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8° dimanche du Temps Ordinaire.

Nous sommes dans la main de Dieu !

Pourquoi donc tant d'inquiétude, tant d'angoisse ? Dieu s'occupe de nous, il nous le répète dans tous les textes de ce jour, de la première lecture jusqu'à l'Evangile, en passant par le psaume et la lettre de St Paul. Chacun de ces écrits, à sa manière, nous rappelle que Dieu veille sur nous avec bienveillance :

« Même si une mère oubliait son nourrisson, moi je ne t'oublierai pas, dit le Seigneur. »

« Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle : je suis inébranlable ».

« La louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu ».

« Ne vous faites donc pas tant de souci : tout ce dont vous avez besoin vous sera donné par surcroît »

Que nous faut-il de plus ?

Notre pays, en ce moment, vit une situation assez exceptionnelle : nous sommes officiellement en état d'urgence. Une situation qui, par définition, est censée ne durer qu'un temps, mais qui se prolonge d'une manière étonnante. L'urgence semble être devenue la norme. L'urgence, c'est une situation qui engendre le stress. L'urgence c'est l'inquiétude de tous les instants, c'est la nécessité d'agir vite pour sortir d'une situation de danger. L'urgence, c'est le contraire de la sérénité, de la confiance, de la paix.

Nous vivons donc dans l'inquiétude permanente. Sans doute que chacun de nous ne vit pas cette inquiétude, individuellement. Mais nous la vivons collectivement. Nous baignons dans une ambiance inquiète, une ambiance de peur contenue. C'est pourquoi les lectures d'aujourd'hui doivent nous redonner du courage, et surtout nous redire la nécessité de la confiance. Si nous avons du mal à avoir confiance en ceux qui nous dirigent, en ceux qui nous informent ; confiance en l'avenir, confiance aux autres ou à nous-mêmes, ayons confiance en Dieu ! « Comptez sur lui en tout temps, vous le peuple : Dieu est pour nous un refuge ! » nous a rappelé le psaume 61 tout à l'heure. Pour nous aider à retrouver ou à garder confiance en Dieu, comme ce psaume nous y invite, je vous propose cette prière de St Claude la Colombière, qui était le directeur spirituel de Sainte Marguerite-Marie, de Paray-le-Monial. Cette prière commence ainsi :

« Mon Dieu, je suis si persuadé que tu veilles sur ceux qui espèrent en toi, et qu'on ne peut manquer de rien quand on attend de toi toutes choses, que j'ai résolu de vivre à l'avenir sans aucun souci, et de me décharger sur toi de toutes mes inquiétudes... »

Beau programme ! La confiance vécue à son maximum, qui libère des soucis en les déchargeant sur Dieu.

« J'ai résolu de vivre à l'avenir sans aucun soucis ». C'est facile à dire ! Mais moins facile à mettre en œuvre. Cette résolution, qui devrait pourtant aussi être la nôtre, peut sembler presque indécente. Comment peut-on déclarer ne pas avoir de soucis, quand tant de choses vont mal autour de nous ? Le malheur ou la difficulté que vivent les autres ne sont donc pas un souci ? Peut-on vivre dans ce monde sans être atteint par les épreuves que nous vivons, ou que vivent nos proches ?

Égoïsme ou héroïsme ? Ni l'un ni l'autre. Dieu ne nous demande évidemment pas d'être égoïste, mais pas davantage d'être des héros. Il nous demande simplement d'avoir la foi.

Il s'agit juste de faire confiance à Dieu. C'est exactement la signification de la foi : la confiance absolue en Dieu. Tous ces mots : la foi, se fier, fiançailles, confiance, sont issus de la même racine, ce qui leur donne, en profondeur, une signification commune. Donc, quand Jésus nous demande de ne pas nous faire de soucis, ce n'est pas un appel à un optimisme béat, ni à un détachement irresponsable, mais à la confiance, donc à la foi. Il nous invite à accentuer notre foi, comme il le fait souvent, au fil des pages des quatre évangiles.

Cette attitude de foi, de confiance, c'est l'attitude du nourrisson près de sa mère, qui n'a d'autre choix que la confiance. Il est totalement dépendant de sa mère, de ses parents, et des adultes en général. C'est cette confiance du nourrisson que Jésus nous demande. Déjà le prophète Isaïe évoquait cette confiance du nourrisson qu'il nous faut acquérir : « Même si une mère oubliait son nourrisson, moi je ne t'oublierai pas, dit le Seigneur. »

Mais, avouons-le, comme il est difficile de suivre cette recommandation de Jésus, de faire confiance à Dieu en tout ! Encore faut-il bien comprendre ce que c'est que cette confiance. Il ne s'agit pas de croire que, parce que Dieu est avec nous, parce qu'il est pour chacun de nous comme une mère qui veille sur son enfant, alors rien ne peut nous arriver. Par la simple expérience quotidienne, et même par l'observation de la vie des saints, nous savons bien que nous ne sommes jamais à l'abri des difficultés, de la souffrance, de la maladie, des accidents, des injustices… Mais, par la confiance en Dieu, notre rocher, notre citadelle, nous sommes rendus capables d'affronter ce qui nous arrive avec une plus grande résilience ; une plus grande capacité à traverser les difficultés sans être anéanti. Cette confiance nous aide à relativiser nos difficultés.

C'est aussi ce que nous dit St Paul, dans sa lettre à la communauté chrétienne de Rome, au chapitre 8 : « alors, qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?[…] En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.

J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l'avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

Ce que nous dit St Paul, c'est que malgré tous les malheurs, toutes les contrariétés que nous pouvons vivre, si nous gardons confiance en Dieu malgré tout, il nous reste l'essentiel, qui est l'amour de Dieu, ce Père qui nous aime comme une mère, qui nous protège et nous donne la vie, la croissance et l'être.

Enfin, Jésus nous donne au passage la clé pour entrer dans la confiance en Dieu, et y demeurer : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice » La voilà, la vraie urgence, celle qui nous pousse à aimer, celle qui nous fait vivre la vraie vie ; l'urgence qui nous libère de toute angoisse, l'urgence qui nous détache de tous soucis ; l'urgence qui nous donne la paix.

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent.
Clisson, le 26 février 2017

   


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