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5° dimanche de Pâques.


Dimanche 20 avril 2008


Nous avons tous en mémoire ce passage des Actes des Apôtres où Saint Luc nous présente la toute première communauté chrétienne de façon admirable : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun. » Ac 4, 32

C’est merveilleux, mais deux chapitres plus loin, nous constatons que ce n’est pas aussi simple. Le passage que nous venons d’entendre nous relate un sérieux conflit éclatant à l’intérieur de la communauté. Celle-ci était constituée de deux groupes nettement distincts : d’une part il y avait les « hébreux » les juifs palestiniens qui parlaient l’araméen et lisaient l’Ecriture en hébreu dans leurs synagogues et, d’autre part, les juifs venant de la Diaspora, parlant la langue grecque et lisant l’Ecriture dans la traduction grecque dite des Septante. Inévitablement, entre les deux groupes existaient des difficultés de caractère linguistique, culturel et religieux. Il y avait sûrement des divergences entre ces deux groupes concernant l’interprétation de la Loi et son caractère obligatoire ou non.
Mais le conflit va éclater pour des questions d’injustice : les biens mis en partage étaient mal répartis et les veuves de la communauté de langue grecque s’estimaient défavorisées.
En soi, hier comme aujourd’hui, les conflits n’ont rien d’extraordinaire au sein d’une même communauté. l’Eglise, au cours de son histoire, en connaîtra bien d’autres…Ces conflits sont inévitables et même parfois nécessaires. L’important, c’est de savoir bien les gérer et surtout d’en tirer leçon pour avancer, ce qui, nous le savons bien, n’est pas toujours facile. Mais là, pour ce premier conflit, les douze font preuve de beaucoup de talent et, dans la concertation et la prière, ils proposent au peuple d’élire un groupe de sept hommes auxquels ils imposent les mains et confient la charge des affaires matérielles et caritatives. Bien que le mot « diacre » ne soit pas utilisé dans ce passage par Saint Luc, tout laisse penser que le ministère diaconal est né à ce moment-là. J’aurais pu, à cette occasion, comme cela se fera en certaines paroisses, vous parler longuement du diaconat permanent, ce ministère rétabli dans l’Eglise Catholique, il y a un peu plus de 40 ans, par le Concile Vatican II, et qui est en plein développement. Mais, comme vous avez trois diacres sur la paroisse, vous connaissez mieux que d’autres la spécificité de ce ministère et je ne vais pas m’y attarder. Je vous donne quand même quelques informations : Il y a actuellement dans le diocèse de Nantes 41 diacres permanents et il y aura trois ordinations cette année. En France, nous sommes actuellement plus de 2100  et dans le monde plus de 35000.

Venons-en donc maintenant à la seconde lecture qui nous invite à aller en profondeur. Cette nouvelle communauté qu’on appelle l’ Eglise avec un « E » majuscule ne peut pas être assimilée à une grande association, ni même à une quelconque société purement humaine, encore moins à un bâtiment. La grande famille des chrétiens, nous dit Saint Pierre, est un Temple spirituel, une construction vivante dont la pierre angulaire est le Christ et dont nous sommes tous ensemble les pierres, les pierres vivantes. Ce qui fait tenir ensemble toutes les pierres de l’édifice, c’est le Christ, la pierre angulaire. Pierre nous dit même, avec force, que nous sommes tous, en tant que baptisés, participants du sacerdoce du Christ et donc tous chargés de faire connaître sa « Bonne Nouvelle ». Par sa parole, par la vie qu’il nous donne, nous devenons un signe de la présence de Dieu. Nous avons à « annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. ».

Les « merveilles » ! Dans ces mots nous sentons la joie profonde de Pierre qui a connu personnellement des moments de rencontre d’admirable lumière avec Jésus. Il nous demande maintenant d’annoncer à notre tour les merveilles de Jésus. De quelles merveilles s’agit-il ?

Le passage d’Evangile que nous venons d’entendre nous donne quelques éclaircissements. Savez-vous que cet extrait de l’Evangile selon Saint Jean est sans aucun doute le passage le plus souvent proclamé dans nos églises ? En effet, il est très souvent choisi par les familles en deuil lorsqu’elles sont associées à la préparation des obsèques de leurs proches. Les gens sont tout particulièrement sensibles aux premiers versets : « Ne soyez donc pas bouleversés…Je pars vous préparer une place… Je reviendrai vous prendre avec moi. Et là où je suis, vous y serez aussi. » Ces promesses de Jésus confortent bien sûr notre espérance. Elles nous invitent à croire que notre vie a un sens, grâce à Jésus, mort et ressuscité, vivant à jamais.
Mais attention ! Ces promesses ne sont pas seulement pour la fin de nos jours, comme pour nous aider à mieux supporter l’épreuve du temps présent. Quand Jésus dit : «  Je reviendrai vous prendre avec moi. », il ne reporte pas les retrouvailles avec ses disciples à la fin des temps. C’est déjà maintenant, c’est déjà ici-bas qu’il vient lui-même nous rejoindre et nous apporter la vie.
La route, le chemin qui relie la terre au ciel, c’est Jésus ressuscité qui nous habite déjà et qui nous guide durant toute la traversée de l’existence. Laissons-nous habiter par sa parole : « Moi, je suis le chemin, la Vérité, la Vie. »

Au cours de cette eucharistie, rendons grâce tous ensemble et demandons au Christ d’ouvrir nos yeux pour pouvoir le reconnaître dans tous nos frères les hommes et d’ouvrir nos cœurs pour faire de nous des pierres vivantes de son Eglise capables d’annoncer les merveilles de son amour.

 

André ROUL, diacre permanent.



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