5° dimanche ordinaire.
Je
ne sais pas si, un jour, vous avez pris le temps de regarder les
vitraux de cette église ? Et ces médaillons peints, entre piliers
et voute ?
Si c’est le cas, vous avez remarqué tous ces
personnages, certains oubliés de nos jours, mais qui, à leur manière,
ont marqué leur époque. Hommes ou femmes, jeunes ou adultes, de rang
social élevé ou humbles, gens d’église ou membres du peuple de Dieu.
Ils sont là, témoins d’une histoire, et… d’une histoire
sainte !
Ils ont été le « sel de la terre ». Ils ont
à leur manière, selon leur charisme, vécu l’évangile. Beaucoup, comme
le dit l’apôtre Paul, n’ont pas annoncé le mystère de Dieu avec le
prestige du langage humain. Mais toute leur vie a été empreinte de la
foi en Jésus-Christ, venu en notre monde, partageant la vie des pauvres
et des exclus, appelant à la conversion et à la sainteté ; foi en
Jésus-Christ sauveur, mort et ressuscité. Oui, au cours des siècles,
ils ont été le sel de la terre. Et, grâce à eux, le sel ne s’est pas
dénaturé, l’évangile est resté vivant avec toute sa force, se
propageant jusqu’aux extrémités du monde, et dans toutes les couches de
la société, marquant le monde social, économique, politique.
Et,
lorsque nous voyons aujourd’hui des peuples, épris de justice et de
liberté, se lever au péril de leur vie, comment ne pas penser à
l’ébranlement des sociétés matérialistes à l’aube des premières
communautés chrétiennes. Toute révolution n’est pas
nécessairement violente ! L’évangile n’est-il pas une révolution
permanente ?
« Vous êtes le sel de la terre », nous
dit Jésus. Aujourd’hui, nous sommes les compagnons de ces hommes et de
ces femmes, de ces myriades…, dont les effigies ne seront jamais
peintes aux vitraux de nos églises, mais qui donnent à ceux qui
partagent leur existence, le bon goût de la vie, ravivent la foi et
l’espérance. En filigrane des paroles du prophète Isaïe, reconnaissez
ce que les uns ou les autres vous essayez de vivre :
« N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, recueillir
chez toi le malheureux sans abri ? » (Is 58, 07).Vos
situations sont diverses, vos engagements aussi, vos possibilités de
même ; mais, si c’est l’esprit de Jésus-Christ qui vous anime, si
c’est l’évangile que vous vivez, humblement, dans le concret de vos
vies, alors « vous êtes le sel de la terre ».
« Vous
êtes la lumière du monde ». Un vitrail, c’est fait pour laisser
filtrer la lumière. C’est comme si tous ces personnages peints sur nos
vitraux, s’animaient à la lumière de Dieu. Durant leur existence, ils
ont été, pour leur part, le reflet de cette lumière de Dieu. Par leur
foi, leur espérance et leur amour, ils ont éclairé le chemin de
beaucoup de leurs concitoyens. La route tracée par le Christ s’est
révélée, peu à peu, à l’immense cohorte de nos frères humains. Oui,
comme au temps du Christ, lorsqu’il enseignait les foules, lorsqu’il
ouvrait les yeux et les cœurs.
Car, la lumière du monde, c’est le Christ, éclairant la route de l’humanité vers la vie, et la vie en plénitude.
« Vous
êtes la lumière du monde ». Nous sommes la lumière du monde.
Quelle prétention diront certains ! Mais ce n’est pas nous qui le
disons, c’est Jésus lui-même. Seulement cela n’est vrai que dans la
mesure où nous mettons nos pas dans les siens.
Eclairer la route
des hommes, c’est aussi notre mission. Et pour la très grande majorité
d’entre nous, c’est par des actions toutes simples, à notre mesure. Tel
un vitrail, il faut nous laisser transpercer par la lumière du Christ,
pour qu’elle atteigne nos concitoyens, cette lumière que l’on
nous a remise lors de notre baptême !
Est-ce que nous nous
reconnaissons dans ces paroles d’Isaïe : « Si tu donnes de
bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux,
ta lumière se lèvera dans les ténèbres » (Is 58, 10). ?
Eclairer
ceux qui sont dans la maison, comme le dit l’évangile, n’est-ce-pas
essayer de donner plus d’humanité à un monde de rapacité, de
violence ? N’est-ce pas rappeler la dignité de toute vie humaine,
depuis son origine jusqu’à sa fin? N’est-ce pas vivre un amour
d’époux, de parents, d’enfants dans l’unité, la fidélité ?
N’est-ce pas oser dire notre foi chrétienne, peut-être comme se dit St
Paul, «craintif et tout tremblant », et de témoigner de notre
appartenance à l’Eglise ? A nous de lire notre vie pour prendre
conscience de ce que veut dire : « éclairer ceux qui sont
dans la maison » (Mt 5, 15). La maison des hommes !
En
commençant j’évoquais ces hommes et ces femmes dont les effigies sont
sur les vitraux et dans les médaillons. Comme eux nous écrivons
quelques pages de l’histoire humaine. Avec eux, essayons d’être le sel
de la terre et la lumière du monde. Sans prétention, humblement, dans
le quotidien, peut-être banal, de nos vies.
Mais si c’est le Seigneur qui nous habite, si c’est son esprit qui nous conduit, alors tout est possible !
C’est pourquoi, nous allons rendre grâce en cette eucharistie.
Amen
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