » (ce qui signifie : «
soyez joyeux »):
Aujourd’hui je voudrais avec vous regarder trois phrases des lectures que la liturgie nous donne à méditer :
« Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu »
« Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience »
« Qu'êtes-vous donc allés voir ? »
Saint
Jacques compare notre attente avec celle de l’agriculteur qui ne peut
pas tirer sur l’épi pour le faire pousser plus vite : chaque chose
vient en son temps : ayez de la patience. Mais nous sommes bientôt
en hiver et les agriculteurs sont vraiment dans l’attente.
Aussi je
voudrais vous proposer une autre comparaison qui me semble bien
convenir au temps de l’Avent : L’attente d’un enfant.
La
grossesse est un moment de la vie d’une femme qui peut parfois paraître
paradoxal : la joie de l’attente de la venue d’un enfant et les
désagréments que le chamboulement physiologique impose au corps de la
future maman.
La venue d’un enfant né d’un amour partagé est une
joie et pendant neuf mois la vie de la famille va être orientée vers
l’arrivée de ce petit être humain.
Le temps de l’Avent pour nous
est un moment où nous essayons d’orienter notre vie vers cet évènement
joyeux qu’est la venue de Jésus parmi nous.
Mais la grossesse est une période qui n’a pas que des cotés faciles et joyeux.
Les premiers mois sont parfois difficiles à vivre coté alimentation.
« Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu »
Le
temps de l’Avent pour nous, peut être un peu déstabilisant car il faut
parfois changer de regard, d’habitudes pour retrouver le chemin le plus
droit vers Jésus.
Les mois passants, il est moins facile à la
future maman de se déplacer, de travailler, et elle doit prendre des
temps de repos dans la journée.
« Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience »
Le temps de l’Avent pour nous pourrait être une occasion de prendre du temps pour Dieu et pour rééquilibrer nos activités.
Mais toute la famille est mobilisée, pour décorer, préparer la chambre du futur bébé.
Comment pourrions nous préparer, décorer notre cœur pour la venue de notre Sauveur ?
Isaïe nous dit « Le désert et la terre de la soif, qu'ils se réjouissent ! »
Dans nos aridités, dans nos tristesses, dans nos attentes comment se réjouir ?
Comment se réjouir lorsque l’enfant que l’on attend naît avec un grave handicap où malgré tout, qu’aucun enfant ne vient ?
Mais
les parents qui attendent l’enfant qu’ils vont adopter, ont eux aussi
des questions, des moments de découragement, d’impatience. L’attente
n’est pas facile à vivre.
L’Avent est un temps de désert mais
nous ne parlons pas ici du désert auquel nous sommes appelés pendant le
carême : un désert ou nous recherchons le silence et la soif de
Dieu.
Nous marchons aujourd’hui dans un désert ou l’herbe va refleurir après la pluie.
Jésus est déjà venu il y a 2000 ans : il est né dans une crèche, pauvre parmi les pauvres. C’était hier.
Il reviendra dans la gloire, comme nous disons dans le Credo. Ce sera demain.
Mais
aujourd’hui qu’attendons nous ? Car Dieu ne vient pas pour être
extérieur à nous : il vient parmi nous, en nous pour vivre nos
tristesses, nos faiblesses, pour les porter avec nous et se réjouir
avec nous car la vie et l’espoir sont plus forts que la mort et le
péché.
Les difficultés de la grossesse, les inconforts, les fatigues disparaissent quand l’enfant est là !
Malgré
les épreuves que les uns et les autres peuvent traverser, Dieu nous
assure que nous sommes aimés et qu’après la nuit, le soleil se lève.
Isaïe
écrivait pendant l’exil à Babylone, tout semblait éteint pour le peuple
d’Israël mais Dieu a entendu son peuple et l’a ramené à
Jérusalem : Réjouissez vous !
Les auditeurs de la lettre
de saint Jacques perdaient patience, mais il leur dit qu’après l’Hiver
revient le printemps, tout reverdit et revit : Réjouissez
vous !
Même Jean Baptiste commence à douter : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les
aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les
sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est
annoncée aux pauvres.
Alors aujourd’hui malgré les mauvaises
nouvelles, la patience qui commence à manquer, les horizons des études
ou du travail qui paraissent bouchés, préparons notre cœur à la joie,
ouvrons nos mains pour offrir la joie qui nous habite.
Au désert nous avons vu celui que la terre attend : Réjouissez vous !
Prenez l'Avent comme un printemps, un coup de vent poussant les choses,
Prenez la vie, prenez le temps d'aller tout bas fleurir les roses.
Prenez l'Avent comme un printemps, un petit jour qui se dévoile,
un tout début passé devant, pour nous accrocher les étoiles. (...)
Un monde est né qu'on croyait vieux, l'Avent nous invite à la danse.
L’histoire est enceinte de Dieu mais tout encore est en silence.
Si tu le veux, si tu veux bien, sors ton pain du fond de tes poches.
C'est l'heure où la justice vient.
C'est que Noël est là si proche.
Jean Debruynne
Prêtre de la Mission de France (1925-2006)
Philippe ARRIVE, diacre permanent
VERTOU, 11-12 Décembre 2010