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20° dimanche ordinaire.


Est-ce que nous nous reconnaissons en ces personnages du récit ? Il y a, la cananéenne, les disciples et Jésus.

⇒ La cananéenne ?

Voilà une femme qui connaît la souffrance en la personne de sa fille malade, « tourmentée par un démon », comme elle dit. Sans doute, elle n’en peut plus ! Et à certaines heures nous pouvons éprouver la même chose !

C’est une femme étrangère, bravant les préjugés et le mépris des juifs. Il me semble la rencontrer, tendant la main à la porte de la boulangerie.

C’est une femme qui implore la pitié de Jésus, pour sa fille. Avec insistance. Humblement : « elle vint se prosterner ». Cela lui fait dire par Jésus : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

Peut-être qu’à certaines heures nous nous reconnaissons en cette femme. Les soucis, la maladie, les souffrances. Vers qui se tourner ? Qui implorer ? Elle était cananéenne…, étrangère. Tous ceux qui s’adressent à Dieu, avec confiance, ne sont pas obligatoirement de l’Eglise.
Oui, certains peuvent se reconnaître en cette femme. Sa prière se fait insistante : « Seigneur, viens à mon secours ! ». C’est un cri, pas une longue litanie.

Oui, peut-être que nous nous identifions à cette cananéenne. Combien de prières secrètes, combien d’humbles démarches, combien d’appels au secours.

Alors, que notre prière soit vraie, confiante, insistante.

⇒ Les disciples ?
Ils ne supportent pas l’attitude de la cananéenne : qu’on lui donne satisfaction et qu’on n’en parle plus ! Par certains côtés, les disciples sont bien, en cela, le reflet de notre société. Nous n’aimons pas être dérangés, perturbés, surtout lorsque c’est par des inconnus, des étrangers. Il y a là une part de nous-mêmes.

⇒ Et Jésus ?

On peut être heurté par son attitude et ses propos. Il ne nous a pas habitués à cela !
A la première demande de la cananéenne, il ne répond rien. Serait-il sourd à nos prières ?
Puis, il se retranche derrière sa mission au service d’Israël. Serions-nous d’une Eglise fermée ?
Il a même des propos méprisants pour les non-juifs. Alors là, nous ne le reconnaissons plus !

Seulement, comme dans tout récit, c’est le dénouement qui vient éclairer l’ensemble.
Reprenons le fil.

Le silence de Jésus ? Fin de non-recevoir ou incitation à persévérer ?
Le rappel de sa mission près des juifs, excluant les païens : fermeture ou provocation ?

C’est vrai, son humanité est bien enracinée dans un peuple qui a ses coutumes, ses lois, ses préjugés : les juifs ne peuvent avoir de relations avec les païens.
Mais, nous savons, par ailleurs, que si Jésus revendique cette appartenance, il passe souvent outre, accueillant les étrangers, les pécheurs, ceux qui sont rejetés par la société. Et il enverra les apôtres en leur disant : « de toutes les nations faites des disciples. »  

Alors, il y a donc une leçon dans ce récit.

Jésus ne tient pas compte de l’avis des disciples qui lui disent de satisfaire la demande de cette femme et de la renvoyer. Il n’est pas un faiseur de miracle, il est un éveilleur de la foi.

Jésus ne répond pas tout de suite à la cananéenne. Il éprouve sa foi, dans un dialogue, rugueux c’est vrai, mais qui conduit la femme à une attitude de confiance absolue.

Les disciples auront bien compris la leçon. Après la mort et la résurrection de Jésus, la première communauté s’ouvrira aux non-juifs, aux païens comme on disait. Non sans difficultés ; c’est pourquoi le récit de la rencontre de Jésus et de la cananéenne prendra place dans l’évangile selon Matthieu, comme une leçon donnée par Jésus.
 
Quant à Paul, il se fera l’apôtre des païens. Il s’en fait une gloire comme il le rappelle dans la lettre aux Romains, lettre dont nous avons lu un extrait.

⇒ Alors, et nous ?

Si nous nous disons disciples du Christ, quelle est notre attitude vis-à-vis des étrangers ? Et quand je dis étrangers, je pense, bien sûr, à ceux qui viennent d’au-delà de nos frontières nationales. Mais, je pense aussi à ceux qui, bien que religieux, ne partage pas notre foi. Dans ces domaines, de nos jours, nous sommes sensibilisés.  Nous ne pouvons que nous réjouir du dialogue interreligieux ; la rencontre des Eglises à Assise en est un signe. Et l’attention réciproque que chrétiens et musulmans se portent est bien dans le même esprit.

Et puis, ceux qui, en notre Eglise, n’ont pas la même manière d’exprimer leur foi ?
Sommes-nous une Eglise ouverte à toutes les sensibilités religieuses ? Certes,  pas au détriment de la communion qui doit être préservée entre tous ? Mais, pourquoi opposer mouvements et spiritualités ? Pourquoi opposer anciens et modernes ?

Frères et sœurs, montrons-nous accueillants les uns vis-à-vis des autres, dans nos différences, mais aussi, dans la même foi au Christ.

Que le Christ dont nous allons célébrer le mémorial de la mort et de la résurrection, et auquel nous allons communier, soit le ferment de notre unité.


Georges AILLET, prêtre
14 août 2011
paroisse Ste Anne - St Clair, Nantes.



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