1° dimanche de l'Avent.
Contexte : Dimanche d’initiation chrétienne
« Sortir », « marcher », « monter
», « veiller », « se tenir prêt » : cinq verbes qui marquent une
invitation, et que nous venons d’entendre dans les lectures de ce jour,
consignées dans le livre de la Parole de Dieu que vous venez de
recevoir, livre que la plupart d’entre nous possède depuis longtemps…
Nous n’avons pas ouvert un livre d’histoire, mais un livre qui contient
ce que Dieu veut nous dire d’essentiel, aujourd’hui, pour notre vie.
Ces paroles créent en ce jour une
atmosphère particulière, celle de l’attente d’un événement. Dans notre
vie quotidienne, l’attente peut être vécue comme une période parfois
peu agréable, si elle évoque par exemple l’appréhension d’un événement
redouté. Et si nous attendons un événement heureux, l’attente peut
s’avérer être trop longue. On peut même redouter que l’événement
attendu arrive, car une fois celui-ci passé, la tension de l’attente
aura disparu et un certain vide apparaît. Bref, dans nos attentes
humaines, il y a souvent quelque chose qui ne va pas.
Qu’en est-il de l’attente de la
venue du Seigneur dont Jésus lui-même parle dans l’évangile de ce jour,
en évoquant son retour parmi les hommes, sous ce nom de « Fils de
l’Homme », expression qui marque que Dieu s’est immergé dans l’humanité
pour nous parler en direct, j’oserais dire « d’homme à homme », «
d’homme à femme », par Jésus, son fils, l’un de nous, l’un parmi nous ?
Aujourd’hui, nous entrons en
effet dans ce temps très particulier de l’Eglise, le temps de l’Avent,
de l’attente de la venue du Seigneur, que nous fêterons à Noël, dans
quatre semaines. Le calendrier de notre vie n’est pas rythmé uniquement
par des phénomènes naturels, comme le mouvement du Soleil et des
étoiles, ni par des activités purement humaines, comme les rentrées
scolaires, les horaires de travail, les activités hebdomadaires, les
vacances … Dieu nous propose aussi son calendrier : une nouvelle année
d’Eglise commence aujourd’hui, premier jour de l’année de la liturgie.
Une année au cours de laquelle plusieurs parmi vous, enfants,
adolescents, adultes, vivront un sacrement : baptême, communion,
confirmation, mariage ... Vous êtes dans l’attente d’une visite
particulière que le Seigneur vous fera personnellement à cette
occasion. Avec la Parole de Dieu entendue ce jour, nous pouvons
éclairer cette attente de la venue du Seigneur, en nous appuyant sur
deux interrogations a priori un peu déroutantes : Quel est le
calendrier de Dieu ? Et comment sommes-nous invités à le recevoir, à le
vivre, à le pratiquer ? La réponse à ces deux questions, ce n’est pas
moi qui vais vous la donner, mais c’est dans le livre de la Parole de
Dieu que nous la trouvons. Les enfants, la Bible, c’est comme un
livre-jeu : vous avez une question, la réponse est quelque part dans le
livre … Alors n’hésitez pas à jouer ! Nous le ferons d’ailleurs cet
après-midi !
Quel est le calendrier de Dieu ?
Il y a d’abord ce que nous pourrions appeler le grand calendrier, que
les textes de la Bible nous révèlent : la création du monde, la
genèse de la vie et de l’être humain, la constitution et l’histoire du
peuple juif, la venue de Jésus parmi les hommes, sa mort et sa
résurrection des morts, la naissance de l’Eglise, les premières
missions de ses amis, les apôtres… Et même la fin du monde est évoquée,
en particulier dans certaines paroles de Jésus, comme celles entendues
ce jour. Le discours scientifique, bien qu’étant d’un tout autre ordre
que le domaine de la foi, parle aussi de la naissance de l’univers, de
son évolution depuis le minéral jusqu’à l’homme, de sa fin également,
qui passera, en particulier pour notre Terre, par la mort du Soleil,
dans environ 5 milliards d’années.
Si le Seigneur nous demande
aujourd’hui de veiller dans l’attente de sa venue, c’est qu’il ne va
certainement pas attendre 5 milliards d’années pour venir. Plus près de
nous, dans notre quotidien, Dieu surgit très souvent. Il sait nous
attendre. Il sait attendre le moment où sa visite nourrit notre soif de
sens, d’amour, d’amitiés, de réconfort. Jésus nous invite tout
simplement à être prêts à ces visites de Dieu « le surprenant ».
Guetter les visites de Dieu, de Jésus, ce n’est pas rêver, c’est ouvrir
nos sens, c’est ouvrir notre cœur. Il est là, toujours, à tout instant,
auprès de nous : au travail, à l’école, au cœur de notre quartier, au
milieu de nos rassemblements, au sein de notre famille, dans la maison
de retraite, la chambre d’hôpital, la cellule de prison ; dans les
situations de pauvreté humaine, de fragilité, de détresse … Il attend
la rencontre. Finalement, pour répondre à la première question, le
calendrier de Dieu est un calendrier perpétuel de rencontres, de
dialogues, d’entraide, de gestes et de paroles simples qui partagent la
joie lors des moments de bonheur, qui aident à se relever lors des
moments de souffrance.
Comment sommes-nous alors invités
à recevoir, à vivre, à pratiquer ce calendrier ? Les enfants, à
l’école, connaissent l’heure de la récréation. A la maison, nous
connaissons tous l’heure des infos ou du match de foot (encore que …
!). Jésus, Lui, on ne sait jamais à quelle heure il passe, mais il est
certain qu’il passe. La venue du Seigneur est inattendue. Comme pour
Samuel que Dieu appelle trois fois alors qu’il est sagement couché dans
son lit. Comme pour beaucoup de convertis qui ont été saisis par la
venue du Seigneur dans leur vie, et il y en a parmi vous. L’évangile
nous appelle alors à l’attente active : restez éveillés, tenez-vous
prêts… Car lorsqu’on attend de manière active, l’attente est heureuse à
vivre. Nous sommes alors acteur de l’évènement attendu. C’est le sens
du temps de l’Avent. Paradoxalement, Paul dans la deuxième lecture,
compare l’agitation de notre vie trépidante à un « sommeil » dont il
nous presse de sortir pour vivre cette attente, sans quoi notre
attention est accaparée et n’est pas disponible. L’insistance de
l’apôtre nous laisse présager que la démarche n’est pas facile. Pour
reprendre ses mots, il s’agit d’une conversion, d’un combat … Attendre
le Seigneur, c’est être éveillé et attentif. C’est tout sauf dormir. Et
pour nous aider dans cette attitude de veille active, Paul emploie
cette expression étonnante : « Revêtez le Seigneur Jésus-Christ », ce
qui veut dire : adoptez sa manière de voir, de vivre et d’agir avec les
personnes, les événements. Et pour cela, la source, ce sont les
Evangiles que nous sommes invités à fréquenter par la lecture.
Avec le calendrier de Dieu que le
livre de sa Parole nous révèle, nous voyons combien l’attente du
Seigneur est une belle attente, une attente qui est une veille active.
Aucune impatience, aucune déception. Simplement la joie de
l’accueillir, ensemble. Il est venu à notre rencontre dans la Parole
entendue ce jour, afin de nous préparer à l’accueillir maintenant dans
l’Eucharistie que nous nous apprêtons à célébrer ensemble.
Christophe DONNET, diacre permanent
1er décembre 2013