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28° dimanche du Temps Ordinaire.



  La semaine dernière Patrick nous a parlé de la contrariété et de la douleur de Jésus face aux pouvoirs : pouvoir religieux dévoyé, pouvoir civil profiteur et aveugle. Pour le partager à ses disciples et l’annoncer à ceux qui en profitent Jésus donne trois paraboles. La première, celle de notre fête paroissaile, est celle des deux frères envoyés travailler à la vigne qui parle de de la versatilité du croyant animé d’une foi trop hésitante qui manque de confiance et refuse sa relation au Père. La seconde présente la barbarie de vignerons prêts à tout pour asseoir leur pouvoir injuste et profiter de l’argent en retour, jusqu’à engager leur avenir sur une pente néfaste.
Aujourd’hui, il s’agit d’un banquet qui s’annonce comme un fiasco mais qui ouvre sur un avenir bien différent. Quand on connaît l’attachement au repas de fête chez les juifs, l’importance du rituel lié au religieux, côtoyant le sacré –souvenons-nous du dernier repas de Jésus- nous comprenons l’impact fort que pouvait avoir cette parabole, qui une fois encore parle du Royaume des cieux, l’impact sur ses détracteurs, ceux qui, justement, détiennent un pouvoir ou bénéficient de revenus liés à une pratique politique ou religieuse viciée !
Les invités refusent de venir ! A ce banquet dressé en leur honneur ils refusent de venir pour des raisons futiles, allant jusqu’à sacrifier les serviteurs. La réponse du roi est terrible. Il fait disparaître de son royaume ces malfrats. En contrepartie, il se tourne vers ceux qui ne semblaient pas dignes, jusqu’à ce jour, d’y participer. Et ceux là viennent tous, heureux, habillés pour la fête… jusqu’au dernier convive qui se voit rejeté car jugé indigne de l’invitation.
Ce roi qui invite à son banquet, c’est Notre Père qui appelle chaque homme aux noces de l’Agneau, au festin des noces de son fils avec l’humanité. On pourrait longtemps débattre du bien, du mal, des réactions du roi,  des juifs, des serviteurs… mais cette parabole nous l’entendons aujourd’hui. C’est à nous que s’adresse cette parole. Jésus image le Royaume des cieux, le cœur de ce Dieu qui aime chacun de ses enfants, le creux de sa main, ce lieu où nous sommes tous invités comme à un grand banquet, assis côte à côte, se réjouissant de tout ce qui nous est donné. Vibrant à la Parole, à la vie qui nous anime, à la fraternité, à l’amour qui invite à partager avec ceux qui sont à côté de nous, ceux qui n’ont pas pu venir et tous ceux qui nous attendent, par la force de l’Esprit offert.
Pour accéder à ce banquet j’y vois trois passages obligés. D’abord, le vouloir, puis s’y préparer et enfin être en vérité.
Vouloir vivre avec mes frères et mes sœurs de l’amour dans ce « paradis », le lieu où le seul objectif est de vivre de l’amour donné par ce Père à partager entre tous, il faut bien sûr accepter l’invitation et volontairement commencer le chemin à faire, avec les autres, en s’entraînant fraternellement, toujours, conduits par Jésus et sa règle de vie : aimer.
Il faut s’y préparer. Un chemin vers un banquet n’est pas un chemin vers une occupation quelconque. Il faut enfiler l’habit de fête. Se revêtir de ce qui doit nous habiter. Pour Jésus, notre guide, s’est pratiquer l’amour aujourd’hui. Vivre de l’amour dans toutes ses ramifications au cœur de notre vie : l’attention à l’autre, l’écoute, le pardon, l’empathie, la compassion, l’entraide, le service, tout cela dans l’Espérance, la Foi et Charité- dira Paul- . Pratiquer l’amour au jour le jour au-delà de notre zone de confort c’est aussi se laisser aimer en reconnaissant ses fragilités bien loin d’imposer son pouvoir. Car se laisser aimer s’est déjà se rendre vulnérable à l’autre se laisser regardé et approché.
Être en vérité, c’est l’opposé du dernier convive venu jusqu’à la table sans en accepter la règle : revêtir l’habit de fête. C’est vivre dignement en acceptant d’incarner la loi de Jésus et de son Père : « aimez-vous comme je vous ai aimés ! », de reconnaître sa faiblesse et la puissance de guérison du cœur de dieu, refuser un hypotétique pouvoir nocif, se reconnaître imparfait et désarmé pour oser demander de l’aide. Oser pleurer dans les bras de ce Père qui console. En confiance, oser lui présenter nos joies et nos colères, nos abandons et nos espoirs, nos fêtes et nos deuils, et notre vie de chaque instant en le remerciant de tout ce qu’Il nous a donné et de ce monde en devenir qu’il nous faut aimer en le sauvant. En demandant à ce Père tendre qui ne se lasse jamais, par son Esprit de vie, de nous aider à clarifier nos actes, nos pensées et nos paroles.
Ce n’est ni un examen de passage, ni une carte de pointage mais un chemin de croyant, un pèlerinage à vivre en vérité guidé par Jésus. En avançant avec les femmes et hommes de ce monde, en s’aidant, en s’épaulant solidairement mais aussi en se faisant aider en se laissant aimer pour pouvoir à notre tour aimer et témoigner de notre Espérance. Pour en pleine confiance témoigner de la miséricorde infinie de ce Père qui ne la refuse jamais si l’on se présente devant lui humblement, simplement comme son petit enfant vrai et fragile mais confiant. C’est la force de Jésus et son Esprit de sainteté qui nous mèneront au Banquet de ses Noces accueilli par ce Père qui nous attend pour partager pleinement sa Joie.

Patrick DOUEZ, diacre permanent
11 octobre 2020


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