Année A

Sommaire année A
Accueil



6° dimanche ordinaire.



La vie et la mort sont proposées aux hommes.

Nous célébrons aujourd’hui la 20ème Journée mondiale des malades qui a été instituée en 1992 par Jean Paul II, et je pense que c’est parce que nous sommes dans le cadre de ce dimanche de la Santé que j’ai été plus particulièrement sensible à cette phrase du sage Ben Sirac : « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix. » De plus, cette phrase résonne d’une façon particulière après cette semaine où le projet de loi de bioéthique a été en débat à l’assemblée.
Tous les professionnels de santé ont à cœur de soulager les souffrances des patients et de préserver leur santé. Le serment que prêtent les médecins à l’issue de leurs études, inspiré du serment d’Hippocrate le rappelle : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas inutilement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » Mais l’avancée des techniques médicales pose de nouvelles questions. Pour répondre à la souffrance des couples sans enfants, les techniques de procréation assistée se sont développées, laissant dans les congélateurs des milliers d’embryons surnuméraires. Pourquoi ne pas laisser ces embryons humains à la disposition des chercheurs comme simple matériau de laboratoire ? Certains avaient même imaginé de cultiver ces embryons in-vitro pour avoir à disposition un stock de pièces détachées en vue de soigner des malades. La préoccupation de la souffrance des parents est telle aujourd’hui que la pratique des tests pendant la grossesse vise à diagnostiquer la moindre malformation supposée. On supprime actuellement 96% des fœtus porteurs d’une trisomie, et dans le même temps bon nombre de bébés sains, parce qu’il y avait un doute. Les questions de vie et de mort sont bien  au cœur de notre société.
Il est bon alors d’entendre le Christ nous rappeler qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir. Et après nous avoir rappelé le commandement : « Tu ne commettras pas de meurtre. » il nous précise que cette interdiction ne concerne pas seulement le passage à l’acte, mais tout ce qui y conduit : la colère contre le frère, les insultes… en un mot, tout ce qui est manque de respect et d’amour. Aujourd’hui, je crois qu’il nous rappellerait que nous sommes aimés de Dieu depuis notre conception, et que nous devons respecter tous nos petits frères, même à l’état d’embryon, parce que nous l’avons tous été. La dignité d’homme ne s’acquière pas à la naissance, et elle ne s’arrête pas le jour où l’on tombe  malade. Dire NON à la mort, c’est dire OUI à la vie, parce que la vie est don de Dieu. Et pour l’homme de la Bible, la Loi aussi est dont de Dieu, comme le chante le psaume 118: « Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta Loi. »
L’idée développée dans le psaume, en écho à la 1ère lecture, « c’est que l’humanité ne trouve son bonheur que dans la confiance en Dieu et l’obéissance à ses commandements. Le malheur et la mort commencent pour l’homme dès qu’il s’écarte de la voie de la confiance tranquille. Laisser entrer en nous le soupçon sur Dieu et sur ses commandements et n’en faire qu’à sa tête, c’est s’engager sur un mauvais chemin, une voie sans issue. C’est tout le problème d’Adam et Eve dans le récit de la chute au Paradis terrestre. »* C’est aussi le problème de notre société qui, en cherchant à éviter certaines souffrances, se heurte à d’autres questions encore plus douloureuses. Dans ma carrière d’éducateur, j’ai connu plusieurs jeunes filles qui ont demandé une IVG pour ne pas assumer cet enfant qu’elles n’avaient pas vraiment souhaité. Dans presque tous les cas, elles décidaient un an après d’avoir un autre enfant comme pour compenser la perte du 1er.  Aujourd’hui, je rencontre nombre de jeunes parents qui, tout à la joie d’attendre une naissance, sont confrontés à la question  angoissante des obstétriciens :  « Les tests ont révélé une anomalie du fœtus : souhaitez-vous une IMG ? » Je comprends la position des médecins qui doivent se prémunir contre toute action en justice, mais n’est-ce pas inhumain d’octroyer aux parents un droit de vie et de  mort sur leurs enfants, avec le lot de culpabilité qui les accompagnera tout au long de leur vie ?
En revanche, je connais des couples qui ont choisi de faire confiance à Dieu, et qui ont pris le risque d’accueillir un enfant porteur d’un handicap. Et depuis sa venue, ils ne le regrettent pas car la relation avec lui leur a ouvert des chemins qu’ils ignoraient. La sagesse qu’ils ont expérimentée est folie aux yeux du monde, mais elle ouvre sur le mystère de Dieu. Ils ont grandi en Amour. Toutes les personnes qui vont visiter des personnes malades ou handicapées en font l’expérience : elles pensaient donner de leur temps, et elles reçoivent des trésors spirituels. En se mettant au service de leurs frères et sœurs malades, elles ont rencontrés le Christ en personne. «J’étais malade et vous êtes venu me visiter… Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25, 40.


*Marie-Noëlle THABUT   L’intelligence des Ecritures    Tome 2    page 73


Jean-Jacques BORGOIS, diacre permanent.
Le 13 février 2011
Ste Marie et Pornic


Sommaire année A
Accueil