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28° dimanche du Temps Ordinaire.

       Autant le dire tout de suite : quand j’ai su que je devais prêcher aujourd’hui sur cet évangile, je me suis dit « aïe aïe aïe ! Pas facile, cette parabole ! Surtout la fin ! »
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais le renvoi de l’invité qui n’a pas le « vêtement de noce » a souvent du mal à passer. Et puis ce roi qui fait périr les meurtriers et incendier leurs villes, ça ne donne pas une image très sympathique de Dieu !
        Mais comme toujours, avant de remettre en cause l’Evangile et de l’accuser d’être dur ou impitoyable, il est plus sage de remettre en cause notre façon de le lire, et donc de faire l’effort d’ajuster notre propre compréhension du texte avec ce qu’il est vraiment : une bonne nouvelle.
Alors, allons-y : en quoi cette parabole est-elle une bonne nouvelle ? Que nous dit-elle de Dieu, de son amour ? Que nous apprend-elle sur nous-même et notre rapport aux autres et à Dieu ?

        Il faut sans doute le redire : il s’agit là d’une parabole, c’est à dire une petite histoire inventée par Jésus, pour nous expliquer avec des images simples les réalités parfois complexes du royaume. C’est un peu ce que faisait Jean de la Fontaine avec ses fables mettant en scène des animaux pour dénoncer les travers des gens de son époque.
Les personnages et les situations présentés dans une parabole ne sont que des évocations de la réalité. Ils ne sont pas la réalité elle-même. Evitons donc de tomber dans le piège de l’analogie. Ne faisons pas une lecture fondamentaliste, mais attachons-nous plutôt à essayer de comprendre le sens de cette parabole.
Comme c’était déjà le cas lors de ces derniers dimanches, il s’agit encore d’une parabole sur le Royaume : D’ailleurs Jésus le dit clairement, d’entrée, puisqu’il l’introduit ainsi : « Le Royaume des cieux est comparable à… » Puis l’histoire qu’il raconte est facile à comprendre. C’est une histoire humaine, celle d’un roi qui célèbre les noces de son fils. On pourra facilement transposer en comprenant que Dieu célèbre les noces de son Fils, Jésus, le Christ, avec l’humanité. Mais célébrer ces noces, ça veut dire faire la fête, se réjouir ! Et pas tout seul : il faut partager cette joie avec nos proches, et donc les inviter au banquet. Quoi de plus humain, quoi de plus normal !

        Ce qui est moins « normal », c’est l’attitude des invités : non seulement ils n’ont rien à faire de cette invitation, mais en plus, certains vont aller jusqu’à maltraiter et tuer les serviteurs.
Jésus raconte cette parabole « aux grands prêtres et aux pharisiens » nous dit l’évangéliste. Evidemment, ils se sont tout de suite identifiés aux invités, les proches et les amis du « roi » : ce sont eux, les proches de Dieu ! Et ils jouent le mauvais rôle dans cette histoire. Mais il serait trop simple et trop confortable, pour nous, de se décharger sur eux, en faisant semblant de comprendre que Jésus invente cette parabole juste pour les accuser.
        Car l’Évangile n’est pas un texte écrit pour des gens vivant dans une époque révolue. Il est toujours d’actualité, il nous parle aujourd’hui, il nous concerne et nous interpelle. Cette invitation de Dieu aux noces de son fils, c’est aujourd’hui ! Quelle est notre réponse ? Par exemple, avec quel enthousiasme sommes-nous venus ce matin ? Dans quel état d’esprit ?

        Déjà, nous sommes venus. Nous sommes là ! C’est déjà une réponse qui montre notre attachement au Christ. Par notre démarche, nous nous faisons proches de Dieu. Nous sommes venus à ce repas de l’eucharistie, qui nous donne un aperçu du banquet du Royaume, mais qui n’en constitue que les prémices. Nous, nous avons répondu à l’invitation. Mais n’en tirons pas orgueil : ça ne suffit pas pour faire de nous une élite, un club de privilégiés, les préférés de Dieu. On le voit bien dans cette parabole : si les invités n’en sont pas dignes, Dieu invite tous les autres : « tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce […] les mauvais comme les bons […] Et la salle fut remplie de convives. »

        Nous qui sommes venus ce matin, n’oublions pas que ceux qui sont restés chez eux sont aussi invités. Ils sont aimés de Dieu tout comme nous. Pas moins. Déjà la première lecture nous en donne un aperçu par la bouche du prophète Isaïe, bien avant la venue de Jésus : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux »

        Avouons-le, nous avons du mal à croire que Dieu invite tout le monde. Autrement dit, qu’il propose son salut à tous, croyants ou non, pratiquants ou non. Nous avons tellement à cœur parfois de tout faire pour gagner « notre » salut, comme s’il dépendait de nos mérites. Il nous est difficile d’admettre que le salut de Dieu est universel, gratuit, sans condition. Comme l’amour ne peut être que gratuit et sans condition, offert à tous. C’est pourtant exactement ça, la Bonne Nouvelle !
   
Pourtant, il ne suffit pas de répondre à l’invitation. Encore faut-il s’en rendre digne. De même que n’importe qui peut entrer dans une église et participer à la messe, cet homme à la fin de la parabole qui « n’a pas le vêtement de noce » a pu très librement entrer et s’installer à la table du roi.

        Mais ce n’est pas à nous de juger de la dignité ou non de notre voisin de banc ! Dans la parabole, ce ne sont pas ses serviteurs qui viennent le questionner, mais le roi lui-même. Comme dans la parole du bon grain et de l’ivraie, ce ne sont pas les ouvriers qui doivent enlever l’ivraie qui pousse en même temps que le blé, mais c’est Dieu lui-même, et seulement à la fin, qui jugera.
Au lieu de juger notre voisin, interrogeons-nous plutôt sur nous-mêmes. Pour répondre à l’amour gratuit qui est donné par Dieu, comment habillons-nous notre cœur ?
   
        Cette question n’est pas réservée à notre invitation à la messe du dimanche. Des invitations à répondre à l’amour par l’amour, Dieu nous en envoie chaque jour, à travers des événements, des personnes, des choix à faire ; même les plus insignifiants en apparence. Nous ne les percevons pas toujours comme des invitations à l’amour. Et nous n’y répondons pas toujours par de l’amour, reconnaissons-le. Pourtant, c’est bien de ça qu’il s’agit dans le psaume 22 que nous avons chanté : « tu prépares la table pour moi […] Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. »
        L’amour nous est offert tous les jours, en permanence, comme une invitation à la table du banquet. Répondons à cette invitation en revêtant le « vêtement de noce ». Habillons notre cœur aux couleurs de la Bonne Nouvelle d’un amour offert à tous.

Daniel BICHET, diacre permanent
15 octobre 2017
Boussay et Clisson.


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