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2° dimanche de l'Avent.


Mt 3, 1-12

        Deuxième dimanche de l’Avent, notre attente de fêter la naissance de Jésus grandit. L’Avent : une pause ? Plutôt un temps donné pour nous préparer à fêter dignement la venue en notre monde, en notre humanité, de Jésus le Christ. Quatre semaines offertes, tous les ans, pour nous aider à vivre cette merveille et cette grâce immense de la naissance du Fils de Dieu, fils de Marie. Marie, celle qui ose dans une confiance absolue dire oui. Marie promise en mariage à Joseph, le charpentier de Nazareth, n’a pas refusé ce cadeau fait à l’humanité, fait à chaque personne, en portant et donnant naissance au Messie. Le Sauveur que le peuple élu attendait depuis si longtemps. Aujourd’hui encore il nous guide sur notre chemin de vie. Il reste à nos côtés offrant son amour et son Esprit à chacun.

        Un temps d’attente active où nous avons à vivre plus intensément une conversion. Un temps proposé pour tourner notre regard vers celui qui vient offrir sa vie par amour. Un temps de conversion pour dépoussiérer nos habitudes en retrouvant la vraie mesure de nos actes, de nos pensées et de nos prières nous ressourçant dans l’amour de Dieu qui irrigue notre vie. Nourris de cet amour nous avons à le partager dans ce monde où nous vivons. Notre monde est troublé, injuste, tordu : des hommes, des nations, refusent de voir ceux qui ne leur ressemblent pas, refusent d’ouvrir les yeux sur la détresse ou le malheur en s’isolant pour profiter en solitaire, refusent à d’autres, même leur dignité.

        Aujourd’hui, cette barque que nous dit-elle ? Que nous raconte cette image ? L’exil, la guerre, la souffrance des personnes, des familles qui risquent leur vie sur la mer et l’on sait combien c’est dangereux et mortel ! Tout risquer…sa vie, son avenir dans un pays étranger plutôt que de mourir de famine ou bien sous les bombes, sous les balles de soldats, de mercenaires, d’illuminés. Tout risquer et tout espérer plutôt que de subir impuissant une violence aveugle, une mort promise! Embarquer vers l’inconnu, maltraités malmenés exploités… ce ne sont plus les bateaux de l’espoir mais les galères de la vie, symboles de toutes les violences, de toutes les exclusions, de toutes les injures faites à l’humanité et d’abord aux plus petits, aux plus faibles, aux sans défense, avec leur utilisation perverse et des conséquences malsaines : peur de l’autre, rejet de celui qui vient, rumeurs, angoisse, repli sur soi... On érige des murs et des barbelés pour se protéger d’un risque hypothétique. Voilà nos maladies actuelles aggravées par un traitement médiatique sans mesure, sans vergogne et sans morale. Tout cela nous déboussole, nous bouscule, nous émeut parfois et nous mène à la colère ou à l’abattement car nous ne savons plus comment réagir, comment faire pour apaiser les détresses et les douleurs de tous ces frères en humanité, frères en Christ, mais aussi ces souffrances consécutives qui m’étreignent personnellement.

        Au milieu de ce temps de l’avent, osons vivre ensemble une véritable conversion. Comme le propose Paul accueillons comme le Christ accueille chaque personne. Recréons des liens, resserrons ceux qui s’étirent. Ranimons la flamme de notre fraternité humaine au feu de l’Esprit, de la foi et de la confiance héritée du Christ. Offrons cet accueil fraternel sans jugement, sans a priori tel que le vivent déjà, à la vue de tous ou très discrètement, de nombreuses personnes sur notre paroisse dans nos 3 communes. En faisant connaissance, en se parlant, en partageant nos joies, nos peines, nos existences, en se risquant à se dévoiler mutuellement, nos peurs respectives s’effacent. Dans l’échange nous gommerons nos différences pour nous reconnaitre frères et sœurs riches de nos particularités riches de l’amour reçu et partagé, riches de l’instant vécu dans la paix.

        Profitons de ce temps de l’avent pour vivre pleinement une conversion profonde guidée par l’Esprit du Christ. Pour, comme Lui et avec son aide, se laisser approcher, toucher, émouvoir et compatir en le priant de nous aider à vivre ensemble dans ce monde fragilisé. Une conversion pour, comme le dit Jean-Baptiste « aplanir les chemins du Seigneur et rendre droite sa route ». Une conversion pour clarifier notre cœur, nos pensées et nos actes pour que nous laissions l’amour de Dieu nous illuminer de l’intérieur. Pour que nous sachions être témoin de cette lumière de l’évangile au cœur du monde et qu’ainsi il en soit transformé et apaisé.

        Notre Dieu nous a fait confiance en venant prendre la place du plus petit, du plus démuni. Lui, le Dieu tout puissant a, sans peur, remis sa vie fragile et vulnérable dans les mains et le cœur d’un couple simple, humble, marginalisé (dit notre pape). Osons, comme Notre Père, vivre dans la confiance. Dieu fait confiance à chacun car il l’aime et lui donne son Esprit de Sagesse. Fort de l’Esprit du Fils, de cet Esprit d’audace, de miséricorde et de charité, nous pouvons, au-delà des apparences, faire confiance à la sœur, au frère rencontrés, les retrouver sans préjugé en préférant la vérité à la rumeur, l’accueil au rejet, le pardon à la vengeance, la joie au désespoir. Prions ensemble le Seigneur pour regarder et voir le monde tel que lui le regarde avec des yeux remplis d'amour.

        Cette barque, après avoir nourri les hommes par la pêche, après avoir été un instrument de souffrances, elle devient, si nous le voulons intimement, un moyen de rencontres, un outil pour créer des liens et habiter notre fraternité. Nous sommes appelés à vivre ensemble dans la barque de l’humanité où Dieu lui-même nous a rejoint. Une barque qui nous porte, quand nous nous reconnaissons frères et sœurs, vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle réchauffés et illuminés par l’amour de ce petit enfant si fragile qui vient nous rejoindre et partager avec nous notre existence vulnérable en nous donnant sa vie.

Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 4 décembre 2016

 

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