30° dimanche ordinaire.
Pour
ceux qui connaissent Lourdes, vous savez qu'un cinéma propose chaque
jour dans toutes les langues imaginables, le film de Jean Delannoy:
Bernadette. Il y a quelques années c'était un autre film sur
Sainte Bernadette, son titre: Il suffit d'aimer.
Ce film commence
par un cours de catéchisme dans la classe où était Bernadette. Et la
religieuse qui interroge : « Qu’est-ce que Dieu ? » Et
Bernadette de répondre « Dieu est Amour! » sans trouver
d'autres choses à dire. Elle répète: « Dieu est Amour! »Toute
la classe ricane devant cette fille qui ne sait ni lire, ni écrire, ni
apprendre sa leçon de catéchisme. La religieuse interroge alors celle
qui semble tout savoir et qui répond mécaniquement:« Dieu est un pur
esprit, infiniment parfait, éternel créateur et maître de toutes
choses. »
Le passage d'Evangile que nous venons d'entendre vient
après une série de controverses parfois rudes entre Jésus et les
pharisiens? Vous vous souvenez de celle rappelée dimanche dernier :
"rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu".
Ces débats portaient sur des points importants qui étaient en discussions chez les juifs : la résurrection, l'impot...
Et
aujourd’hui Jésus nous dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
Et Tu
aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture
- dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux
commandements. »
On peut donc penser que cela résume tout l’enseignement de Jésus.
Alors maintenant comment faire pour le vivre ?
Regardons ces phrases. Dans les deux le sujet c’est TU, c'est-à-dire que cela s’adresse à chacun d’entre nous.
Dans les deux phrases le verbe c’est aimer. Mais aimer qui ?
D’abord Dieu et ensuite le prochain et moi-même.
Aimer
Dieu, Aimer ceux avec qui nous vivons, ami ou moins ami. Et s'aimer soi
même. Comme si pour être équilibré l'amour devait s'appuyer sur trois
pieds: Dieu, le prochain et soi-même. Si l'un des trois manque...le
tabouret se casse la figure, l'amour devient bancal.
Dans son
encyclique « Dieu est amour » Benoit XVI nous dit :"Si
dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant
seulement être «pieux» et accomplir mes «devoirs religieux», alors même
ma relation à Dieu se dessèche. Les saints – pensons par exemple à la
bienheureuse Teresa de Calcutta – ont puisé dans la rencontre avec le
Seigneur dans l’Eucharistie leur capacité à aimer le prochain de
manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis
son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des
autres. Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un
unique commandement." Et plus loin il dit encore : « aimer son
prochain est aussi une route pour rencontrer Dieu, et où fermer les
yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu. »
Mais
quelquefois nous avons tendance à opposer les deux : aimer et
servir Dieu, dans son Eglise, faire de belles prières et de belles
liturgies ou bien se préoccuper de nos frères. L’un ou l’autre. Adorer
ou servir.
St Jean nous dit : « Si quelqu'un dit : «
J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c'est un
menteur. En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est
incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas. »(1 Jean 4,20)
Mais
Jésus sait notre difficulté et y a déjà
répondu : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous
l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que
vous l'avez fait. »(Mat 25, 40) Et dans l’Evangile de Saint Luc
c’est la parabole du bon samaritain qui est juste après le rappel de
ces deux commandements pour bien comprendre qui est notre prochain.
Jésus
lui-même nous a montré l'exemple: il a été proche de tous, les pauvres,
les petits, les exclus. Et en même temps, Il est resté à l'écoute de
son Père dans la prière et dans la fidélité à la Loi.
Marie sa mère,
toute disponible pour Dieu à qui elle voulait se consacrer, qui part
"rapidement" pour aider sa cousine âgée. Et l'on imagine Marie toujours
attentive à ce qui se vit autour de chez elle à Nazareth, dans son
quartier, la voisine malade, la maman qui est seule avec ses enfants.
Dans
la vie de l'Eglise de nombreux saints et saintes ont été signe de
l'amour de Dieu autour d'eux sans oublier de dire leur amour à Dieu.
Saint Vincent de Paul ou plus près de nous Frédéric Ozanam, Marcel Brottier ou Jean Vanier.
Et
pour nous, aujourd'hui? Cela peut passer par la visite à une personne
malade ou isolée. Par l'attention à une voisine un peu déprimée. Par un
engagement dans une association comme celles qui nous ont été
présentées à la projection du film « Versailles », l'écoute
de la rue, brin de causette ou ici à Vertou, les petits frères des
pauvres...et vous pourriez vous-mêmes prolonger la liste.
Mais ce
peut être aussi par des gestes quotidiens comme l'attitude que nous
avons en conduisant sa voiture, faire la queue au supermarché, choisir
une émission de télé et se poser la question: est-ce que ce que je
fais, ce que je dis, ce que je regarde est fait avec amour, est ce que
cela me grandit, est ce que cela est digne de l'homme ou de la femme
que je suis, créé à l'image de Dieu et aimé de Dieu?
C'est
exactement ce que nous avons entendu dans la lecture du livre de
l'Exode: « Tu ne maltraiteras point l'immigré qui réside chez toi, Vous
n'accablerez pas la veuve et l'orphelin. Si tu prêtes de l'argent à
quelqu'un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n'agiras pas
envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d'intérêts.
» (On voit bien que ce genre de préoccupations ne date pas de la
crise des subprime...)
Alors comment concilier les deux? Jésus lui
même partait seul, le matin, dans la montagne, et priait, s'offrait à
son Père, pour redescendre plus tard et faire la volonté de son Père.
Et nous?
Ici dans cette église, nous sommes un peu sur la montagne.
Devant nous le Christ sera présent dans l'Eucharistie, s'offrant avec
nous et pour nous à la volonté du Père, pour qu'en Lui nous repartions
aimer. Lors du Congrès Eucharistique au Québec en juin dernier cela
nous a été redit de manière forte : aimer Jésus dans l’Eucharistie
est indissociable de l’amour du prochain car, c’est dans l’amour que
Jésus nous donne dans son corps que nous puisons la force d’aller vers
les autres. La force mais aussi l’intelligence et l’imagination pour
répondre à des besoins nouveaux dans notre société qui se dit de
progrès mais qui génère de nouvelles pauvretés aussi.
« Aimer
de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. »
C'est-à-dire mettre la même intelligence, la même détermination à aimer
Dieu, et à aimer ceux qui nous entourent que celle qui nous permet
d'avancer dans nos études, dans une carrière professionnelle, dans
l'éducation de nos enfants ou même dans la réussite sportive.
Alors comme Bernadette nous le dit : Il suffit d'aimer
VERTOU 25-26 Octobre 2008 Philippe ARRIVE, diacre permanent.
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