3° dimanche de Pâques.
Ac 2, 14-33 ; Ps 15 ; 1P1, 17-21 ; Lc 24, 13-35
Je ne pense pas me tromper en disant que nous sommes ici nombreux à
avoir déjà entendu ce passage de l’évangile de Luc, ce récit de
l’apparition de Jésus sur la route d’Emmaüs. . .
En préparant cette homélie, je me suis questionné sur les conclusions
des 4 évangiles, car il me semblait que ce récit ne figurait pas dans
les 4 évangiles. Et en effet, lorsque j’ai relu les derniers chapitres
des évangiles de Matthieu, de Marc et de Jean, j’ai pu constater que
seul Luc relate l’apparition de Jésus à deux disciples.
Rapidement, je vous dis quelques extraits des 3 autres évangiles, avec les versets qui concluent chacun d’eux :
- Dans l’évangile de Matthieu, Jésus vient à la rencontre des 11 disciples sur une montagne en Galilée :
« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples. . . et moi,
je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
- Chez Marc, Jésus apparaît à Marie de Magdala, puis
à 2 autres qui faisaient route pour se rendre à la campagne (ici on
peut penser qu’il s’agit des 2 mêmes disciples dont nous parle Luc ?).
puis enfin aux onze alors qu’ils étaient à table :
« Allez par le monde entier, proclamer l’Evangile à toutes les
créatures » ; « quant à eux, ils partir prêcher partout : le Seigneur
agissait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui
l’accompagnaient. »
- Enfin dans l’évangile de Jean, Jésus apparaît aux disciples réunis dans la maison :
« Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit : la Paix soit avec vous »
« Jésus a fait encore bien d’autres choses ; si on les écrivait une à
une, le monde entier ne pourrait, je pense, contenir les livres qu’on
écrirait. »
Vous voudrez m’excuser pour ces rappels, mais il me semblait important
de vous les relire car je dirais que chacun évoque ce qui pourrait
constituer la fin d’une histoire, celle de la venue du Christ parmi les
hommes ; et chacune de ces fins résonne comme un envoi à aller porter
sa Bonne Nouvelle de paix et d’amour.
Cependant, s’agissant du texte de ce dimanche, il n’annonce pas la fin
d’une histoire mais me semble-t-il, il préfigure le début d’une autre
belle histoire.
Cette histoire, c’est la nôtre, c’est une aventure démarrée il y a 2000
ans, une aventure sans cesse renouvelée au cours des siècles.
Alors même si notre époque est éloignée du temps de Jésus, nous aimons
faire revivre cette histoire, l’histoire du peuple de Dieu auquel nous
appartenons.
Revenons quelques instants sur cette rencontre des 2 disciples : On ne
sait pas qui ils sont, ni d’où ils viennent, on ne connaît ni leur nom
ni leur métier, on nous les présente comme 2 disciples qui
viennent de vivre des évènements dans la ville de Jérusalem. On les
imagine tristes et découragés, et même désespérés : « Nous, nous
espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël »
Oui désespérés car l’imparfait traduit bien un désespoir : Que s’est-il
donc passé qui puisse autant dérouter ces 2 hommes ?
Et qui suivaient-ils ces marcheurs que l’on nomme disciples ?
La réponse nous l’avons à l’apparition de Jésus. . .
> Frères et soeurs, dans nos propres vies, nous devons nous
aussi faire face à des situations humainement difficiles : un
deuil, une maladie, une perte d’emploi, une dépendance. . . Notre vie
chrétienne est aussi ébranlée lorsqu’on regarde la situation de
l’église 2000 ans après sa création : nos églises se vident, les
vocations sont moins nombreuses et de moins en moins de jeunes hommes
vont étudier au séminaire, les jeunes générations ne pratiquent plus et
sont loin de la foi chrétienne, Il ne sert toutefois à rien de
s’apitoyer, cela ne règlera rien, mais le constat est quand même là !
