17° dimanche du Temps Ordinaire.
Mt 13, 44-46,52
Un trésor dans un champ, une perle incomparable, l'un comme l'autre, le
paysan qui découvre, par hasard ce trésor ou le négociant qui découvre
cette perle unique sont subjugués par ce qu'ils ont trouvé. Bien
qu'ils soient tous deux en recherche de quelque chose d'important pour
eux, c'est presque par hasard qu'ils sont face à leur découverte. Mais
ce qui est remarquable, c'est ce que ça produit si violemment en eux,
cette transformation, cette conversion, qui les pousse, l'un et
l'autre, à revendre TOUT ce qu'il possède pour acquérir, ce qu'ils
convoitaient. Abandonner ce qu'ils considéraient encore comme
nécessaire pour se tourner exclusivement vers la merveille tant espérée
et qu'ils ont trouvée.
Et moi, quelle perle fine, quel trésor caché m'amènerait à tout laisser
pour les posséder ? Une position sociale enviée, un travail valorisant,
une vie de famille sans imprévu, des pratiques religieuses immuables,
une vie fraternelle, ma foi en Jésus Christ, l'amour de Dieu…celui de
mes frères…
Il ya quelques temps, je rentre dans une boutique à Nantes où un jeune
couple flânait. Elle l'appelle: "Trésor, vient, j'ai trouvé!"
Rayonnant, ils paient et sortent. Cet appel m'a étonné par sa
spontanéité et m'a fait penser à tous ces fiancés qui s'engagent dans
le mariage. Chacun a trouvé son trésor, sa perle. Celui ou celle qui
occultera toutes celles et tous ceux qui auraient pu devenir des
promis. On se refuse l'opportunité pour se consacrer uniquement et
fidèlement à celui qui comble. Un choix radical vécu dans la joie et
l'espérance, dans la confiance et l'abandon. Un engagement vécu
librement pour un bonheur partagé à entretenir pour qu'il grandisse et
devienne fécond. À vivre totalement à 2 pour être la perle ou le trésor
de l'autre, redécouvert avec étonnement chaque jour.
La semaine dernière, nous fêtions les 50 ans de la fondation des
communautés de l'Arche par Jean Vanier et les 30 ans de la communauté
du Sénevé implantée à la Haie Fouassière et Vertou. Les communautés de
l'Arche sont des lieux de vie où des personnes avec handicap
intellectuel vivent avec des personnes valides une vie de famille, dans
des relations fraternelles sans hiérarchie, ni assujettissement. Des
lieux de vie associés à des lieux de travail. Il y a aujourd'hui, plus
de 30 communautés en France et plus de 140 dans le monde. Pour fêter ce
jubilé, la communauté toute entière: personnes accueillies, assistants,
volontaires, responsables, familles, bénévoles, amis, intervenants en
foyer de vie ou en atelier, ont pris des bateaux à Pornic pour fêter et
célébrer cet anniversaire à Noirmoutier. Une autre communauté, l'Âtre
de Lille, avait été invitée pour, avec nous, changer de rive et
célébrer. Rencontres, partages, pique-nique, une messe vivante, un
grand repas, de la musique et de la danse…En tout plus de 315
personnes, sans distinction, unies ensemble dans la joie de célébrer et
de vivre ces moments importants pour tous où chacun est tourné vers
l'autre. Chacun y a trouvé un trésor dans les retrouvailles, dans
l'accueil et la découverte de l'autre, l'écoute, l'échange. Chacune de
ces personnes, et nous y étions, a perçu, senti, ressenti, qu'elle
aussi est une perle, un joyau pour quelqu'un d'autre. Nous n'étions
plus des perles mais tous les joyaux de la couronne!
Une vie fraternelle fondée sur l'amour réciproque, sur le grand
commandement de Jésus "aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés" et sur son geste "Pour être le plus grand, soyez le plus petit,
le serviteur."
Qu'avons-nous vendu, abandonné ou délaissé ? Des attaches trop
matérielles, nos habitudes sociales, nos fausses certitudes, nos
apriori, nos peurs de l'autre, de la différence, de l'avenir, nos
aveuglements, nos compétitions…pour choisir ce qui fait grandir, rend
beau et fort: une vie fraternelle nourrie d'un amour vrai et profond
dont la source est dans l'Esprit qui nous habite, la Parole qui se
révèle tous les jours, la rencontre, l'attention, le service et la joie
de tout ce qui fait un quotidien intense et paisible, empli d'espérance.
Voilà un trésor : aimer et se savoir aimé. Vivre de ce trésor, c'est
rejeter tout ce qui nous écarte du chemin de fraternité. C'est accepter
toutes les conversions qui offrent joie et paix. C'est accepter de se
laisser transformer par le message du Christ et emprunter le
chemin d'Espérance offert à chaque homme. Comme le dit St paul, "nous
sommes destinés à être à l'image du Fils", comme Lui, aimer et être
aimé du Père, au milieu de nos frères.
Faut-il renoncer à tout pour vivre en vérité ce trésor. Non, bien sur,
mais il faut sans aucun doute un effort pour choisir d'aimer, pour
accepter que d'autres puissent m'aimer, tel que je suis. En choisissant
cela, en devenant, comme le scribe de l'évangile, disciple de Jésus,
nous avons souvent à faire d'autres choix que ceux que la société
propose: individualisme, égoïsme, compétitivité, achats
d'impulsion..."vendre" dit Jésus, c'est-à-dire : lâcher, renoncer à ce
encombre mon esprit et ma liberté, rejeter l'injustice, la servitude
pour reconnaître et accepter mon humanité, mes fragilités, mes limites,
mes merveilles. Mais c'est aussi choisir le Christ comme fondation,
comme guide et oser le prier sans peur qu'il m'aide. Enfin, c'est
découvrir qu'ensemble c'est plus facile, qu'ensemble nous pouvons aller
plus loin car je ne suis plus seul, un autre est là. Il m'aime et ça
m'aide! Et C'est ensemble que nous percevons le mieux le message de
Jésus. Le Christ vit pour nous, avec nous et en nous et sa vie me dit
la proximité de Dieu. Un Dieu proche, un Père tendre qui m'offre son
pardon, me donne sa Vie car il m'aime intensément. Un vrai trésor dont
on ne peut profiter qu'ensemble, en frères, sur notre terre, au milieu
du monde. N'est-ce pas là, un trésor inestimable?
Patrick DOUEZ, diacre permanent
27 juillet 2014
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