Nous
sommes dans
le temps pascal, le dernier dimanche avant l’Ascension de Jésus.
L’évangile
de ce
jour fait partie du premier discours d’adieu de Jésus dans l’évangile de
saint Jean.
Jésus a passé environ 2 ans avec ses apôtres qui ont tout quitté pour le
suivre. Il veut les préparer au drame que va être pour eux sa mort sur
la
croix. Pour qu’ils n’en restent pas à l’échec apparent du supplice le
plus terrible
que les Romains infligeaient aux esclaves, la crucifixion, il veut leur
apprendre à vivre sans sa présence physique à leur côté, à vivre une
certaine
absence ou plutôt une autre forme de présence, puisque, ressuscité il
leur fera
le grand don de son Esprit.
« D’ici
peu
de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant,
et
vous vivrez aussi. »
Comment
vivre
cela ? Il y a une condition pour que les disciples puissent vivre
cette
expérience, c’est qu’ils vivent ce que Jésus lui-même a vécu : l’amour
gratuit.
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ». De quels
commandements parle Jésus ?
Les
apôtres s’en
souviennent bien : ce sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Les
apôtres
sont donc invités à garder les paroles de leur maître et à poursuivre
l’œuvre
qu’il a commencée. Grâce à l’Esprit promis, ils ne seront pas orphelins.
Avec
la
Samaritaine Jésus avait commencé à expliquer cela : Adorer en
esprit et
vérité. Garder une relation avec quelqu’un que l’on ne voit plus :
un ami
qui déménage très loin, un enfant qui quitte la maison pour vivre sa
propre
vie, ou le deuil d’un proche.
Passer
d’une
présence extérieure, sensible, visible, à une présence intérieure, faite
de
souvenirs mais aussi de fidélité à ce que l’on a vécu ensemble,
poursuivre un
projet, et avancer.
Pour
avoir vécu
comme nous, Jésus sait ce qui traverse notre cœur.
Et
il nous laisse
des signes pour que cette présence reste vivante.
Ses
commandements,
sa Parole qui nous nourrit, que nous partageons et qui nous accompagne
chaque
jour pour peu que nous la lisions régulièrement.
Et
bien sûr
l’Eucharistie, présence mystérieuse, réelle sous la forme du pain dans
l’Hostie. Hier et ce matin de nombreux enfants de notre paroisse
communient
pour la première fois. Ce n’est pas juste un rite, une habitude, c’est
Jésus
qui veut rester proche de nous en faisant corps avec nous, en faisant
un,
physiquement, avec son corps ressuscité.
Pensons
nous à
venir visiter cet ami qui nous attend dans le Tabernacle ?
Jésus
nous invite
aussi à le reconnaitre dans le visage de notre prochain. Le plus proche.
Notre
conjoint, nos enfants, nos parents, notre voisin, nos collègues au
travail,
notre copain de classe. Car cette présence n’est pas imaginaire mais
elle prend
chair dans les personnes avec qui nous vivons
Et
Jésus nous dit
aujourd’hui que son Père va nous envoyer l’Esprit de Vérité, un
défenseur qui
nous fera souvenir de tout ce que Jésus a dit.
Parce
que Jésus ne
veut pas nous laisser seul. « Vous reconnaîtrez que je suis en mon
Père, que
vous êtes en moi, et moi en vous ».
Dans
la seconde
lecture que nous venons d’écouter, St Pierre encourage la communauté qui
vit
des temps difficiles, peut-être pas de persécution, mais de moqueries ou
de
vexations. Et il leur dit de passer par le même chemin que Jésus. Et je
suis
sûr que certains, peut-être les plus jeunes voient bien ce que cela veut
dire
aujourd’hui. En restant fidèle aux commandements de Jésus. « Soyez
prêts
à tout moment à [témoigner] de l’espérance qui est en vous ; mais
faites-le avec douceur et respect. »
Et
dans la
première lecture, Philippe, l’un des sept dont nous avons parlé dimanche
dernier, s’enfuit de Jérusalem à cause de la première persécution des
chrétiens
(à laquelle participe Saul, qui deviendra St Paul). Philippe s’enfuit
pour sa
sécurité.
Mais
c’est plus
fort que lui : il faut qu’il dise ce qui l’habite, Cette espérance,
cette
force de vie qui est Jésus ressuscité. Invisible mais présent par son
Esprit.
Philippe
et tous
les premiers disciples en ont fait l’expérience en réalisant le
commandement de
l’amour : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je
l’aimerai, et je me manifesterai à lui ».
Au
plus intime, au
cœur de leur cœur, ils ont fait une expérience personnelle de communion
avec Dieu.
Ils ont découvert que leur vie est liée à celle du Christ : Ce
qu’exprimera de
façon remarquable saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le
Christ
qui vit en moi ».
Nous
sommes dans
le temps pascal : temps où le deuil, l’échec apparent, font place à la
découverte du tombeau vide, à la présence inattendue et mystérieuse du
Ressuscité et au don de l’Esprit Saint : « Moi, je prierai le Père,
et il
vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
l’Esprit de
vérité […] vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et
il sera
en vous. »
Que
ce temps soit
l’occasion de découvrir au cœur de nos difficultés et de nos échecs, la
force
de l’Esprit qui nous révèle la présence du Christ et nous donne de l’expérimenter
dans
la fidélité à sa parole.
« Celui
qui
reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et
celui
qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me
manifesterai à lui. »
Philippe
ARRIVÉ,
diacre permanent
Château-Thébaud
14
mai 2023