25° dimanche du Temps Ordinaire.
Parfois,
après avoir entendu cet évangile, des personnes viennent me voir et me
disent : « Moi, je ne suis pas d’accord ! ». Il est vrai que rester sur
une notion de salaire, dans une société où il faut travailler plus pour
gagner plus, où l’on reconnaît souvent une réussite par des
manifestations « bling-bling », des personnes peuvent être
déstabilisées par les propos de Jésus. C’est à peu comme si ce soir,
sur les Champs-Élysées, tout le monde recevait le maillot jaune… chaque
coureur mais aussi les mécaniciens et tous ceux qui ont vécu toute ou
partie de la grande boucle.
Mais Matthieu le précise d’entrée : « Jésus disait cette parabole… »
Jésus ne nous dévoile pas une utopie sociale, il ne donne pas un cours
d’économie, il nous parle du Royaume des Cieux. Et sa représentation
s’accroche à notre réalité, dans notre humanité. À quoi nous servirait
d’avoir de belles de bonnes pensées, plein d’élan et de cœur, si nous
ne pouvions les ressentir en les vivant ou en en voyant d’autres en
vivre ! Comme toute parabole elle fait appel à notre humanité pour nous
aider à vivre dans le chemin d’amour que nous trace Jésus, celui que
Dieu notre Père déroule devant chacun de nous. Comme un pèlerinage, ce
chemin nous le parcourons pas à pas, jour après jour, chacun à son
rythme mais ensemble ! Ensemble et toujours éclairés par la lumière de
Jésus, de sa Parole et de l’amour qu’il partage avec chacun de nous.
Trois points d’attention : l’Espérance de Dieu, sa Justice et sa Bonté.
l’Espérance : Le maître du domaine, notre Père, ne recule devant rien !
De bon matin, c’est lui, en personne, qui sort chercher des ouvriers
pour les envoyer à sa vigne. Puis il recommence, lui-même, à 9h00 puis
à midi puis à trois heures et même à cinq heures ! Il ne ménage pas sa
peine ! Il ne se lasse jamais !Toujours à la recherche d’ouvriers. Il
donne de sa personne, pour que le plus grand nombre puisse venir à sa
vigne. Même ceux qui étaient là désoeuvrés, perdus, sans avenir, il les
appelle et les y envoie. Je vois un Père avec une espérance folle en
ses enfants, en l’humanité, à la démesure de son amour. Toute personne,
quelle qu’elle soit : jeune, vieux, femme, homme, handicapée ou non…
tous appelés de la même façon, à la même tâche : faire connaître et
partager l’amour d’un Père.
Sa justice : les premiers ouvriers appelés passent un contrat : UNE
journée travaillée - UN denier. Et à la fin ils reçoivent ce qui est
convenu : UN denier ! Libre à lui de trouver juste que toutes les
autres personnes reçoivent la même chose ! « Toute peine mérite salaire
» entend-on aussi dans l’évangile… oui, mais pourquoi le salaire de
chacun devrai-il être différent. ? Que nous offre ce Père ? Son Amour,
sa Vie, son Esprit ! Comment ferait-il plus ? Comment ferait-il moins ?
Si nous entendons son appel et que nous lui répondons, Lui nous
accueille tel que nous sommes et se donne entièrement pour que nous
vivions avec Lui de sa Vie, de son Esprit dans son Amour.
Sa bonté : ce n’est pas une récompense qu’offre le maître du domaine
mais une réponse à notre réponse, l’implication, l’engagement, la
fatigue et la joie de chacun de nous, de tous ceux que nous connaissons
et même de ceux que nous ne connaissons pas qui témoignent de la Bonne
Nouvelle. Le partage de la Parole, l’amour fraternel et filial, le seul
chemin de vie qui mérite un salaire exceptionnel…la Vie Éternelle mais
remarquons, une fois encore, que la plus grande part vient encore de
Lui, ce Père aimant. Une réponse à la mesure de son amour. Ouvriers de
la première ou de la dernière heure, ce n’est pas ce qui importe pour
notre Père ce qui compte d’abord, Isaïe l’affirme, c’est « Chercher le
Seigneur ». Essentiel de chercher Dieu en prenant le chemin de Jésus
celui du Don et du service. Et comme le rappelle Paul au Philippiens
c’est au cœur de ce monde parfois merveilleux, parfois dur voire
déroutant, au milieu de frères et de sœurs en humanité que nous avons à
travailler à la vigne pour le bien de ces sœurs et de ces frères. Une
vigne nourrie par la sève qui monte du cep et irrigue tous ses
sarments. C’est cette sève, vie et amour du Père, que nous recevons en
réponse comme en cadeau. Une nourriture que nous avons à partager.
L’important est de reconnaitre que c’est ce Père qui, le premier nous a
aimés. Nos pensées sont parfois entâchées d’égoïsme, d’orgueil, de
jalousie, comme celles des premiers ouvriers tandis que celles de Dieu
ne sont qu’amour, bonté et miséricorde. Si nous voulons trouver Dieu et
son royaume il nous faut aussi nous laisser faire par lui. Par le don
de Jésus et sa Parole, par sa vie au miliu des hommes, il montre
comment devenir, à notre tour, juste et bon.
Une façon de trouver Dieu est d’humblement rester à l’écoute de sa
Parole et, comme Jésus, de vivre le service et la charité fraternelle
là où l’on est appelé…au milieu de notre famille, au travail, dans
notre paroisse, dans tous nos lieux de vie… dans notre monde avec tous
les habitants de la terre ! Qu’ils veuillent ou non travailler à la
vigne du Seigneur, c’est avec chacun d’eux que nous avons à partager
notre récompense…l’amour d’un Père tendre.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
20 septembre 2020
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