Année A

Sommaire année A
Accueil



28° dimanche ordinaire.



Avez-vous revêtu votre vêtement de noce ? (silence). Allez, chacun aura bien compris que je ne parle pas des habits que vous portez, mais de ce qui habille votre cœur ! Car, c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous y reviendrons dans un instant.

Dans l’évangile selon Matthieu, c’est la troisième parabole racontée par Jésus qui est contesté par les grands prêtres et les anciens du peuple.
Il y a une certaine vision de l’histoire ; il y a un message qui nous est adressé.

* Une certaine vision de l’histoire.

Derrière ce roi qui célèbre les noces de son fils, c’est Dieu qui, en la personne du Fils, instaure l’alliance avec les hommes. La noce n’est-elle pas l’expression d’une alliance ?

Les premiers invités ne sont-ils pas le peuple d’Israël auquel les serviteurs, en la personne des prophètes, ont, au cours des siècles, lancé l’invitation à la fête de l’alliance ?  C’est bien ce que le texte d’Isaïe, lu ce jour, nous rapporte. Relisez-le. Pour tous les peuples, (et non seulement pour Israël !), sur la montagne (lieu de Dieu), un festin ; C’est l’alliance, c’est la fête, c’est la joie : « il détruira la mort pour toujours ; il essuiera les larmes… » (25, 8).

Mais, comme le dit la parabole, les invités « n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. » (Mt 22, 5-6). Et il en sera ainsi au cours de l’histoire, jusqu’à nos jours où des chrétiens sont malmenés et massacrés ! Jésus lui-même, l’envoyé du Père, le Messie, a connu le même sort.

Quant à la colère du roi qui envoie ses troupes, fait périr les meurtriers et brûle leur ville, n’est-ce pas pour les contemporains de Matthieu une allusion à la destruction de Jérusalem ? Et, à la croisé des chemins, cette invitation à tout venant, n’est-ce pas l’évangélisation du monde qui débute et va se propager jusqu’aux extrémités du monde ?

Voilà une parabole qui traduit une certaine vision de l’histoire.

*   Mais la parabole se poursuit et nous délivre un message.

La salle de noce, le lieu de l’Alliance, se remplit. L’Eglise après des débuts difficiles, croît. Des hommes, des femmes, des enfants de tous horizons, de toutes conditions font Eglise. Nous les y avons rejoints lors de notre baptême. Nous sommes entrés dans ce lieu de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Mais tout n’est pas figé pour autant.

Sans doute, en entendant le récit de la parabole, deux phrases vous ont-elles étonnés,  interpellés ?
La première qui rapporte le sort de cet homme qui était entré sans le vêtement de noce. Il est jeté dehors !
Et la deuxième qui dit : « la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux ». (22, 13-14)

Dans la première sentence, il y a bien un message pour nous. Même si lors de notre baptême, notre entrée en Eglise, nous avons revêtu symboliquement le vêtement blanc, signe du reflet de la lumière de Dieu, « revêtir le Christ », comme le dit St Paul, c’est notre cœur qu’il faut habiller du vêtement de noce, du vêtement de l’Alliance.

Notre cœur. Oh, ce n’est pas une simple affaire de bons sentiments. Aimer Dieu ne s’enferme pas dans l’affectif.
Le cœur c’est tout ce qui régit notre vie : l’intelligence, la volonté, la présence au monde.

Notre intelligence. Revêtir le vêtement de noce, c’est aussi, pour nous, chercher à approfondir notre foi, par l’accueil de l’évangile, la lecture ou même l’étude de la Bible, si cela nous est possible. Et aussi par tous les moyens de communication mis à notre disposition aujourd’hui (livres, revues, conférences, radio, T.V ; etc.).

Le cœur, c’est aussi une question de volonté. Par le baptême, nous sommes entrés dans cette salle de noce (pour reprendre, ici, l’image de la parabole) ; ce n’est pas pour attendre que cela se passe. Pour vivre en chrétien, il faut le vouloir. Vous le savez bien. Nous sommes bousculés par des événements internes ou externes à l’Eglise qui, en quelque sorte, risquent d’affaiblir notre foi, de nous désengager. Et puis, peut-être, sommes-nous blessés dans notre vie personnelle, familiale, affective. Peu à peu les liens avec l’Eglise peuvent se distendre… . Habillons notre cœur de la volonté de rester fidèle.

Enfin, le cœur, c’est ce qui manifeste notre ouverture aux autres. Je n’insiste pas. Vous qui vous impliquez dans la vie de la société ou de l’Eglise, vous qui savez partager avec vos frères proches ou lointains, vous savez bien que c’est votre cœur qui parle.

Et, selon la dernière sentence, si « la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux » (22,14), ce n’est pas une question d’arithmétique ; c’est un message d’alerte qui nous est lancé. Habillons notre cœur et entrons dans cette Alliance avec Dieu, par le Christ.
C’est bien pour cela que nous célébrons cette eucharistie et que nous allons communier au Christ, mort et ressuscité pour que nous ayons, avec lui, la vie en plénitude.
Amen.

Georges AILLET, prêtre.


Sommaire année A
Accueil