2° dimanche de Pâques.
Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
Nous sommes le 1er mai. Ce n’est pas le style habituel d’une homélie,
mais si je vous demandais de dire ce qu’évoque cette date pour vous, je
suis sûr que j’aurais des réponses du style :
« Le 1er mai, c’est un jour férié mais, malheureusement, cette
année ça tombe un dimanche ! », « le 1er mai est un jour
férié parce que c’est la fête du Travail, la fête des travailleurs.
D’ailleurs l’Eglise fête ce jour-là Saint-Joseph, artisan. »,
« le 1er mai, c’est aussi la fête du muguet ! »,
« Oui, mais, pour nous chrétiens, cette année c’est le 2e dimanche
de Pâques ! Et c’est aussi en ce 1er mai qu’est célébrée la
béatification de Jean-Paul II, mort il y a six ans ! »
« C’est précisément Jean-Paul II qui a institué la fête de la
divine miséricorde ce 2e dimanche de Pâques ! » Et, vous auriez
sans doute d’autres propositions.
Je ne vais pas tout retenir pour cette homélie. Nous aurons bien sûr
une pensée particulière, au cours de la Prière Universelle, pour toutes
les personnes en activité professionnelle et aussi pour tous celles qui
ne trouvent pas de travail dans ce contexte de crise économique et
sociale qui creuse les inégalités.
Je ne vais pas non plus bloquer notre attention sur l’attitude du
sympathique Thomas que la liturgie nous fait rencontrer chaque année en
ce 2e dimanche de Pâques. Thomas l’incrédule, Thomas le pragmatique,
Thomas l’homme bien humain qui nous réconforte car nous nous
reconnaissons en lui.
Je vais plutôt m’appuyer sur ce qu’exprimait Jean-Paul II, il y a
déjà 11 ans, dans son homélie du 30 avril 2000 : « Il
est important que nous recevions entièrement le message qui provient de
la parole de Dieu en ce deuxième dimanche de Pâques, qui dorénavant,
dans toute l’Eglise, prendra le nom de dimanche de la Divine
Miséricorde. » fin de citation.
Pour cela, il nous faut bien comprendre ce mot
« miséricorde ». On y retrouve les mots « misère et
cœur ». Miséricorde veut dire : qui a le cœur sensible au
malheur d'autrui, à la misère. Dieu a un cœur sensible à la misère, à
notre misère, à nos souffrances, à nos péchés. La Parole de Dieu
présente souvent le Seigneur comme un Dieu de miséricorde et utilise
pour cela des expressions émouvantes : il a des entrailles de
miséricorde, il aime d’un amour profond, comme une mère …
Nous comprenons mieux que cette miséricorde divine transparaît dans les
textes bibliques de ce jour. Toute la liturgie de la Parole prolonge la
bonne nouvelle de la résurrection par l'amour miséricordieux du Père.
Dans l’Evangile que nous venons d’entendre, par trois fois, Jésus dit :
« La paix soit avec vous ! » Et ce sont les premières paroles que les
disciples entendent de la bouche du ressuscité. Jésus donne la paix à
ses disciples parce que c’est ce qui leur a manqué le plus cruellement
dans les jours précédents. Lorsque qu’il a été arrêté, ils ont fui, le
laissant seul face à la mort. Après la résurrection, alors même que
Marie-Madeleine puis Pierre et Jean ont vu le tombeau vide les
disciples s’enferment chez eux et verrouillent les portes. Ils ont peur
du climat de violence qui règne sur Jérusalem depuis l’exécution de
Jésus et ils craignent pour leur propre sécurité.
Jésus, miséricordieux, vient les rejoindre au cœur même de leurs doutes
et de leur détresse. Il répand sur eux son souffle et il leur
dit : « Recevez l’Esprit-Saint. » Alors les disciples
sont remplis de joie et libérés de leur angoisse. Jésus leur redonne
force et courage car ils auront une longue route à parcourir. Ils
seront envoyés pour annoncer au monde entier que tous sont appelés à
accueillir la miséricorde que Dieu ne cesse de vouloir nous offrir.