Un peu comme ces 2 disciples qui s’en retournent tristement à la tombée du jour, nous semblons nous enfoncer dans la nuit.
Pourtant, il nous faut continuer à avancer (et comme on dit : « il faut bien aller de l’avant »).
La présence de jeunes parents tout à l’heure à Béré pour des baptêmes,
la présence ce matin de jeunes familles préparant le baptême de leurs
enfants, la présence aussi des confirmands et de leurs accompagnateurs,
tout cela nous invite à avancer ; ces présences doivent nous réjouir
car elle sont signe d’une Eglise toujours vivante. Aussi, tout au long
de cette célébration, nous allons les porter dans notre prière pour que
leur démarche ne soit pas qu’un simple évènement familial.
D’aucuns diront aussi que notre monde ne va pas bien, que la terre ne tourne pas rond !
Il est vrai que chaque jour, les médias nous abreuvent de catastrophes, d’attentats, de crises en tous genres.
Il m’est ainsi difficile de ne pas évoquer la crise que traverse notre pays.
Depuis plusieurs mois, nous nous préparons à une échéance électorale de
grande importance, mais la campagne électorale délétère et confuse qui
a précédée notre vote nous amène à une situation inédite pouvant aller
jusqu’à mettre en péril notre société.
Et cette situation nous amène aussi à ne pas oublier des situations plus graves dans d’autres pays.
Je n’ai pas de solution miracle à proposer, mais ma relecture récente
de quelques extraits de la lettre encyclique « Laudato Si » du pape
François nous apporte des éclaircissements.
Je cite ici des extraits pris dans un chapitre intitulé « Amour civil et politique » :
« Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des
autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du
monde, que cela vaut la peine d’êtres bons et honnêtes. Depuis trop
longtemps déjà, nous sommes dans la dégradation morale, en nous moquant
de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. L’heure est
arrivée de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a peu servi.
Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous
opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres
intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violences
et de cruauté. »
« Tu es bien la seule personne à ignorer les évènements de ces journées »
C’est sur le chemin que les disciples font cette remarque à Jésus
; celle-ci pourrait être celle des électeurs français à l’égard
des candidats et de nos futurs gouvernants. Leurs programmes et autres
promesses répondent-ils à une nécessaire prise de conscience en vue
d’un mieux de vivre ensemble ?
Les chemins vers la démocratie deviendraient-ils si encombrés ?
Sur la route d’Emmaüs, Jésus lui connaît bien les évènements. Mieux, il
connaît l’homme car Jésus aime tous les hommes, qu’ils soient
pécheurs, petits ou grands, faibles ou puissants. En mourant sur
la Croix, en s’offrant à nous, il nous a donné tout son amour, un amour
sans limites, un amour sans frontières.
Sur la route d’Emmaüs, le Christ rejoint non seulement les 2 disciples, mais il nous rejoint nous aussi.
« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Ecritures ? »
Sur la route d’Emmaüs, la situation est cependant paradoxale : les 2
disciples ne reconnaissent pas Jésus bien qu’ils l’aient vu quelques
jours auparavant !
Que leur manquait-il donc pour qu’ils ne le reconnaissent pas ? Leur
manquait-il la foi ? Cette foi que nous voulons nourrir par les
Ecritures et par l’eucharistie.
Ce dimanche encore, nous avons entendu la Parole de Dieu, tout à l’heure nous recevrons le pain de vie.
La célébration eucharistique qui est source et sommet de toute vie
chrétienne, cette célébration est pour nous croyants un envoi en
mission : mission de vivre dans l’espérance, mission d’annoncer la
Bonne Nouvelle.
Frères et sœurs, amis paroissiens, puissions-nous rendre grâce pour
tant d’Amour, puissions-nous quitter nos nuits pour apporter la lumière
et l’espérance autour de nous.
Pour que nos communautés s’appuient sur la Parole et le pain partagés,
Frères et sœurs Allons par le monde entier, proclamer l’Evangile à
toutes les créatures.
AMEN
Joël MACARIO
30 avril 2017
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