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31° dimanche ordinaire.



Nous venons d’écouter quatre textes, celui de Malachie, le psaume, la lettre de Paul et l’évangile de Matthieu.
Quatre textes qui ont plusieurs traits communs. Ils parlent de bénédictions et de malédictions, ils parlent aussi d’amour fraternel, d’amour maternel et ils parlent d’un père.
Le prophète Malachie est comme tous les prophètes de la Bible, un messager de Dieu. D’ailleurs, Malachie signifie « mon messager », mais un messager s’adresse à quelqu’un. A qui ? En premier aux prêtres de son époque, et ensuite à nous évidemment.
Quand Malachie prend la parole, ce qu’il dit est très fort et ne plait pas. Il a à cœur d’avertir les prêtres du Temple que leur exemple est un contre-témoignage : « Au lieu de conduire le peuple vers Dieu et vers vos frères, vous les avez fait vaciller par votre attitude qui dit et ne fait pas, qui impose des règles et ne les suit pas. »
Bref, vous avez raté la cible, une expression qui en hébreu signifie pécher.
Ce sont les mêmes termes qu’emploie Jésus à l’égard des scribes et des Pharisiens. A croire que Jésus connaissait les écrits du prophète Malachie. Vous avez compris, il s’agit d’une blague. Tout Juif connait la Bible, la Loi et les Prophètes, souvenez-vous de la discussion sur le chemin d’Emmaüs.
Le psaume lui, sera la poésie de notre dimanche, la cerise sur le gâteau que vous trouverez j’espère sur la table ce midi.
C’est le roi David qui s’adresse à Dieu : « Seigneur je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Je tiens mon âme égale et silencieuse comme un petit enfant contre sa mère ». Voici un roi, batailleur et touché par la grâce, souvenez-vous du berger qui se battit contre Goliath, mais aussi de celui qui fauta avec Bethsabée la femme d’Urie, David qui reçut l’onction d’huile par le prophète Samuel et qui est donc messie, voilà ce grand roi, plein de grâce et d’humanité, qui s’abaisse et se remet entre les mains de Dieu en disant pour lui et pour le peuple qui lui est confié : « Attends le Seigneur Israël, maintenant et à jamais ».
Pendant la semaine, et même dès aujourd’hui, je vous invite à reprendre ce très cours psaume, ce sont trois versets au total, et de l’apprendre par cœur. La parole de Dieu est toujours une invitation à se laisser rejoindre par Dieu. Vous verrez alors par vous-même pourquoi l’on dit que dans la Parole se trouve la présence réelle de Dieu.
Belle cerise sur votre gâteau, n’est-ce pas ?
Je vais aller directement à l’évangile. Que Paul me pardonne.
Jésus nous invite à suivre les préceptes de l’Alliance, ces préceptes confiés à Moïse sur le mont Sinaï, comme autant de préceptes de vie. Pour un Juif, exprimer sa foi, c’est avant tout observer les commandements, et observer les commandements, c’est les mettre en pratique. Ce n’est pas seulement un acte de l’esprit, un acte spirituel. C’est agir, mouiller sa chemise, se mouiller. Et le baptême est certainement le signe de cet engagement puisque nous sommes mouillés par l’eau de ce sacrement. N’ayez pas peur, n’ayez pas peur de vous mouiller, comme nous dit la Bible et le pape Jean-Paul II. Cette expression « N’ayez pas peur » est présente 365 fois dans la Bible. Une fois pour chaque jour de l’année. C’est dire s’il nous faut faire confiance pour vivre chaque jour.
Le jour de l’ordination diaconale, l’évêque demande à l’épouse : « Acceptez-vous tout ce que le diaconat qu’il va recevoir apportera de nouveauté dans votre couple et votre vie de famille ? »
Cette question est pour chacun et chacune d’entre nous, et nous pouvons remplacer le mot diaconat par baptême, et la phrase devient alors : « Acceptez-vous tout ce que le baptême que vous allez recevoir apportera de nouveauté dans votre vie, dans votre couple, votre vie de famille, votre vie de tous les jours ? »
Par le baptême, nous devenons fils et filles de Dieu, frères et sœurs de Jésus et entre nous. D’une certaine manière, nous devenons responsables les uns des autres. Quelle que soit notre couleur de peau, notre origine sociale, notre façon de vivre ou de voir la vie. Jésus est celui qui nous fait entrer dans cette drôle de famille.
Dieu ne cesse pas de nous appeler (comme ce matin en venant à l’église), Dieu ne cesse pas de nous rappeler par sa parole et par la parole de ceux qui nous entourent, qu’être un homme, une femme, c’est prendre soin du lien qui nous relie les uns aux autres.
En réservant le nom de Père à notre Père, notre Créateur, c’est une invitation à se regarder les uns les autres, tous au même niveau, avec respect et amour fraternel, autant que faire se peut. C’est un appel au respect de tout homme. C’est un appel à reconnaître la dignité de tout homme, de toute femme, de chaque enfant.
C’est sans doute pourquoi Jésus insiste tant pour que nous réservions le titre de père à notre père qui est aux Cieux.
Découvrir en l’autre un frère, une sœur, c’est sans doute là, la tâche qui requiert le plus d’énergie, de volonté et confiance.
Voici une histoire juive qui nous parle de ce chemin.
« Un rabbin demande à ses étudiants :
– Comment sait-on que la nuit s’est achevée et que le jour se lève ?
Il s’agit là d’une question importante puisque le moment attendu est celui qui nous fait passer d’un jour à l’autre, qui marque le temps de notre existence, le temps des fêtes et qui permet le vivre ensemble.
– on le sait quand on peut reconnaître un mouton d’un chien, dit un étudiant.
– Non, ce n’est pas la bonne réponse, dit le rabbin.
– Au fait, dit un autre, qu’on peut reconnaître un figuier d’un olivier.
– Non, dit le rabbin. Ce n’est pas la bonne réponse.
– Alors comment le sait-on ?
– Quand nous regardons un visage inconnu, un étranger, et que nous voyons qu’il est notre frère, à ce moment-là le jour s’est levé »

 
Michel BERDAH
Diacre permanent
5 novembre 2017

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