31° dimanche ordinaire.
Indignez – vous !
(Matthieu 23, 1-12)
Tout le monde a entendu parler de ce mouvement de révolte universel qui
a commencé à Madrid et qui se fait appeler : « les indignés ». C'est le
titre d'un opuscule du diplomate Stéphane Hessel, qui est aussi un des
rédacteurs de la « Déclaration universelle des Droits de l'Homme » de
1948 et un vétéran de la résistance au nazisme. Indignez-vous !,
lance-t-il à la jeunesse, parce qu'il y a des motifs à l'indignation :
jamais le pouvoir de l'argent n'a été aussi grand, il s'est infiltré
dans les plus hautes sphères de l'état, jamais l'écart entre les plus
riches et les plus pauvres n'a également été aussi important et ne
cesse de grandir, les droits de l'homme sont bafoués : regardez le
traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, les conquêtes sociales
sont une à une remises en cause. Il s’agit de s’indigner parce qu’on
n’y trouve pas son compte et parce que l’on ne trouve pas sa place dans
ce monde qui change.
En tant que chrétien, on ne peut pas s'empêcher de faire le
rapprochement entre les bouleversements provoqués par Jésus il y a
vingt siècle et ce mouvement de contestation. On voit bien Jésus se
joindre aux manifestants pacifiques, marchant dans les rues, occupant
les places publiques et dénonçant ce monde insupportable.
Je crois bien que c'est ce qu'Il faisait en s'en prenant aux pharisiens
couverts de riches vêtements, cherchant les places d'honneur, et aux
scribes qui enseignaient la Loi divine sans l'observer eux-mêmes.
Oui, Jésus s’indignait.
Il s'indignait du pouvoir donné par le savoir qui permettait à un petit
nombre d'accaparer des privilèges et de les conserver. Mais Jésus
dit à la foule qui l'écoute : « ne vous faites pas donner de titres
savants et respectueux, ne vous faites pas appeler par le nom de celui
qui est aux cieux, cela ne sert à rien : ceux-là sont déjà condamnés.
Certes, le droit est de leur côté, et c'est pour cela qu'ils
n'acceptent pas le procès que je leur fais, ils n'acceptent pas mes
provocations publiques, et je sais qu'ils complotent contre moi et
arriveront à leurs fins en provoquant ma mort »
Privilégiés se croient-ils ? Serviteur ! répond Jésus : « le plus grand parmi vous sera votre serviteur »
Que veut nous dire Jésus ?
Le serviteur c'est celui qui apporte le mieux-être à celui qui est
servi, qui est disponible, qui est attentif aux besoins de celui qui
doit être servi.
Il s’agit maintenant de savoir de qui on est appelé à être le serviteur ?
De Dieu, bien entendu ! pouvons-nous répondre sans presque réfléchir !
C'est bien ce que croyaient les pharisiens, mais non, Jésus vient nous
dire que ce n'est pas ça...
Jésus nous dit : soyez les serviteurs des autres. C’est à n’y rien
comprendre, sauf si on se souvient du deuxième plus grand commandement
: « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Nous sommes les serviteurs des autres, c'est-à-dire de l’humanité toute
entière. En effet, si pour nous Dieu est celui qui nous a créé dans un
élan d'amour infini, c’est pour notre bonheur. Si pour nous Dieu donne
tout son sens à la création et à l’humanité, ce n’est pas pour établir
des catégories, des genres ou des classes entre les hommes, ni pour
construire une hiérarchie de privilégiés en fonction des diplômes, du
savoir ou de l’origine. Non, tous les hommes ont droit au bonheur.
Et c’est pour accomplir ce projet de bonheur et de fraternité, que le Seigneur nous embauche comme serviteurs.
Sans doute le bonheur a-t-il plusieurs sens selon l'endroit où on vit
dans le monde, selon la société dans laquelle on grandit : le bonheur
d'un martiniquais n'a sans doute pas le même sens que celui d’un nomade
de Mongolie. Mais nous appartenons tous à la même humanité et nous
sommes tous la recherche du bonheur sur cette terre, et de la joie de
remplir notre vie.
Nous sommes donc mis par le Seigneur au service du mieux-être de
l’humanité. Et le service de l’humanité, c’est le service de Dieu car
nous prenons soin de Sa création.
Et si cela passe par l'indignation, alors emboitons les pas de Jésus
pour que le monde se mette à l’unisson de Dieu. Disons à tous ceux qui
nous demandent à quoi ça sert d'être chrétien, que nous proposons autre
chose que la consommation de masse, le mépris des plus faibles, la
compétition entre les hommes, la culture de mort, disons que nous
offrons nos services pour la paix, la justice sociale qui honore le
Créateur, l’harmonie du monde qui est une image du Seigneur, la vie
donnée, la vie offerte,
Gloire à Jésus pour les siècles des siècles !
Gérald PRIVE
Diacre permanent
Paroisse Notre Dame de la Bonne Délivrance des TROIS ILETS
Paroisse Saint Henri des ANSES D'ARLET
Martinique
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