15° dimanche du Temps Ordinaire.
Dans l'évangile, quand Jésus s'exprime en paraboles,
beaucoup apprécient ces passages car ces petites histoires réalistes,
plus faciles à comprendre, nous aident à découvrir le message de Jésus.
Nous savons qu'un exemple imagé est plus explicite qu'un beau discours.
Le dicton populaire ne dit-il pas "un petit dessin vaut mieux qu'un
long discours", ne suivons-nous pas un plan pour nous rendre dans un
endroit inconnu? Pourtant, avez-vous entendu la réponse de Jésus aux
disciples sur l'utilisation de paraboles: "Si je leur parle en
paraboles, c'est parce qu'ils regardent sans regarder, qu'ils écoutent
sans écouter et sans comprendre."
Jésus s'adresse à des foules innombrables en utilisant, à sa façon, la
parabole pour permettre à chaque personne qui l'écoute, de découvrir ce
qui lui est donné personnellement en visualisant sa Parole. Force est
de constater que certains auditeurs ne cherchent ni à suivre son
enseignement, ni à le comprendre !
L'opposition est marquée entre ceux qui sont à même d’entendre, de
comprendre la Parole et de la reconnaître pour ce qu'elle est : la
marque de l'amour d'un Dieu pour son peuple et ceux qui veulent rester
dans l'ignorance de la tendresse d'un père aimant. D'un côté nous avons
des hommes simples, ouverts à une nouveauté dans le discours religieux
ou politique et de l'autre des pharisiens qui détiennent la
connaissance et n'ont pas besoin de ces petites histoires trop
ordinaires, pour savoir ce que dit la Loi. D'ailleurs, n'est-ce pas eux
qui interprètent, jugent et condamnent au nom de cette loi qu'ils sont
les seuls à maîtriser. Nul besoin des enfantillages d'un Jésus pour ne
garder que les préceptes de la loi de Moise arrangés par des hommes. Et
puis comment pourraient-ils voir en ce rabbi, sorti d'un petit village
de Galilée, le sauveur d'Israël, le libérateur annoncé par tous les
prophètes. Impossible !
C’est ce que leur reproche Jésus. Ils se sont fermés, fermés à tout !
Ils refusent de voir et d'entendre ce qu'est venu révéler Jésus. Sa
façon d'être, son écoute, son empathie, sa compassion pour tous ceux
qu'il croise, sa manière de saper leur autorité en relevant leurs
injustices, de souligner le porte à faut de leurs façons de vivre leurs
rites et en s’affirmant lui même Fils de Dieu, tout les indigne, TOUT !.
Par contre, ceux qui le suivent par ce qu'il est différent de ces
docteurs de la loi, ceux qui écoutent ses enseignements et les
entendent comme une Parole de Sagesse pour la retenir, ces personnes,
même si elles n'ont pas encore conscience qu'Il est vraiment le Fils de
Dieu, voient déjà en Lui LE Grand Prophète... Cette population lui fait
confiance. Ils ont besoin de ces paraboles pour que cette loi, si
compliquée à leurs yeux, leur soit expliquée simplement. Clairement
décrite, elle est enfin à la portée de tous. Ils peuvent ainsi la
suivre sans peur de la transgresser, sans peur d'être jetés dans la
Géhenne. Une preuve de la pleine confiance de ces personnes assoiffées
de justice et de vérité est d’accepter ces paraboles comme parole de
sagesse.
Confiance en cet homme ne jugeant pas, pour qui chaque personne
rencontrée est unique. Confiance en sa parole, en son message simple et
pur, confiance en un pardon refusant tout marchandage. Confiance en cet
homme révélateur d'un amour véritable qui ouvre sur un avenir lumineux.
Confiance en la manifestation d'une empathie sans mesure signe tangible
de l'attention d'un frère, en une vie vécue en vérité incarnant le
message d'amour d'un Dieu pour son peuple et la création toute entière.
C'est là que réside le point d'inflexion du discours de Jésus. Celui
qui met sa confiance en Lui, le verbe de Dieu, celui qui accepte que sa
Parole en lui trace un chemin, qu’elle le travaille au coeur sera
sauvé. Il connaitra le Salut par l'amour dont il est le destinataire en
goûtant aux joies du Royaume : l'amour infini d'un Père en communion
avec ceux qui l'ont rejoint.
Jésus nous invite à être de ceux qui ont des yeux pour voir les
merveilles de Dieu dans le monde et au cœur de chaque humain, pour voir
en celui que l'on croise son frère, les marques de l'amour d'un père
pour ses enfants. Jésus nous invite à être de ceux qui ont des oreilles
pour entendre, au-delà des bruits de notre société, le cri des affamés
de justice, le cri des croyants bafoués, le hurlement des souffrants de
la faim, de la solitude, de l'exclusion, d'être de ceux qui prient eux
et pour ceux qui agissent pour eux. Il nous invite à être de ceux qui
reçoivent parce qu'ils donnent, de ceux qui reconnaissent l’amour
agissant dans leur vie,, déjà tournés vers l'autre pour la rencontre et
le partage d’un amour gratuit.
Quand nous repoussons cette invitation en refusant de percevoir la
détresse gênante et les souffrances humaines, en niant le cri sincère
des affligés par peur de souffrir soi même. Quand nous sommes de ceux
qui ne bougent pas pour jouir d’un pouvoir ou conserver un acquis, nous
ne serrons jamais pleinement heureux. Un soir ou un matin dans la
solitude de notre chambre, de notre maison, de notre bureau, par le
manque de l’autre, de la rencontre et des échanges, la désespérance
apparait prémices d'une finitude noire et froide.
C'est dans la confiance en ce Dieu tendresse, à son Esprit d'amour, à
son Fils, Parole et Vérité, que nous devons entendre ces paraboles, des
paroles qui nous feront porter du fruit dans ce monde, au milieu de nos
frères, pour aider à la venue du Royaume d’amour. Amour qui nous sauve
de la mort éternelle en nous offrant la Vie, la vie divine, la Vie
Éternelle.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
12 juillet 2020
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