22° dimanche ordinaire.
Au
cours de chaque eucharistie, le célébrant nous invite à prier avec
cette formule : « Comme nous l’avons appris du Seigneur, et selon
son commandement, nous osons dire : « Notre Père… »
Et, d’une seule voix, nous disons : « Notre Père…que ta volonté soit faite ! »
Faire la volonté de Dieu, c’est ce à quoi nous invitent toutes les lectures de ce jour.
Dans la première lecture, le prophète Jérémie commence par exprimer sa
souffrance personnelle provoquée par les difficultés qu'il rencontre
dans sa mission. Choisi par Dieu pour porter son message, il n'est ni
reconnu, ni accueilli par ceux à qui il s'adresse. " A longueur de
journée, je suis en butte à la raillerie, tout le monde se moque de
moi." "...la parole du Seigneur attire sur moi l'injure et la
moquerie".
Il en souffre tellement qu'il est tenté de renoncer à sa mission, il
veut même cesser de penser à Dieu. Mais cette démission est impossible.
Dieu l'a séduit, il a été le plus fort. Alors Jérémie accepte de faire
la volonté de Dieu :" Seigneur, tu as voulu me séduire et je me
suis laissé séduire" Et, pour exprimer la force de cette séduction,
Jérémie prend cette image forte : "Il y avait en moi un feu dévorant au
plus profond de mon être". Alors, dépassant ses craintes et ses
appréhensions, il n'hésitera pas à aller jusqu'au bout de sa mission en
acceptant pleinement la volonté de Dieu. Il s'est laissé saisir par
Dieu.
En mettant sur nos lèvres les paroles du psaume 62, l'Eglise nous
demande aujourd'hui d'entrer dans les mêmes dispositions de cœur : "
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube. Mon âme a soif de toi,
après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau."... "Ton
amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres." "Je
m'attache à toi de toute mon âme."
Saint Paul, dans la deuxième lecture, s’adresse bien sûr à la première
communauté chrétienne de Rome, mais aussi à nous, chrétiens du XXIe
siècle. Que nous dit-il ? : "Ne prenez pas pour modèle le
monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de
penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce
qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait."
Il nous exhorte à "offrir (notre) personne et (notre) vie à Dieu",
c'est-à-dire à tout lui donner. Pour l'apôtre Paul, le chrétien doit se
consacrer totalement à Dieu et lui consacrer toute sa vie, comme
Jérémie, et encore plus, comme le Christ. Le chrétien doit suivre Jésus
qui s'est donné totalement à son Père.
Jésus, dans l'Evangile dit très clairement vouloir faire la volonté de
son Père, même si cela ne correspond pas du tout aux vues humaines de
ses disciples et notamment de Pierre. Il leur annonce sa passion, sa
mort et sa résurrection. Il épouse totalement notre condition humaine,
et il connait comme nous le rejet, la souffrance et même la mort. "Il
n'y a pas de plus grand amour, dira-t-il, que de donner sa vie pour
ceux qu'on aime." Il prouve que tout amour profond implique don de
soi-même. "Donner sa vie", cela ne veut pas dire d'abord "mourir pour",
mais "vivre pour". Regardons Jésus : le don de sa vie ne commence pas
au moment de son arrestation, ni à plus forte raison sur le calvaire.
Il se laisse "manger" par la foule, les malades, les miséreux de son
époque. Sa mort est la trajectoire directe de toute sa vie. Quand il
nous dit : "Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à
lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive.", il nous invite à
ne pas attendre de grandes circonstances pour exercer notre générosité
mais à commencer dès aujourd'hui, dans les petites choses.
Ce mot renoncement a pour beaucoup une connotation négative. Le
monde moderne prône la liberté et le plaisir comme but de la vie.
Pourtant, nous le savons bien, il faut toujours une part de renoncement
dans la vie. Nos prises de décisions, à travers nos responsabilités
familiales, nos engagements au cœur de la société ou de l'Eglise,
provoquent parfois le rejet et la souffrance.
C'est vrai, aujourd'hui comme hier, l'amour vrai coûte cher. Aimer en
conjoint fidèle, pardonner à ses ennemis, avoir le courage de la foi
dans un environnement incroyant ou moqueur, savoir partager quand tout
le monde incite à entasser, ce n'est pas facile. La nouveauté de
l'Evangile, c'est que le renoncement et la peine portent des fruits.
Nous en savons tous quelque chose. Nous avons tous expérimenté dans
notre vie que s’il faut du courage et une force intérieure pour avancer
et pour construire, nous avons plus de plaisir à donner qu’à recevoir.
Quel enseignement pouvons-nous tirer des lectures de ce dimanche ?
Arrêtons-nous quelques instants. Quelles sont nos motivations dans
l'existence ? Nous cherchons tous à réussir et nous voulons être
pleinement heureux. C'est normal. Mais, sur quelles valeurs nous
appuyons-nous pour rechercher ce bonheur ? L'argent ?
l’intelligence ? La beauté ? Les relations ? Le pouvoir ?
Jérémie, Paul, Jésus, chacun à sa façon nous dit que l'existence trouve
son sens dans l'amour et dans le don de soi. L’amour est radicalement
différent de toute recherche égoïste. N'ayons donc pas peur de suivre
le même chemin que Jésus. Quand il nous demande de le suivre, Jésus
nous propose une autre logique que celle des hommes. C'est celle de
l'amour. Il n'y a pas d'amour vrai, durable, profond, sans renoncement
à soi-même pour le bonheur de l'autre. Ne nous méprenons pas :
Jésus ne nous demande pas d'aimer la souffrance et le renoncement. Il
nous demande d'aimer jusqu'au bout pour le suivre et réussir notre vie.
Faisons-lui pleinement confiance et nous comprendrons mieux ce que
signifient cette affirmation : "Celui qui veut sauver sa vie la
perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera."
André ROUL, diacre permanent.
28 août 2011
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