33° dimanche ordinaire.
Une
précision : le talent de la parabole c'est, à l'époque, entre 19 et 27
kilos d'argent, soit plusieurs dizaines d'années, voir une vie entière
de dur labeur.
Alors, imaginez-vous face à cette richesse. Quelle serait ma réaction,
en sachant qu'à son retour, celui qui me l'a confiée demandera des
comptes? Suis-je de ceux qui, par peur de tout perdre ou par crainte de
décevoir, la cache en lieu sûr pour la retrouver intacte à son retour?
Ou serai-je de ceux qui osent, malgré les risques et les aléas de la
vie, faire fructifier le peu ou l'énormité qui m'est confié ?
Cette parabole n'a pas été écrite dans le contexte actuel malgré tout,
la parole de Dieu nous est donnée pour notre vie d'aujourd'hui. Pas une
vie rêvée mais celle que nous vivons réellement en famille, au travail,
en société, en Église. Si les talents d'aujourd'hui ne sont plus
d'argent, ils existent encore. Aujourd'hui, ils sont vivants en nous.
Certains parleront de dons de l'Esprit, de Charismes, de
richesses…qu'importe. Nous sommes, chacun de nous, jeunes ou vieux,
riches ou pauvres, en situation précaire ou de handicap dépositaires de
bien des richesses. Ne dit-on pas :
Quel talent cette photographe, il a le charisme de l'écoute, elle a le
don de parler, il a le talent de me faire rire quand je suis triste, il
sait s'émerveiller de petits riens, il sait marcher avec moi, à mon
pas…Oui, nous sommes TOUS riches de talents, de dons, de charismes.
Soyons-en persuadés. Prenons le temps de relire, avec le regard tendre
de Jésus, nos gestes, nos actions, nos décisions posés en vérité, dans
la vie fraternelle et l'amour que Dieu nous donne de partager, nous les
découvrirons, ils sont là!
Dans la parabole, celui qui a caché le talent n'a pas fait de mal et
pourtant le maître le condamne. Qu'en serait-t-il pour moi ? L'Esprit
présent en moi, révélé par mon baptême me fait porteur d'Espérance,
l'imposition des mains au jour du baptême me transmet la force du
Christ. Les dons offerts sont là pour vivre ma mission de baptisé, à ma
manière, dans ma vie, dans ma réalité, mais à la façon du fils d'un
Père tendre et aimant pour mon bien et celui des autres.
Ne pas faire fructifier ces dons, c'est refuser la confiance que Dieu
met en moi. En pensant de ne pas être à la hauteur de l'attente sans
même essayer de l'être, en doutant de Celui qui peut tout, les dons
confiés s'abîment et s'éteignent. Oser les faire fructifier, avoir
cette audace, c'est les vivre avec les autres qu'ils découvrent l'amour
offert par Dieu par l'intermédiaire des personnes qui font l'Église du
Christ ouverte, accueillante et comme le dit le pape François "rendant
manifeste le parfum de la présence de Jésus et de son regard personnel"!
Dieu donne, Dieu nous donne sa confiance, n'ayons pas peur! Croyons en
la Parole du Christ quand il dit : "je serai avec vous jusqu'à la fin
du monde". Écoutons Paul dire "ce n’est pas un esprit de peur, mais un
esprit de force que Dieu nous a donné". Agissons avec Lui, par Lui pour
la joie des hommes et la Gloire de Dieu.
Quel paradoxe de parler de richesse pour la journée du Secours
Catholique! Et pourtant ces femmes et ces hommes qui s'y engagent sont
des exemples pour tous. Ils savent qu'ils ne sont pas tout-puissants
devant les vicissitudes de la vie. Ils restent humbles devant tant de
difficultés et souffrance endurées par autrui. Malgré tout ils
continuent à agir, ils réfléchissent, peinent et construisent,
ENSEMBLE, pour rendre le monde plus juste. Ils témoignent d'un
véritable amour fraternel en utilisant leurs talents. Ce sont eux qui
sont mieux à même de témoigner des fruits et je leur laisse la place.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
16 novembre 2014
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