Ascension du Seigneur
Quand on a vécu longtemps avec quelqu’un : un mari, une épouse, un
enfant, un ami, qu’on a partagé avec lui joies et peines, qu’on a
travaillé ensemble, quand on s’est estimé et même aimé l’un l’autre, la
perspective du départ définitif de l’être cher, creuse en notre cœur
une blessure profonde. C’est ce sentiment qu’ont connu les apôtres au
moment où ils voient leur maître bien-aimé les quitter, leur échapper
pour « s’élever et disparaître à leurs yeux dans la nuée ».
Et pourtant, vient un moment dans la vie où il faut partir, où il faut
accepter de laisser partir. C’est la condition pour que ceux qui
restent grandissent et souvent deviennent les porte-paroles, les
témoins, les garants de l’être disparu. Curieusement, celui qui est
parti reste toujours présent, mais autrement.
Pour comprendre le mystère de l’Ascension, il nous faut revenir au contexte de l’Ascension de Jésus.
Le jour de son Ascension, Jésus ressuscité retrouve ses disciples en
Galilée : à la montagne où il leur avait ordonné de se rendre. Le
moment est particulièrement solennel car Jésus va les confirmer dans
leur mission d’annonceurs de la Bonne Nouvelle de l’Evangile, de
baptiseurs au nom du Père, du Fils et du St Esprit et d’enseignants de
tous les commandements qu’il leur a donnés.
Mission de grande responsabilité, redoutable même, que celle d’être les
témoins du Christ « jusqu’aux extrémités de la terre ». C’est la raison
pour laquelle Jésus prend la peine de les rassurer, de deux manières.
Il leur annonce qu’ils vont recevoir une force, celle de l’Esprit Saint
et qu’il demeurera avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde.
Ces paroles vont susciter chez les disciples de la peur, de la
sidération et il ne faudra pas moins de deux hommes en blanc pour leur
ramener les pieds sur terre. Sur le plan de leur foi et de leur
mission, ils vont devoir méditer longuement dans leur cœur et dans
leurs conversations les Paroles que Jésus leur avait dites avant de les
quitter.
Pour nous aujourd’hui, le mystère de l’Ascension revêt 3 enseignements :
Tout d’abord, l’Ascension fortifie et purifie notre foi et rend active notre espérance.
Nous rêvons facilement du jour où Dieu viendra régler nos problèmes par
je ne sais quel coup de baguette magique. Le Christ nous donne mission
de remettre debout tous ceux qui souffrent. Il a besoin de nos voix
pour défendre ceux que la société a rangé dans la catégorie des sans :
sans papiers, sans logement, sans travail, sans droits.
Dans un monde où domine souvent le chacun pour soi, dans un monde où
l’appétit de l’argent, du pouvoir règnent en maîtres, Jésus attend que
nous vivions de l’esprit des Béatitudes qui nous ouvre au prochain
surtout quand il est démuni, affaibli, appauvri, violenté, meurtri ou
blessé.
Ensuite, l’Ascension nous rappelle la nécessité de la transmission de
la foi. Nous devons redécouvrir l’actualité de ces paroles entendues
dans ce passage des Actes des Apôtres : « Vous serez mes témoins » et
ce passage d’Evangile : « Allez, de toutes les nations, faites des
disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit
».
Il est difficile de dire la foi dans la société actuelle. Mais le grand
danger qui guette les chrétiens, c’est celui de la démission. Un
chrétien qui n’a plus le désir de transmettre la foi, la perd. C’est
comme un puits qui tarit quand on ne va plus y puiser de l’eau. Jésus
n’a pas hésité à transmettre sa foi et ses convictions. Il a pris le
temps d’enseigner ses disciples, de les accompagner dans le respect de
leur évolution progressive et parfois de leur lenteur à croire.
Cette mission passe par nos paroles, mais surtout par notre témoignage
de foi, d’espérance et d’amour envers nos frères. Si nous nous
efforçons de vivre en baptisés, disciples du Christ, notre témoignage
posera question aux autres et les incitera peut-être à adopter une vie
selon l’Evangile.
Enfin l’audace de la mission se fonde sur l’assurance que Jésus ne nous
abandonne pas : « Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».
Cette nouvelle présence est assurée par le don de l’Esprit Saint. Nous
pouvons agir, travailler dans le monde avec la conviction que Jésus a
déjà remporté la victoire sur les forces qui menacent la création.
L’Esprit Saint est à l’œuvre dans ce monde par tous ceux croyants ou
non croyants qui s’efforcent d’être des artisans de vérité, de justice
et de paix.
Finalement l’Ascension c’est le temps de l’espérance, celle que nous
donnons aux autres, celle que nous entretenons en nous, grâce à notre
foi en la présence constante de Jésus en nous et autour de nous et à
notre foi en l’attente de son retour. C’est le temps de la croissance
dans le Christ, jusqu’à ce que nous parvenions à être des adultes dans
la foi. Et c’est le temps du témoignage et de la mission au cœur du
monde.
Au cours de l’Eucharistie qui a clôturé notre fête paroissiale, le père
Régis nous a rappelé le contenu de notre projet pastoral. Nous pouvons
puiser dans ce dernier pour donner sens et perspectives à notre mission
de baptisés.
Jean-Pierre BIRAUD, diacre permanent.
2 juin 2011
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