6° dimanche de Pâques.
A l’approche de la Pentecôte, les textes
d’aujourd’hui continuent à nous préparer à la venue de l’Esprit Saint.
Déjà de nombreux prophètes annonçaient ce jour où Dieu mettrait en nous
son Esprit. Rappelons-nous Ezechiel : « je mettrai en vous un esprit nouveau » ; et encore : « je répandrai mon Esprit sur la maison d’Israël », prophétie que l’on retrouve aussi chez Isaïe. Puis Zacharie à son tour, et Joël : « je répandrai mon Esprit sur toute chair »…
Jésus reprend à son compte cette annonce, cette prophétie. Il enverra
son Esprit sur ses apôtres le jour de la Pentecôte, c’est le sujet de
son discours d’aujourd’hui dans l’Evangile de Jean.
Jésus nous fait le don de son
Esprit Saint. C’est pourquoi le jour de Pentecôte est une très grande
fête pour les chrétiens. Cette venue de l’Esprit Saint participe de la
réalisation de la Promesse de Dieu à l’humanité, dès la première
alliance qu’il conclut avec Abraham puis tous les patriarches et enfin
les prophètes : Dieu est le Père de tous, un Père pour chacun ; il se
révèle d’abord comme Père, puis il donnera au monde son Fils, au milieu
de son peuple ; et enfin il fait don de son Esprit à tous ceux qui
veulent bien l’accueillir. Le Père, le Fils et le Saint Esprit, ces
trois aspects de la Personne de Dieu, que l’on appelle la Trinité. La
révélation progressive que Dieu fait de lui-même depuis les premiers
pas de l’humanité reçoit son achèvement à la Pentecôte lorsqu’il envoie
son Esprit.
Cet achèvement, c’est ce que
raconte la première lecture d’aujourd’hui : les habitants de Samarie,
convertis par la prédication de Philippe, l’un des Sept, c’est-à-dire
un des premiers diacres, étaient « seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus »
Leur conversion était encore incomplète. Il leur manquait une chose.
C’est pourquoi les Apôtres Pierre et Jean leur imposèrent les mains
pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint.
Aujourd’hui, lors de l’accueil
d’un nouveau chrétien, on le baptise non pas seulement au nom du
Seigneur Jésus, mais « au nom du Père, du Fils et du St Esprit », marquant ainsi la plénitude du don que Dieu fait de lui-même, l’achèvement de sa Révélation.
Mais qui est donc ce Saint Esprit ? Qui est l’Esprit Saint ? Dieu le
Père, on peut en avoir une idée, on voit à peu près ce que c’est qu’un
père, même si l’analogie avec nos pères de familles est certainement
très réductrice. Le Fils, c’est encore plus facile à imaginer,
puisqu’il s’est incarné, il est venu habiter parmi nous. Michel Onfray
a beau le nier sur tous les plateaux télé, ce Jésus, de très nombreuses
personnes l’ont vu, ont vécu en sa compagnie, ont mangé et bu avec lui.
Il a d’ailleurs permis aussi de mieux comprendre l’image du Père,
puisqu’il a dit « qui m’a vu a vu le Père », et aussi : « le Père et moi, nous sommes un ». C’était l’évangile de dimanche dernier.
Bon, le Père, le Fils, ça va. Mais l’Esprit ? Comment se l’imaginer ?
Et quelle est sa place dans la vie de Dieu ? Dans nos vies à nous ?
Comme disait un enfant du caté : « l’Esprit Saint, ça sert à quoi ? »
Dans le long passage de l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus nous en livre un aspect : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité… »
L’Esprit Saint, un défenseur,
donc. Mais un défenseur contre quoi ? Contre qui ? Aurions-nous des
ennemis ? Des adversaires ?
Oui, nous le savons bien. Partout dans le monde, mais aussi chez nous,
et depuis toujours, la foi chrétienne est contestée, parfois combattue
avec force, et peut même chez certains déchainer une haine envers ceux
qui croient.
C’est sans doute une des raisons
qui ont fait que, à partir des années cinquante, au sortir de la
guerre, les chrétiens ont commencé à se faire discrets, très discrets,
et surtout en France, pour ne pas attiser à nouveau les haines,
aspirant à retrouver une certaine paix après les horreurs terrifiantes
vécues quelques années plus tôt. Cette discrétion, qu’on a appelé
l’enfouissement, a accompagné – pour ne pas dire qu’elle y a contribué
– la chute de la fréquentation des églises, la diminution importante du
nombre de chrétiens, donc de prêtres, et donc aussi de l’influence de
la pensée chrétienne sur nos modes de vie : la sécularisation.
L’apôtre St Pierre nous l’a pourtant rappelé dans la deuxième lecture de ce matin : « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous
» Alors, c’est vrai, la grande tentation, c’est de se dire : soyons
discrets, pour ne pas avoir trop souvent l’occasion de rendre compte de
cette espérance. Enfouissons-nous.
Sans doute avons-nous un peu oublié les paroles de Jésus : « Moi, je
prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour
toujours avec vous : l’Esprit de vérité… ».
Alors, interrogeons notre foi :
croyons-nous vraiment que l’Esprit Saint est avec nous pour toujours ?
C’est-à-dire à chaque instant de nos vies ? Sommes-nous suffisamment
confiants pour nous sentir capables de « rendre raison de l’espérance qui est en nous » ?
Oui, l’Esprit Saint est en nous. C’est lui qui permet que notre foi ne
soit pas limitée à une connaissance intellectuelle, à une adhésion à
une certaine vision du monde. L’Esprit Saint est en nous force
agissante. Il est le moteur de toutes nos actions qui vont dans le sens
de l’Evangile, c’est-à-dire de l’édification du Royaume de Dieu. C’est
lui qui est à l’œuvre. Déjà dans la première lecture, si les gens de
Samarie sont devenus croyants, c’est parce qu’ils étaient témoins de
l’action de l’Esprit Saint ; des signes qu’il accomplissait, des
délivrances, des guérisons, et ils étaient dans la joie. Le psaume que
nous avons chanté tout à l’heure nous dit aussi quelque chose de
l’action de l’Esprit Saint : « venez et voyez les hauts faits de Dieu ».
Encore deux semaines et sous
fêterons la Pentecôte. Ce jour-là, 150 adultes de notre diocèse, dont
trois de notre paroisse, recevront le sacrement de la Confirmation dans
la cathédrale de Nantes. Preuves de plus de l’action de l’Esprit Saint
dans les cœurs, Esprit qui appelle encore aujourd’hui, qui attire vers
Dieu ceux qui ont un cœur ouvert pour accueillir sa Parole. Ces adultes
recevront en plénitude l’Esprit Saint, par l’imposition des mains de
notre évêque et de ses vicaires, perpétuant le geste des premiers
apôtres dans la première lecture : « Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint. »
Nous aussi, frères et sœurs,
ouvrons nos cœurs à l’effusion de l’Esprit au jour de la Pentecôte.
Accueillons ce don de Dieu, ce Défenseur qui sera toujours avec nous,
l’Esprit de Vérité.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Maisdon-sur-Sèvre,
le 21 mai 2017
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