Cela devrait toujours être une joie pour chacun d'entre nous de retrouver dans l'évangile dominical que nous propose l'Eglise ce passage de saint Matthieu qui nous présente les Béatitudes. Il est si beau.
On a pu dire que ce texte est la “charte du chrétien“ car les Béatitudes contiennent tout ce qui constitue l'idéal de la vie chrétienne. Le pape Benoît XVI a écrit qu'il s'agissait d'une "biographie intérieure de Jésus, un portrait de sa personne". Le père Cantalamessa parle lui de l'autoportrait de Jésus
Vous
aurez
noté comment Matthieu commence son récit, il fait une sorte de mise en
scène pour montrer que ce
que fait Jésus
avant de s'adresser à la foule qui le suit, “ il gravit la montagne, il
s'assit, ses disciples s'approchèrent“. C'est alors seulement que Jésus
va
parler à cette foule qui
entend se nourrir de sa
parole.
Nous
le savons, cette foule est disparate et
bigarrée comme l’est celle qui aujourd'hui dans chacune des églises
catholiques
du monde entier va
réécouter cette
proclamation. Nombre des chrétiens qui vont l’entendre pourront se dire
pour
eux-mêmes : "toi qui es fatigué, toi qui est malade, toi qui es inquiet,
toi qui es malheureux, Jésus t’a vu comme il a vu la foule en Galilée.
Alors
assied-toi et écoute le te parler“.
Tu
n'as qu'une chose à faire, l'écouter, il va
te donner la recette du bonheur. Ne met pas d'abord en avant ce qui
n'est pas
parfait en toi, ce qui est difficile, non, écoute-le t’enseigner car, tu
le sais,
il a dit lui-même qu’il est venu pour
les
malades et non pour les biens portants.
Il
est venu pour ceux qui étaient disposés à
entendre et non pas à considérer qu'ils savaient déjà tout.
Il
est venu pour ceux qui acceptent de
chercher et non ceux qui croient qu'ils sont parvenus au sommet de la
connaissance et qui ne voit plus, à cause de cela, qu’ils sont pêcheurs.
Bref,
la
seule chose à faire est d'ouvrir son cœur et d’accueillir la parole que
le
Seigneur veut y déverser. Et le Seigneur dit pourquoi, c'est pour que
nous trouvions
le bonheur. Il commence à annoncer une Bonne Nouvelle et ce qu'il dit
là, assis
sur la montagne, c'est le résumé de tout ce qu'il dira
dans son Evangile durant les trois années
de sa présence sur cette terre
Ce
bonheur
ne sera pas celui que nous propose notre société où le plaisir est
souvent fait d'artifices et de gadgets. Ce sera un bonheur profond fondé
sur
l'amour d'un Père pour ses enfants, fondé sur la présence d'un frère
venu nous
sauver par le sacrifice de la Croix, fondé sur l'action permanente et
bienfaisante de l'Esprit Saint que Jésus ressuscité est venu nous
révéler.
Les
Béatitudes,
c'est cela : la recette du bonheur que l'on trouve en se
laissant guider par l'Esprit du Seigneur.
Les
apôtres
sont là autour de Jésus mais nous le savons ils ne seront pas
immédiatement pleinement remplis de son message, ils leur faudra du
temps..
Car
seule
Marie a vécu pleinement avec Jésus l’esprit des Béatitudes parce qu'elle
a été entièrement comblée
par le Saint Esprit
lors de l'Annonciation. Que sa disponibilité soit un modèle pour nous.
Il
nous faudrait reprendre chacune de ces Béatitudes
et voir combien chacune d'elles est un chemin pour avancer vers la
sanctification à laquelle nous appelle notre vocation de chrétiens. Il
nous
faudrait choisir, je pense celle ou peut-être les deux qui correspondent
le
mieux à ce que nous sommes, à ce que nous pouvons être, pour devenir
toujours
plus docile à l'appel de l'Esprit Saint.
Ainsi,
si
nous souhaitons progresser dans la douceur, mettons nous à l’école des
saints, entendons St Ignace d'Antioche
nous
dire "en face de leur colère vous serait doux ; (en face) de
leur vantardise, vous soyez humbles".
Écoutons
aussi
saint François de Sales
dans cette
remarque qui ne manque pas d'humour "soyez aussi doux que possible et
souvenez-vous que l'on prend davantage de mouches avec une goutte de
miel qu’avec
un baril de vinaigre."
Oui,
chers
frères et sœurs entendons le Seigneur nous murmurer : “mettez-vous à mon
école car je suis doux et humble de cœur" .Cependant, nous nous
souviendrons qu’au garde qui le frappait sur
la joue dans le sanhédrin Jésus ne lui
tend pas l'autre joue mais dit calmement "si j'ai mal parlé, témoigne de
ce qui est mal ; et si j'ai bien parlé pourquoi me frappes- tu ?"
(Jean 18. 23).
Saint
Paul, dont nous fêtions la conversion
mercredi dernier, lorsqu'il écrit à ses chrétiens de Colosse leur dit,
comme à
nous : "vous donc, les élus de Dieu, ses saints et ses bien-aimés
revêtaient des sentiments de tendre compassion, de bienveillance,
d'humilité,
de douceur, de patience " (CO 3.12).
Qu’ainsi
le
Seigneur entende notre supplication lorsque nous prions les litanies du
Sacré-Cœur
"Jésus, doux et humble de cœur, rends nos cœurs
semblables au tien".
Georges RENOUX, diacre
Permanent
Basilique du Sacré Cœur
de
Marseille
le
29 janvier 2023