Et, nous aujourd’hui ? Nous sommes, deux mille ans après, les
héritiers de ce témoignage des Apôtres et nous sommes envoyés, nous
aussi, pour le communiquer autour de nous, dans nos familles, nos lieux
de travail et nos divers milieux de vie.
Dans la première lecture, tirée du Livre des Actes des Apôtres, Saint
Luc nous donne peut-être une image un peu idyllique de ce qu’était la
communauté des premiers chrétiens car ce ne devait pas être aussi
facile que cela tous les jours, mais il exprime très clairement les
quatre piliers sur lesquels repose la foi de toute communauté
chrétienne : « Les frères étaient fidèles à écouter
l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à
rompre le pain et à participer aux prières ».
- Ecouter l’enseignement des Apôtres, c’est-à-dire
accueillir la Parole de Dieu transmise par les apôtres, les premiers
témoins.
- Vivre la communion fraternelle, c’est-à-dire le
partage de la foi mais aussi des joies et des peines, et même des
ressources dans certains cas, par solidarité avec les plus démunis.
- Rompre le pain, c’est-à-dire célébrer l’Eucharistie
- Participer aux prières, c’est-à-dire prier dans
l’intimité de sa maison, de son cœur et bien sûr en communauté
fraternelle.
Ces quatre points sont tous très importants mais je voudrais
particulièrement attirer votre attention sur l’importance du vivre la
communion fraternelle, et du « rompre le pain », c’est-à-dire
célébrer l’Eucharistie » en me servant d’une réflexion exprimée
par un lecteur de la revue Panorama de ce mois. Voilà ce qu’il
écrit : « Dans ma paroisse, la liturgie est soignée, les
chants sont beaux. Mais la messe est loin de la vie
quotidienne. ».
J’espère que vous n’avez pas le même ressenti de ce que vous vivez dans
notre communauté paroissiale. Je voudrais cependant vous donner des
extraits intéressants de la réponse que lui apporte le Père Dominique
Fontaine. Je le cite : « Quel dommage ! On a
effectivement l’impression, dans certaines messes, que les gens sont
invités à laisser leur vie de relations au vestiaire en entrant dans
l’église. Pourtant, ils arrivent avec toute cette vie quotidienne,
toutes ces relations qui les font tenir debout dans l’existence :
les malades dans leur famille ou leur voisinage, la naissance d’un
petit-enfant, des relations conjugales ou professionnelles plus ou
moins faciles… ils ne viennent pas seuls mais avec les joies et les
peines de tous ceux avec qui ils sont en relations. Or, une fois la
messe commencée, on a l’impression qu’ils sont amputés de ces
relations… Comment les fidèles peuvent-ils être «présents» avec toutes
les relations qui les constituent si cette vie de relations n’est pas
rendue présente ? »
Et il précise que cela dépend de la préparation de la liturgie - le mot
d’accueil, l’homélie, la prière universelle, les annonces - mais aussi,
entre autres, de la qualité de l’accueil avant la messe, de la
possibilité de continuer à se retrouver à la fin de la messe pour
parler ensemble.
Il serait intéressant que nous nous interrogions chacune et chacun sur
l’attention bienveillante que nous portons aux autres, les présents
mais aussi les absents, car la communauté n’est jamais totalement
rassemblée. En ce dimanche de la divine miséricorde, nous sommes
appelés à être, nous aussi miséricordieux. Souvenons-nous de cette
béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront
miséricorde ! »
Et je terminerai par la citation d’un passage d’une exhortation
apostolique postsynodale donnée en 2003 par le bienheureux Jean-Paul
II. Il écrivait : « Signe tangible de l’amour vécu, l’Eglise
en témoigne lorsque les personnes, les familles et les communautés
vivent intensément l’Evangile de la charité. En d’autres termes, nos
communautés ecclésiales sont appelées à être de véritables lieux
privilégiés d’entraînement à la communion. » Beau programme,
n’est-ce pas ?
André ROUL, diacre permanent.
1er mai 2011
Amen !
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