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28° dimanche ordinaire.

28ème dimanche – Année A

Depuis quelques semaines, la presse se fait l'écho de troubles survenus en Inde, où des églises sont incendiées par des Hindouistes, et des chrétiens massacrés. On voit aussi des Chrétiens d'Irak obligés de s'expatrier, ou un évêque Chinois emprisonné pendant les jeux paralympiques. Ce genre d'informations nous renvoie la question: Pourquoi vouloir imposer sa Foi? Pourquoi aller dans des pays où d'autres religions sont établies depuis des siècles, au risque de provoquer des guerres de religion? L'activité missionnaire de l'Eglise est-elle légitime ?
L'Evangile que nous venons d'entendre nous montre que c'est Dieu lui-même qui est le premier missionnaire: « Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce ses invités. » Le prophète Isaïe nous montre que le projet missionnaire de Dieu est de convier tous les hommes autour de la même table pour partager sa joie. Son projet, c'est une humanité enfin unie, enfin pacifiée. S'asseoir à la même table, partager le même repas, faire la fête ensemble, c'est bien une image de paix. Et tous les jeunes qui préparent leur mariage ne souhaitent qu'une chose, c'est que ce jour-là, les vieux conflits familiaux ne viennent pas gâcher la fête. Pourtant, la plupart du temps, ils font confiance et invitent très largement; la grandeur d'un banquet tient aussi au nombre des invités.
Avec le faire-part, ils ont glissé un petit carton réponse qu'il faut renvoyer avant une date expiratoire. C'est l'organisation de la noce qui en dépend. L'invitation est claire: « Venez! » Mais, comme toute invitation, elle se heurte à la liberté de réponse des convives. Imaginez la tête des fiancés, ou celle de leurs parents, qui n'auraient reçu aucun carton en retour. Imaginez surtout leur déception et le mépris dont ils se sentiraient l'objet. Vous comprenez la souffrance qu'endure le roi de la parabole devant le refus de tous les notables qu'il a invité. Mais il ne s'énerve pas, il envoie des messagers, des serviteurs, pour renouveler son invitation de vive voix. Et la réponse se fait encore plus brutale: chacun invoque de bonnes raisons pour décliner l'invitation, sans souci de l'affront qu'ils font au roi, et certains vont même jusqu'à tuer les serviteurs, ce qui dans le cas d'un mariage princier équivaut à un refus d'alliance et à une déclaration de guerre. Ces premiers invités qui ont refusé l'invitation pensaient sûrement faire usage de leur liberté, mais nous pouvons nous demander s'ils étaient vraiment libres. N'étaient-ils pas si attachés à leur champ ou à leur commerce qu'ils en étaient esclaves ?
Notez que pendant toute cette histoire, le banquet reste prêt, mais les plats n'ont pas eu le temps de refroidir qu'une nouvelle invitation est lancée. Alors, à qui adresser l'invitation? A ceux qui n'ont pas d'attaches, ceux des carrefours et des chemins, « tous ceux que trouvent les serviteurs, les mauvais comme les bons. » Joie du roi de constater que son invitation n'est pas vaine; les déshérités répondent présents. Ceux que le monde délaisse viennent avec confiance. Parce qu'ils n'ont rien, ils peuvent tout accueillir. Ils n'en croient pas leurs yeux: l'amour de Dieu les a rejoints. Leur vie a du prix pour Dieu. Nous sommes tous invités au repas du Seigneur, sans aucun mérite de notre part.
 On pourrait se demander pourquoi le roi a tant attendu pour célébrer les noces de son fils. Etait-il aussi nécessaire d'avoir coûte que coûte des invités ? Ne serait-ce pas le signe qu'en définitive, les invités représentent l'Epouse même du Fils, c'est à dire l'humanité appelée au Salut ? Quand Dieu célèbre son Alliance avec les hommes, quand il marie son Fils à notre humanité, il ne compte pas les invités. Il y a du bonheur et de la place pour tout le monde, pour chacun personnellement. Chacun entend l'appel; à lui d'y répondre dans sa liberté... Il peut, hélas!, y préférer ses petites affaires... les messagers de l'Amour ne sont pas toujours reçus, et Jésus lui-même, envoyé par le Père, le paiera de sa propre vie !
Dieu ne cesse d'envoyer des missionnaires, non pour imposer leur foi, mais pour inviter tous les peuples au banquet de son amour. Encore faut-il pour répondre à l'invitation revêtir le vêtement de noces, habiller son coeur de l'amour de Dieu, se convertir. Pour l'un des invités qui était dans la salle du banquet, ce n'était pas une fête: il n'avait pas revêtu le vêtement d'allégresse, le vêtement neuf; sa vie ordinaire continuait. A la question du roi: « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? » au lieu de garder le silence, il aurait pu répondre: « Mais j'attends que tu me le donnes, Seigneur ! » et sa vie en aurait été transfigurée. La robe de noce qu'il faut porter, ce n'est pas celle de nos supposés mérites, mais c'est celle du Christ lui-même, comme le dit St Paul: « vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ. »(Gal 3,27) ou encore: « maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle; il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant... il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut. » ( Eph 5,25-26) Reconnaître la Sainteté de Celui qui nous invite, c'est la seule exigence pour entrer.
« Heureux les invités au repas du Seigneur. » Les baptisés entendent cette parole avant de communier. Celui qui croit s'approche et mange: « Ceci est mon corps livré pour vous. » Mais ce repas ne nous établit pas dans une sécurité facile. On ne peut être uni au Christ et se tenir à distance de ceux qui ont faim, de ceux qui ont le sida, de ceux qui sont étrangers ... Participer au repas du Seigneur ne nous dispense pas d'exercer la solidarité envers nos frères démunis. L'invitation au repas de l'Eucharistie ne peut nous faire déserter les lieux où se vit l'injustice. Et si, à ce repas du Seigneur des chaises demeurent vides, c'est l'occasion de penser à ceux qui n'ont pas reçu d'invitation, à tous ceux qui ne viendront jamais dans une église. Ce repas de Jésus est aussi pour eux. Jésus a donné sa vie pour tous. Alors...
Que votre charité se donne de la peine !

le Clion, Les Moutiers et La Bernerie
le 12 octobre 2008

Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.

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